Comment peux-tu, en tant qu’étudiant, contribuer à améliorer le fonctionnement de l'INAGHEI (Institut National d'Administration de Gestion et des Hautes Etudes Internationales) ? de Jean Pierre Sanon| JobPaw.com

Comment peux-tu, en tant qu’étudiant, contribuer à améliorer le fonctionnement de l'INAGHEI (Institut National d'Administration de Gestion et des Hautes Etudes Internationales) ?


"Acta, non verba" / "Des actes, non des paroles."
< Les étudiants ne se distinguent pas !? > <Étudiants ou agitateurs ?>; voila deux titres de deux journaux haïtiens qui avaient choqué une grande partie de la communauté de l’UEH au début de l’année 2009. Quoique sévère, il se voulait critiquer le comportement de certains étudiants de l’ENS qui avait une cause juste mais qui utilisaient une mauvaise formule pour la défendre (la violence). Etre étudiant n’est ce pas tout un état d’être, de penser, de concevoir et de vivre ? Comment ne pas se rappeler de la déclaration de l’un de nos professeurs d’alors qui disait de l’Ecole Normale Supérieure qu’elle est anormale, sans laisser présager un zeste d’appartenance, comme si les problèmes de l’école ne le concernaient même de loin. Du coté des étudiants, n’est ce pas presque sur tous les lèvres des étudiants qu’on déniche le discours du ‘’sauve qui peut’’, du ‘’je m’en foutisme’’? De cette étudiante qui déclare « mwen menm se katran m nan m’vin jere. M’pa konn afè moun » à cet étudiant qui eut à dire sans gêne « depi’m ta fini la m’tonbe nan yon bwat leta, se souse m’ap souse l... ! » Mais les 22,000 gourdes environ dépensées chaque année par l’Etat pour financer leur étude ne méritent elles pas une meilleure considération ? Où est passé le sens du civisme? Mais devait-on s’attendre à mieux? Les institutions ne fonctionnent elles pas à l’image du pays ? Mais n’est ce pas aussi l’une des attributions de l’université de changer l’image du pays ? Un pays qui, pour répéter Pierre Buteau, ne produit plus aucun sens. Mais que faire ? Etant actuellement, étudiant à la fois en niveau 2 à la FASCH et étudiant finissant à l’INAGHEI, nous décidons d’accentuer beaucoup plus l’analyse sur l’INAGHEI car son mauvais fonctionnement est plus paradoxal, d’autant qu’elle est une école d’administration et de gestion qui elle-même est mal administrée et mal gérée. Améliorer le fonctionnement de l’UEH et spécialement de l’INAGHEI est un grand défi. Une telle tentative devra suivre une méthode ; cela nous renvoie à une idée de l’ouvrage ‘’la formation de l’esprit scientifique’’ de Gaston Bachelard qui stipule que : . Pour ainsi faire notre démarche sera la suivante : présenter l’institution (y compris poser les problèmes) ; et définir des stratégies pour améliorer son fonctionnement (performance académique, relation étudiants/professeurs/ direction) et son aspect physique. Et c’est à partir de là qu’elle pourra prétendre à l’une de ses plus nobles attributions qui est celle d’aider le pays à mieux fonctionner.
Si dans d’autres pays l’enseignement supérieur date de plusieurs siècles, en Haïti on a dû attendre jusqu’à la fin du XIXème siècle pour avoir une véritable université : l’UEH. En effet, il a fallu attendre l’année 1860 pour voir l’inauguration du premier véritable établissement public d’enseignement supérieur : l’Ecole de Droit, inaugurée par Elie DUBOIS au mois d’avril.
En guise de présentation, disons que L’INAGHEI (1973) fait partie des derniers nés de l’UEH à coté de la FLA (1978) ou l’HIERAH(1980). Son adresse actuelle géographique est : 135 avenue Christophe, Port-au-Prince. créée en avril 1973 l’INAGHEI (Institut National d’Administration de Gestion et des Hautes Etudes Internationales avait comme mission première de former des cadres administratifs pour les secteurs publics et privé, pour concevoir des programmes de mise à niveau ou de formation en cours d’emploi et pour le développement de la recherche en administration publique, dans les sciences comptables et la gestion des entreprise.> (source : www.edu.ht).
L’INAGHEI comporte de nos jours un programme de licence en Gestion des affaires, en Administration, en sciences comptables et en sciences politiques ; et un programme de DSC en semi privé (diplôme en sciences comptables). Pour la partie licence l’INAGHEI comme les autres entités de l’UEH recrute chaque année une nouvelle promotion sur concours. Ainsi chaque année 2 à 3 mille bacheliers se bousculent pour seulement environ 300 places. L’étude s’échelonne donc sur 4 ans : année préparatoire, niveau 1, niveau 2 et niveau 3.
Le mal fonctionnement de l’UEH, et en ce qui nous concerne de l’INAGHEI, est palpable. Etudiants, professeurs, personnels administratifs et même des observateurs externes s’en rendent compte mais rien n’a pratiquement été fait. On ne fait que se plaindre. Bizarrement, l’INAGHEI, une école d’administration passe globalement outre des phases du management. En témoigne les inscriptions toujours renvoyées ; des résultats donnés en retard ; de ces élections qui tardent à se réaliser pour renouveler le personnel administratif, avons-nous aussi une loi électorale qui tarde l’échéance ? ces étudiants qui font un relevé de notes et constates plusieurs notes manquantes alors qu’ils ont la preuve d’avoir réussi ces cours. Et ces examens perturbés l’an passé par des étudiants sans que l’administration n’en prenne une sanction ? Est ce ainsi qu’on dirige ? En témoigne aussi les séquelles de crises internes qui rongent l’institution depuis plus d’un an. Ajoutons que certains étudiants ignorent même la composition de l’organigramme de l’institution. S’il fallait effleurer le rapport étudiants/professeurs, disons que ce rapport n’est pas celui qu’il devrait être, c'est-à-dire très amical voire paternel.
L’aspect physique de L’institution est très critique voire lamentable. Les cours se font dans des shelters mal foutus qui offrent un spectacle de misère ou d’anciens bâtiments frappés par le séisme. Des bâtiments qui rappellent le séisme du 12 janvier ; de tels psychoses sont elles propice à une quelconque transmission de savoir ? Un soi-disant parking inventé au beau milieu de la cour avec une capacité d’accueil de moins de 5 voitures crée un embouteillage devant la barrière quand plusieurs cours se relâchent en même temps. Bibliothèque et cafétéria comment ne pas mentionner ces deux mots ? La bibliothèque de l’INAGHEI manque d’ouvrages récents. Ce sont pour la plupart d’anciens ouvrages d’université canadienne donné à Haïti. Comme si la science était figée et qu’elle ne se contredisait pas d’année en année. Ca me fait penser à un de mes amis étudiants qui disait sur un ton humoristique que dans certains de ces ouvrages Jacques Chirac ou Georges W. Bush sont toujours présidents et la chine est toujours un PMA. Que dire aussi de ces professeurs qui donnent une bibliographie sélective d’ouvrages qu’on ne trouve pas dans les meilleures librairies ? Quant au problème de cafeteria ; c’est très gênant, rien qu’à y penser. C’est très fréquent de voir un étudiant laisser un cours en marmonnant qu’il rentre chez lui car il a faim; le repas des étudiants se limite en grande partie à des fritures, des bonbons, de la farine sous toutes ses formes en période de cours. L’accès à la nourriture n’est ce pas un besoin de premier ordre ? Serai- ce un luxe ?
Les problèmes sont nombreux, les 4 pages de notre essai n’aurait pas suffit pour les énumérer seulement. Mais le plus important est de se demander que faire ? « Acta, non verba » (des actes, non des paroles) disaient les romains. Il est donc urgent d’agir. La marge de manœuvre des étudiants est certes faible car les choix et décisions relèvent en gros de l’administration mais en tant qu’étudiant, on peut proposer des solutions pour tenter d’influencer le fonctionnement de l’institution.
En ce qui attrait à la faillite de l’institution en termes de gouvernance il est question du non légitimité des dirigeants car ils sont là par intérim. Il serait donc urgent de mettre des personnes légitimes c'est-à-dire soumis à un vote à la tête de l’institution dans les postes de décisions. Et ce serait mieux à ce que ces personnes soient bien imbues des problèmes de l’institution et très proches des étudiants : des professeurs par exemple. Ces nouveaux dirigeants auraient comme objectif la mobilisation des étudiants/professeurs/personnels administratifs autour d’un nouveau projet d’institution pour constituer un lien et une fierté d’appartenir à l’INAGHEI.
Que dire de l’amélioration de la performance académique des étudiants ? Les étudiants ne sont plus motivés. Pourquoi ne pas développer des partenariats avec des organisations et d’entreprises pour trouver des stages pour les meilleurs étudiants de niveau 1 et 2 pendant les vacances et des opportunités d’emploi pour les meilleurs étudiants finissants ? Pourquoi ne pas financer la préparation de mémoire des étudiants avec une moyenne supérieure à 75% ? (Cette liste de motivations possibles est loin d’être exhaustive)
Quant à l’amélioration de la relation entre professeurs et étudiants elle est complexe et semble avoir comme cause le sentiment de non appartenance des professeurs à l’institution car ils ne sont, pour la plupart, pas des professeurs à plein temps. Ils sont appelés par certains à juste titre des . Comme ce professeur qui arrive régulièrement en retard avec comme argument : « difficile de décliner l’invitation d’un ministre> » et nous alors ? que dira le ministre pour le nombre de crédits ne répondant pas au standard international qu’on aura pour ce cours ? Les professeurs ne développent donc aucune véritable relation avec les étudiants en dehors de la salle de cours. Ce problème relève en grande partie du faible budget de l’institution. On ne saurait demander à un détenteur de maitrise ou un docteur de se contenter de 35 ou de 40 000 gourdes que lui donne l’institution chaque mois. A ce problème il y a de solution principale l’augmentation du salaire des professeurs pour qu’il puisse avoir le statut de professeur à plein temps. Il est donc légitime de se demander comment, puisque la part du budget alloué à l’éducation dépasse rarement 2% ?
Mais n’est-il inconcevable qu’une école d’administration où on prône l’esprit d’initiative ne peut concevoir une façon de générer des fonds ? Pourquoi ne pas demander à plusieurs groupe d’étudiants finissants d’élaborer des projets que superviseront et évalueront des professeurs et ensuite solliciter le financement des institutions comme Entrepreneur du Monde, la BM ou autres institutions internationales qui œuvrent dans le financement des PME pour financer ces dits projets ? Elles en seraient peut être ravies de participer à la cause universitaire en Haïti. Ces PME seraient gérées par des anciens étudiants de l’INAGHEI avec comme condition le partage à part égale des actifs de ces PME entre l’INAGHEI et ces étudiants. En effet l’INAGHEI aurait 50% du bénéfice net de l’institution chaque mois pour financer ses pour payer des professeurs à plein temps… (D’autres stratégies sont envisageables)

«L’université comme partout ailleurs, doit jouer son rôle, en fournissant à la société haïtienne des pistes de solutions à des problèmes conjoncturels et structurels, auxquels elle fait face, pour ainsi participer à son plein épanouissement. Elle doit travailler de concert avec l'administration publique, parce qu'en définitive, le bonheur d'Haïti nous concerne tous. » Telles ont été les propos de conclusion tenus par le premier ministre Laurent S. Lamothe récemment lors du lancement du concours devant permettre de recruter 10 stagiaires de différents horizons académiques de l’INAGHEI. Nous sommes bien conscients que toute université digne de ce nom et notamment une école de gestion comme l’INAGHEI a sa partition à jouer dans la gestion de la chose publique. Pas seulement un simple spectateur qui se plaint comme tout le monde alors que la faillite du pays est à la fois cause et conséquence de sa faillite. Mais nous ne parlons pas de l’INAGHEI ou de l’UEH telle que nous la connaissons aujourd’hui. Il faut la repenser, la structurer. Et en tant qu’étudiants nous devrons nous investir non pas en faisant des manifestations confuses avec des objectifs non définis, indignes de notre statut mais en posant les problèmes de l’UEH donc de l’INAGHEI à travers des manifestations pacifiques, des grèves, des débats hebdomadaires, des pétitions… Et à court terme, en ce qui attrait spécifiquement à l’INAGHEI, il faut surtout penser à un corps administratif légitime et représentatif car les choix sont avant tout d’ordre administratif, ensuite faire en sorte qu’une quantité significative des professeurs aient un statut à plein temps pour améliorer le rapport des professeurs d’avec l’institution et surtout avec les étudiants, récompenser publiquement les meilleurs étudiants pour stimuler l’esprit de compétition utile à l’amélioration académique de l’INAGHEI, avoir une bibliothèque plus riche avec des ouvrages plus récents, une cafétéria qui fonctionne ; penser à transformer l’espace physique de l’institution pour le rendre plus propice à l’enseignement ou s’il le faut changer de local ; trouver des stratégies pour que l’institution puisse générer des fonds pour son fonctionnement à cote de ce que lui donne l’Etat qui selon toute vraisemblance n’est pas prêt à augmenter le budget de l’UEH… En fait, il est urgent de nous structurer car de plus en plus nous passons outre de notre mission qui est celle d’aider le pays à se relever, « sinon, le pays sera le grand perdant ! », pour répéter une formule du vice recteur aux affaires académiques de l’UEH, le professeur Fritz Deshommes.

Rubrique: Education
Auteur: Jean Pierre Sanon | michelsonsanon@yahoo.com
Date: 29 Nov 2013
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