La dépréciation de la gourde Haïtienne : résultat de la mise en œuvre des politiques publiques fantaisistes et du fonctionnement de la justice des quatre (4) dernières années en Haïtide Université Russell-Kant (UR-K)| JobPaw.com

La dépréciation de la gourde Haïtienne : résultat de la mise en œuvre des politiques publiques fantaisistes et du fonctionnement de la justice des quatre (4) dernières années en Haïti


La dépréciation de la gourde Haïtienne : résultat de la mise en œuvre des politiques publiques fantaisistes et du fonctionnement de la justice des quatre (4) dernières années en Haïti

J’aime la loi du marché, car indépendante de la volonté humaine, son jugement est juste. Je l’aime encore plus, car elle revient toujours avec un principe naturel : on moissonne ce qu’on a semé. Tout ceci pour vous dire qu’Haïti est en train de couler sous le poids des résultats de la mise en œuvre des politiques publiques fantaisistes par les gouvernements haïtiens des quatre (4) dernières années (2011 – 2015). Le dernier exemple de l’amateurisme du gouvernement est l’impuissance des autorités centrales devant la dépréciation de la gourde Haïtienne par rapport au dollar Américain dès le premier trimestre 2015. En effet, au lendemain du tremblement de terre du 12 janvier 2010, le pays a entamé sa plus grande traversée du désert, discrètement. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, la solidarité internationale empêchait, même aux analystes économiques les plus avisés, de prévoir que plus rien ne sera comme avant pour Haïti. On ne pouvait pas non plus prévoir que le pays allait s’enfoncer dans une crise financière sans précédent pour finir par déboucher sur une crise monétaire dès la fin de 2014. Mais juste avant de rentrer dans le vif du sujet, permettez-moi d’abord d’établir la différence entre dépréciation et dévaluation d’une monnaie. Ensuite, je montrerai comment une dévaluation peut être considérée comme un outil de création de richesse, mais aussi comme une arme redoutable sur les marchés de change.Enfin, je tenterai de montrer, à l’aide d’un cas pratique, comment la justice haïtienne, par son mode de fonctionnement, entrave significativement l’investissement direct étranger et par conséquent a une grande part de responsabilité dans cette crise monétaire.
Dépréciation et dévaluation
Il existe une différence entre « dépréciation » et « dévaluation ». La première résulte de la loi de l'offre et de la demande. Ainsi, quand la demande n’est pas suffisante, on peut assister à une dépréciation de la monnaie locale. Dans le cas d’Haïti, la gourde n’est pas recherchée sur les marchés, car le pays n’a presque rien à vendre. A titre d’exemple, en 2013, selon « Perspective Monde de l’Université Sherbrooke », le secteur agricole a représenté 23% de la totale importation du pays. Alors que ce secteur ne représente que 4% de son exportation totale pour la même année. Cependant, sur cette même période, Haïti a eu des produits manufacturés pour 96% de son exportation totale. Dans ce cas, peut-être que vous allez rapidement penser que c’est une bonne chose pour le pays. Pourtant, ces exportations ne créent pas de la richesse pour la majorité de la population haïtienne, car il s’agit de la sous-traitance ! Alors retenez bien cette leçon : la sous-traitance ne peut en aucun cas, sortir un pays de sa pauvreté. Ces économies profitent uniquement à un petit groupe d’entrepreneurs nationaux. En regardant de plus près les chiffres globaux du commerce des marchandises du pays pour 2013, on voit que pour cette même période, Haïti a importé pour 3, 551, 166,000.00 US contre seulement 900, 000,500.00 US en exportation. D’où une balance commerciale négative.Voici une première explication à la dépréciation de la gourde Haïtienne. Toutefois, un Etat peut aussi laisser, de bonne foi, déprécier sa monnaie. Mais je n’ose pas croire que c’est le cas d’Haïti.
La seconde, à savoir ladévaluation, consiste pour un Etat à diminuer la valeur de sa monnaie nationale au profit d'une monnaie de référence ou d'un panier de monnaies. Mais il faut dire que ces décisions se prennent en général dans un régime de change fixe. Reste à savoir à quel régime économique appartient Haïti ! Car je ne suis pas en mesure de le dire. Et je prends la responsabilité de dire que ni le Ministre de l’Economie et des Finances, ni le Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti ne sait, de 2010 à juin 2015, à quel régime économique ou modèle, pour être moins embarrassant, appartient l’économie Haïtienne, telle qu’elle est en train de se dessiner sous nos yeux tous les jours.
Dévaluation comme création de richesse et comme arme redoutable
J’avais dit plus haut que la dévaluation peut être utilisée comme outil de création de richesse. Effectivement, la Chine le fait merveilleusement bien. Cependant, c’est un pays grand producteur. En effet, en 2014, le PIB de la Chine était de 10,355 milliards US, selon le Fonds Monétaire International (FMI). Dans un tel cas de figure, avec la dévaluation de sa monnaie, toutle monde peut acheter en Chine. Par la même occasion, ce pays devient le plus grand marché mondial, car il est totalement accessible aux petites bourses. Parallèlement, cette dévaluation est une arme car elle peut crever les économies des autres pays.Ainsi, on assiste aujourd’hui à une certaine peur mondiale de l’ampleur du géant asiatique. Je veux aussi ajouter que la dévaluation du Yuan (monnaie chinoise) est réalisée pour contrer les actions des fonds spéculatifs. En d’autres termes, la dévaluation de la monnaie pour un pays qui produit massivement est un moyen efficace pour doper son exportation.
Dans le cas d’Haïti, pourquoi la Banque de la République d’Haïti (Banque centrale Haïtienne) ne peut pas arrêter l’hémorragie de valeur monétaire haïtienne ? Je veux prendre le cas des personnes qui ont emprunté de l’argent à la banque en devise étrangère (dollar Américain). Les dépréciations de la gourde Haïtienne sont particulièrement en train d’être mal vécues par ces ménages, car ils doivent payer plus d’argent que prévu.
Je reviens à la Banque centrale haïtienne. Pour qu’elle puisse assurer la conversion d'une monnaie par rapport à une autre, elle doit disposer de réserves dites de change très élevées. Or la demande du dollar Américain est bien supérieure à celle de la demande de la gourde Haïtienne. Ainsi, les réserves en monnaie étrangère chutent rapidement et arrive l’incapacité de continuer la conversion de la devise. Mais je crois que le problème est encore pire, car je ne pense pas que la Banque Centrale dispose de moyens d'assurer la conversion de la monnaie nationale en monnaie étrangère. Il y a eu des soupçons de prêt de la Banque au Palais National. Si tel est le cas, d’ici la fin de l’année, il se peut bien qu’on utilise un chariot de gourdes Haïtiennes pour s’acheter un sachet de pains. Il reste à cette banque de tenter de rassurer la population haïtienne !
La justice haïtienne entrave l’investissement direct étranger
L’autre entrave à la relance économique haïtienne et qui est profondément responsable de la pauvreté dans laquelle vivote les haïtiens est la justice haïtienne, plus particulièrement son mode de fonctionnement.
Il est vrai que l’économie haïtienne est caractérisée par de maigres investissements étrangers. Mais cette situation n’est pas un hasard. En économie, il ne faut pas toujours penser que tout ce qui est bon est juste. Cependant, quand l’injustice règne en maitre sur un marché, l’économie ne pourra pas travailler à la reprise de la croissance et de la distribution des richesses créées.Or, la justice sociale est la seule garante pour le peuple de l’accès aux services sociaux de base.
Maintenant, posez-vous cette question : « quelle garantie faut-il à un investisseur avant d’injecter son argent dans une économie ? » La réponse est : « une garantie que son argent ne sera pas volé et que l’Etat du pays dans lequel il veut investir dispose de lois fiables et d’un système judiciaire qui inspire confiance ». Car l’économie est une affaire de confiance. Quand le Ministère public accepte à un procès des documents falsifiés et qu’il s’érige en intimidateur, comment attirer des investissements dans une situation pareille ? Cette justice est orientée vers la recherche de mobilisation de fonds des mains des justiciables et non vers la recherche de la vérité.
L’investisseur analyse toujours son environnement extérieur. Car c’est le facteur qu’il maitrise le moins.
Considérons la situation carcérale en Haïti. Quand un investisseur apprend qu’une prison qui a été construite pour 1,200 personnes, accueille 4,000 prisonniers. Et que de cette population carcérale, seulement 20% sont effectivement condamnés et purgent leur peine, il va se dire que c’est un pays ou le droit de personne n’est respectée. De plus, il va s’imaginer lui qui ne connaisse pas le pays, comment il va faire pour avoir une justice équitable s’il doit présenter devant un tribunal.
Si les libertés individuelles ne sont pas respectées, l’environnement ne sera pas propice aux investissements étrangers. Car n’importe qui peut trouver un avocat malintentionné qui est capable de corrompre le ministère public et le juge qui préside le dossier. A partir de ce moment, l’investisseur qui n’a pas de force de pression peut tout perdre. Quand des juges sont capables de faire au mépris de la loi, des arrestations fantaisistes et de compliquer une situation judiciaire simple, Haïti ne sera jamais « open for business ».
Le développement économique est étroitement lié à la justice sociale. Car après la création de richesse par l’agent économique, il se peut bien qu’un individu trouve un Substitut au Parquet d’une circonscription capable de décerner un mandat d’arrêt illégal afin de pouvoir par la suite confisquer l’avoir du propriétaire sans aucune forme de procès.Jean-Jacques Rousseau, dans la Nouvelle Héloïse, critiquait déjà l’injustice de sa société. Il parlait d’individus guidés par leur amour-propre. Et quand des personnes n’ayant aucune affection naturelle occupent des postes dans une chaine de justice, elles ne sont que des génératrices d’abus. Ces gens font fuir à toute vitesse des investisseurs étrangers.
En comparaison avec la République Dominicaine qui a reçu durant ces quatre dernières années, en moyenne annuelle un investissement direct étranger de 2 milliards de dollars Américains, Haïti, pour cette même période ne dépasse pas 200 millions de dollars Américains.
Il est un fait certain que la justice haïtienne creuse notre tombe. Pour répéter une jeune adolescente de 12 ans, « la justice d’un pays est un outil incontournable de son développement ». J’ajoute aussi que c’est un outil à double tranchant. Si cela continue, le pays deviendra invivable et les autres pays de la région se concerteront à mettre Haïti sous redressement.
Aujourd’hui, Haïti est dans un état de pourriture à tous les niveaux de la vie nationale. Le pays est aussi en passe de renouveler sa classe dirigeante. Et cette question revient : « Qui doit gouverner ? ».
TAVOILLOT (2011) nous invite à se demander est-ce un seul ou plusieurs ou tous qui doivent gouverner. C’est aussi le temps de sortir des réflexions sur la nature de la démocratie haïtienne. C’est le moment de se demander qui est le véritable peuple haïtien. « Se depi nan kalepwa, pou w konnen si vant ou applen ».
Rubrique: Economie
Auteur: Université Russell-Kant (UR-K) | jonasii2@hotmail.com
Date: 6 Juil 2015
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