Le chemin du savoir et de la richesse de l'espritde AURISTEL HYPPOLITE| JobPaw.com

Le chemin du savoir et de la richesse de l'esprit


Pour un enseignement capable de développer le sens critique des enfants.
La route du savoir doit être accessible à tous

Il n’y a rien de plus précieux que de savoir que quoi qu’il arrive la vie de nos enfants est assurée. Quelle paix intérieur de savoir qu’on a un gouvernement qui garantira le bien-être de nos enfants, aussi bien en matière de l’éducation, de la santé que du travail et des loisirs.

Pour tous ceux qui sont mus par une motivation civique, professionnelle, parentale, ou simplement humanitaire, c’est un grand souci d'aider l'école à résoudre sa noble et difficile tâche : dispenser un savoir rationnel et éduquer la génération montante. Un grand écrivain russe, Léon Tolstoï, ne se lassait pas de répéter : « Seul est vrai un enseignement dont les élèves sont contents ». Un enseignement dont les élèves sont contents est un enseignement capable de développer le sens critique des enfants, autrement dit, leur capacité de jugement.

L’enseignement rationnel doit inspirer aux enfants le mode de société qu’on veut bâtir. Les enfants deviendront les types d’hommes et de femmes qui ont été visés par l’enseignement qu’ils ont reçu. C’est pourquoi il est donc possible de comprendre le mode de fonctionnement d’une société en se référant au système d‘éducation qui s’y applique.

Depuis la fondation d’Haïti, il n’y a jamais eu un système d’éducation orienté vers le développement. Au cours des ans, le système éducatif haïtien a connu de nombreuses réformes. Mais les réformateurs haïtiens n’ont jamais pensé à doter le pays d’un système éducatif qui puisse permettre à nos enfants d’avoir à une meilleure compréhension et une meilleure connaissance des choses qui se trouvent dans leur environnement. Ils se contentent toujours de copier mécaniquement ce qui se fait ailleurs pour venir l’appliquer en Haïti, sans jamais penser à l’adapter aux réalités haïtiennes. On pourrait s’attendre à des changements au profit de matières nouvelles comme l'informatique, les fondements de la production, l'orientation professionnelle. Ces innovations seraient évidentes. Car les changements dans l’économie nationale devraient obliger l'enseignement haïtien à étudier plus en profondeur les assises scientifiques de la production moderne et les grands axes de son intensification. D’où l’importance de l’enseignement de l’informatique dès l’école primaire. Cependant, les réformes haïtiennes ont plutôt entrainé la perte des valeurs morales et citoyennes. Car comment justifier la suppression de l’enseignement du civisme à l’école primaire ? Comment expliquer qu’on veuille former des citoyens sans leur inculquer les valeurs morales, les normes sociales, ce qui conditionne le comportement citoyen ? Dès le plus jeune âge, un enfant devrait se sentir partie prenante des soucis de sa communauté. Mais pour ce faire, il a besoin d’être formé à cela. Car le plus précieux et le plus significatif, c'est le gain du poids moral qu'acquièrent les enfants en recevant une éducation consciencieuse.

Aujourd’hui, alors que la société haïtienne se trouve quasiment en déconfiture, chacun s’occupe de défendre son assiette ; même les plus avertis n’osent tirer la sonnette d’alarme. Pourtant c’est le moment de bouleverser les idées reçues sur les classes élémentaires et leurs besoins. Au lieu de continuer à faire du bourrage de crâne pour nos enfants, il vaut mieux accompagner l’enseignement classique d’autres choses permettant aux enfants de mieux s’épanouir. Il faut, par exemple, commencer à aménager des salles de jeux, des classes de musique et de danse, de théâtre, des ateliers d’arts plastiques, etc. Ceci va certes nécessiter des constructions nouvelles, mais le résultat sera là lorsque tout sera mis en œuvre pour chasser l'ennui et la contrainte des leçons et créer des conditions propices à favoriser une réflexion de l'enfant dans la joie et l'inspiration. Il importe donc de porter un regard neuf sur nos possibilités et d'en prendre conscience autrement.

L’enseignant a besoin d'un service de diagnostic où des psychologues, des enseignants, des sociologues hautement qualifiés soient à même de définir les raisons des difficultés auxquelles se heurte l'écolier au cours de ses études. Ainsi, ils pourront conseiller sur la façon la plus judicieuse de redresser la situation. Voilà qui s'inscrit dans la foulée de notre réforme : envisager cas par cas l'enseignement et l'éducation. La restructuration de l'école est indissociable de l'œuvre qu’il s’agit d’entreprendre en Haïti en vue d'assainir l'atmosphère morale dans la société et de bien asseoir le prestige d'un travail honnête et consciencieux. Cette logique de la vie est indispensable à l'école. Là encore, c'est le principe : « de chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail » qui doit agir. Nous voulons des enfants qui grandissent actifs, sachant travailler et réfléchir. L'opinion publique doit faire bloc pour riposter au conservatisme, qu'il soit interne ou extérieur à l'école. Car ce qu’il ne faut surtout pas perdre de vue, c'est que c’est derrière le pupitre que commence tout ce qui fait nos joies, nos bonheurs, mais aussi nos soucis, nos angoisses et nos peines.

Face à cette situation, il faut que des chercheurs, des psychologues, des pédagogues se lèvent, organisent des travaux et débats afin de surmonter le conservatisme ; tout débat sérieux donne lieu à une procédure préalable, en l'occurrence, l'organisation de notre travail.

La personnalité de l'homme et du citoyen se forme dans l'unité créatrice des efforts de l'école, de la famille et de la société. Dans un pays comme Haïti, où le tissu social est tellement déchiré, dans toutes les écoles, l'année scolaire devrait débuter par une Leçon de Paix. Nous apprenons ainsi, dès leur plus jeune âge, à nos enfants à être responsables des destinées de la planète. Et cette Leçon de Paix devrait être un rayon de lumière qui guide chaque écolier vers un monde plus juste. « L’enfant d’aujourd’hui, l’adulte de demain ».

Si on veut qu'un élève de première année primaire assimile comme il convient le savoir dispensé au cours d'une leçon, si on veut que l’enseignement ne lui soit pas un fardeau, qu'à mesure qu'il absorbera des connaissances nouvelles, il lui soit non pas plus pénible, mais plus aisé d'étudier. On doit se soucier que l'enfant apprenne à la fois à penser, à réfléchir et à chercher. On doit se soucier que l'enseignement ne soit pas circonscrit aux murs d'une classe, faute de quoi il cesse d'être une éducation de l'esprit pour devenir une transposition mécanique de faits et de vérités de la tête du maître à celles des enfants. Parallèlement à la classe, il doit y avoir, pour prendre une image, un champ de travail intelligent, inspiré par la pensée. Ce champ peut être infime. Nul besoin de grandes parcelles. Cela peut-être, si on le désire, une petite boîte remplie de terre. L'essentiel est que l'enfant voie, observe et œuvre tout à la fois. Là où ces trois éléments sont réunis, la pensée est vivante et féconde l'esprit. « Voir, observer puis œuvrer ».

Il existe une kyrielle d’écoles en Haïti où le seul objectif de l'enseignement consiste à dispenser aux élèves un certain volume de connaissances, à leur faire assimiler telles et telles choses, en un mot, à solliciter leur mémoire, pour qu'ils soient prêts à répondre, mais surtout à réussir les examens. Ce faisant, on restreint les objectifs de l'enseignement, et cela génère précisément les difficultés, suscitant la lassitude et expliquant pourquoi les écoliers perdent soudain tout intérêt pour les études.

Enseigner à un petit enfant est chose infiniment subtile et complexe. Se soucier que l'élève assimile un certain bagage de connaissances n'en est qu'un aspect. Encore faut-il, et la tâche est peut-être plus importante, que parallèlement à l'assimilation des connaissances s’épanouisse l'esprit, en un mot « que l'enfant gagne en intelligence et se développe ». L’Enseignement et l’Education de l'intelligence ne doivent faire qu'un : voilà la clé de voûte.

L'enseignement idéal doit faire en sorte qu'à mesure qu'il assimile des connaissances nouvelles, l'enfant ait de plus en plus de facilité à étudier, et non le contraire.
Nous touchons ici du doigt ce qu'il y a de plus fragile : la mémoire de l'enfant. L'éducation de l'intellect commence par épargner la mémoire de l'enfant, qu'il faut former et consolider. Lorsqu'un maître se contente d'exploiter la mémoire de l'enfant, qu'il surcharge sans se soucier de développer l'intellect, c'est un phénomène tout à fait intolérable qui témoigne d'un bien piètre niveau pédagogique. Le gage de l'éducation de l'intellect et de la mémoire tient au fait que la pensée de l'enfant se manifeste dans un rapport actif au monde environnant.

L’éducation est l’investissement le plus précieux et le plus sûr. Elle élève chaque individu à la dignité de son être. Mais pour que cela devienne une réalité, il faut bien que cette éducation corresponde aux réalités locales. Par exemple, dans un pays comme Haïti où la grande majorité de la population est pauvre, ce n’est pas une évidence qu’un enfant qui débute ses études puissent aller jusqu’à l’université. Dans ce cas, si on veut vraiment travailler au développement de cette société, il faut bien que parallèlement aux études classiques on développe la formation professionnelle, afin de permettre à des jeunes ne pouvant pas terminer leurs études d’apprendre un métier.

Enfin, si on veut vraiment que notre pays cesse de se mettre à genoux devant les grandes puissances, si on veut progresser, il faut inscrire notre système éducatif dans un vrai projet de société. C’est cela notre vision.


Auristel HYPPOLITE
Psychosociologue/Criminologue


Rubrique: Education
Auteur: AURISTEL HYPPOLITE | hauristel@yahoo.fr
Date: 18 Aout 2014
Liste complète des mémoires et travaux de recherche