Le tourisme, le grand espoir d’Haïtide Pierre Michelot Jean Claude| JobPaw.com

Le tourisme, le grand espoir d’Haïti


Engager Haïti dans la voie du progrès et du développement durable reste le défi majeur pour les différentes élites haïtiennes. Les voix ne cessent de s’élever pour rappeler à celles-ci la nécessité de valoriser et exploiter rationnellement les multiples ressources du pays, dont le gaspillage depuis déjà deux siècles constitue l’une des principales causes du criant état de sous-développement sous lequel ce peuple est recroquevillé. Dans le contexte actuel où la population haïtienne se trouve non loin d’un désastre à la fois politique, social, économique voire écologique, il est de plus en plus nécessaire d’inviter nos acteurs socio-économiques et politiques à orienter leurs actions vers le développement de notre capacité à nous prendre en charge grâce à la valorisation de notre patrimoine.
C’est dans ce cadre-là que s’inscrit la publication, au Canada (Editions Respublica, juillet 2015), du dernier ouvrage de Claude Junior Emile intitulé : Tourisme et développement durable. Vers la diversification de l’offre touristique sur la Côte des Arcadins. Haïti est, à tort ou à raison, encore classé l’unique PMA de la Caraïbe. Nul n’ignore pour autant que ce pays est gorgé de sites touristiques, de plages, de vestiges historiques et d’une diversité de ressources naturelles pouvant faire d’elle une excellente destination touristique. Claude Junior le montre très bien par son coup de projecteur sur la Côte des Arcadins.
Décrétée pôle touristique prioritaire dans le Plan Directeur Touristique de 2007, « la Côte des Arcadins détient un potentiel touristique incomparable qui malheureusement est sous exploitée», soutient Claude Junior à l’issue de ses deux ans de travail constitué des recherches empiriques, d’entrevues, de focus groupe sur cette région qui, à son avis, constitue l’un des meilleurs espaces côtiers du pays. La côte détient les meilleurs plages haïtiennes et près de cinq cent chambres d’hôtels, selon l’auteur. Ce dernier rappelle que la Côte des Arcadins « met en connexion les deux plus grands départements géographiques du pays qui à eux seuls logent plus de 60 pour cent de la population haïtienne. Ajouté à tout cela une quantité énorme de sites naturels et historiques dont des Forts, des grottes, des aqueducs et d’autres vestiges coloniaux d’une valeur patrimoniale inestimable. C’est pourquoi que j’ai choisis la côte comme cas spécifique d’étude», dévoile l’auteur.
Politologue, Emile Claude Junior a fait son entrée dans le champ du tourisme en tant qu’étudiant au département de Patrimoine et Tourisme à l’ISSERS – HIERA d’Université d’État d’Haïti (UEH) ; il n’a pas tardé à approfondir ses connaissances du domaine au programme de Maitrise en Histoire, Mémoire et Patrimoine l’UEH en partenariat avec l’Université Laval du Canada. C’est dans le souci de proposer des réflexions aux opérateurs et autorités touristiques du pays qu’il a produit cet ouvrage dans lequel il présente, de manière détaillée, l’état de l’offre touristique disponible sur la Côte des Arcadins ; laquelle offre va du tourisme balnéaire au tourisme estival en passant par le tourisme d’affaires ainsi que le tourisme de mémoire.
« C’est le grand espoir du tourisme qui fera lever des aubes nouvelles sur Haïti», a affirmé le Président Dumarsais Estimé en 1948, date à partir de laquelle, le tourisme haïtien a connu ses moments de gloire grâce à un ensemble de dispositions arrêtées par le gouvernement d’alors. « Les grands travaux entrepris sur le front de la mer par le visionnaire Estimé, qui avait compris que le tourisme, à ce moment-là, était le grand espoir d’Haïti, avait fait de cette dernière l’une des destinations touristiques les plus demandées de toute la Caraïbe», lit-on à la page 25 de Tourisme et Développement durable, ouvrage riche en informations sur l’histoire du tourisme, les notions fondamentales de l’économie du tourisme et l’état de l’offre de l’offre touristique mondiale, sans oublier bien sûr un accent particulier sur l’historique et la situation actuelle du tourisme haïtien.
Est-il nécessaire de rappeler que l’instauration du régime dictatorial des Duvalier a marqué le début du déclin de l’industrie touristique en Haïti ? D’ailleurs, en conséquence, « de 1990 à 2004, Haïti n’était même pas figurée parmi les dix premières destinations touristiques de la Caraïbe, fait remarquer le jeune chercheur. Au cours de ladite période, la performance haïtienne, en termes de revenus générés, n’a jamais atteint la barre de 60 millions de dollars américains annuellement. Alors que ce chiffre, pour la plupart des autres destinations caribéennes, représentent leurs rentrées mensuelles. De manière plus claire, vous devez comprendre que les revenus d’Haïti, au cours de ladite période, représentent seulement 0,3% pour toute la zone caribéenne », précise-t-il.
Et ce n’est que récemment, soit en 2011, que le Ministère du Tourisme et des Industries Créatives ait tenté d’œuvrer à la redynamisation de ce secteur, dont l’état de délabrement constitue un extraordinaire manque à gagner pour le trésor public haïtien. Cette volonté dudit Ministère de donner un nouveau souffle au tourisme haïtien a été l’une des sources de motivation de Claude Junior à publier les résultats de ses recherches. «Comme je l’ai souligné dans le livre, de nombreux efforts ont été déployés pour dynamiser le secteur, confie le chercheur. Franchement, ce nouveau regain de santé du secteur touristique haïtien me rappelle celui de la décennie 40 – 50 avec le président Léon Dumarsais Estimé qui avait abouti à une exposition universelle à Port-au-Prince. Parti de ce constat, j’ai compris qu’il fallait saisir ce momentum pour pousser les autorités touristiques à aller plus loin. Et aller plus loin pour moi signifie qu’il faut qu’elles empruntent le chemin de la diversification de l’offre touristique,» précise l’auteur.
À la lumière du Principe de responsabilité défendu par le philosophe Hans Jonas (1979), il convient encore de mettre l’accent sur le droit d’existence du à chaque citoyen de la planète, dont les Haïtiens. Les autorités haïtiennes ainsi que nos différentes élites ont pour obligation d’humaniser la terre haïtienne en le transformant en un espace vivable à la fois pour les présentes et futures générations. Dans, Tourisme et Développement durable, Claude Junior n’en dit pas le contraire. Il va d’ailleurs plus loin en affirmant que le développement du secteur touristique est indispensable pour ce processus de développement durable.
Se basant sur une panoplie de données statistiques fournis par différents organismes s’occupant du tourisme dans le monde (tels : OMT, Caribbean Tourism Organisation), l’auteur soutient que « le tourisme demeure l’une des véritables sources de la croissance économique et du développement durable.» Selon lui, le tourisme se trouve au carrefour où s’entrecroisent presque tous les secteurs économiques, dont les transports (terriens, aériens, maritimes), l’agriculture, artisanat, hôtellerie.
Aussi, ne fait-il « aucun doute que pour de nombreux dirigeants de la planète, le secteur touristique demeure le poumon économique de leur pays», soutient le chercheur à la page 21 de son rapport de recherche qu’il met à la disposition des opérateurs œuvrant dans le domaine du tourisme en Haïti. « Le dernier chapitre du livre offre aux autorités des perspectives assez intéressantes. Je les conseille de mettre en application les dites conclusions qui, à coup sûr, pourra conduire au développement du secteur.»


Pierre Michelot Jean Claude
Communicateur Social, journaliste
michelotjeanclaude@gmail.com

Rubrique: Culture
Auteur: Pierre Michelot Jean Claude | michelotjeanclaude@gmail.com
Date: 21 Aout 2015
Liste complète des mémoires et travaux de recherche