Les jeunes, qui représentent plus de la moitié de la population haïtienne, constituent un levier essentiel pour la mise en œuvre des Objectifs de développement durable. Pourtant, malgré leur poids démographique, ils demeurent largement exclus des processus décisionnels. Les obstacles politiques, économiques et sociaux auxquels ils font face limitent leur participation active à la gouvernance nationale et locale.
Ce rapport identifie les principaux freins à l’implication des jeunes dans la vie publique et propose des solutions adaptées, inspirées de modèles internationaux réussis, afin de promouvoir leur participation significative dans les instances de décision et de renforcer leur rôle dans le développement du pays.
1. Absence de politique publique structurée pour la jeunesse
Le MJSAC ne dispose pas d’un document de politique nationale claire pour la jeunesse.
Les mesures prévues par les politiques sociales ou éducatives existantes ne sont ni coordonnées ni appliquées.
2. Manque de formation civique et politique
Le système éducatif ne favorise pas la citoyenneté active.
Les jeunes ne comprennent pas les mécanismes de gouvernance et se désengagent du débat public.
3. Exclusion politique et clientélisme
Les élites verrouillent l’accès à la scène politique.
Les pratiques violentes et la corruption découragent la participation des jeunes.
4. Stagnation économique et marché du travail informel
Le chômage, la corruption et les discriminations réduisent l’autonomie financière des jeunes.
Les opportunités entrepreneuriales sont freinées par le manque de financement et de sécurité économique.
5. Manque de pertinence du système éducatif et crise d’identité culturelle
Absence de formation technique et professionnelle adaptée.
Déconnexion entre les valeurs locales et les modèles importés, alimentant une crise d’appartenance.
1. Participation politique
Note d’orientation du Programme Commun des Nations Unies : création d’instances consultatives nationales de la jeunesse et d’assemblées permanentes pour intégrer les jeunes dans les décisions publiques.
2. Insertion économique
YouthForesight (ONU) : guichet unique de ressources pour l’emploi et l’entrepreneuriat des jeunes.
Programme SESAME (Madagascar) : accompagnement académique, professionnel et personnel des jeunes défavorisés jusqu’à leur insertion durable.
3. Engagement social et civique
Clubs d’intégrité (RDC) : jeunes impliqués dans le suivi citoyen des projets éducatifs et communautaires.
Programme Itorero ry’Igihugu (Rwanda) : formation civique et culturelle pour renforcer la cohésion nationale et le sentiment d’appartenance.
Rio de Janeiro (Brésil) : le Pacte pour la Jeunesse a formé des jeunes à la citoyenneté et réduit leur vulnérabilité sociale.
Ghana : le Conseil des jeunes pour le climat a renforcé l’implication des jeunes dans les politiques environnementales.
Madagascar : 79 % des jeunes diplômés du programme SESAME ont trouvé un emploi.
RDC : 54 écoles secondaires ont intégré des protocoles de transparence grâce aux Clubs d’intégrité.
Rwanda : 27 % de la population a été formée par l’Itorero, favorisant discipline, unité et participation civique.
Élaborer une politique nationale de la jeunesse et créer un Conseil national consultatif des jeunes.
Intégrer l’éducation civique et culturelle dans les programmes scolaires et universitaires.
Mettre en place une plateforme YouthForesight-Haïti pour coordonner les actions de formation et d’emploi.
Adapter le programme SESAME en partenariat avec l’IECD et l’AFD pour soutenir les jeunes défavorisés.
Créer des clubs d’intégrité dans les écoles et universités, encadrés par le Cluster Éducation.
Soutenir le travail du BOJNUAH et de l’Observatoire de la Jeunesse Haïtienne (OJH) dans la promotion du leadership jeune.
Favoriser la coopération entre ministères, universités et collectivités locales pour renforcer la gouvernance participative.
L’implication des jeunes dans les processus décisionnels constitue un impératif pour construire une gouvernance inclusive et durable en Haïti. En s’inspirant des expériences du Rwanda, de Madagascar et du Brésil, le pays peut instaurer une participation effective de la jeunesse à tous les niveaux de la société.
Le succès de cette démarche dépendra d’une volonté politique affirmée, d’une coordination interinstitutionnelle solide et d’un investissement stratégique dans l’éducation, l’emploi et la citoyenneté.
N.B. : Ce rapport est rédigé par Arnaud COUTEY et révisé par Louvens SIMÉON, dans le cadre du Projet Tchala Devlopman porté par JobPaw.
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