Faciliter la réussite du CAP en mécanique d’entretien industrielde Ronald Estrade| JobPaw.com

Faciliter la réussite du CAP en mécanique d’entretien industriel


Le programme de mécanique d’entretien industriel a vu le jour grâce à la collaboration des milieux de travail et de l’éducation du Québec. Toutefois, certains aspects du programme nécessitent l’aide de tout un chacun pour faciliter sa réussite et parer à la faiblesse de notre système de formation professionnelle.
Pour un novice l’entraide haïtienne est un casse-tête. D’un côté les besoins sont grands, de l’autre l’envie d’aider est criant. Il devrait donc être aisé d’arrimer les deux ensemble. Mais le cauchemar de tout citoyen est de constater qu’aider en Haïti n’est pas une tâche facile que ce soit bénévolement ou professionnellement. À travers Fetpaw [1], j’ai expérimenté avec des fonctionnaires et des clients potentiels, des cauchemars dignes des meilleurs films d’horreur d’Hollywood. De fait, il y a un climat de méfiance qui bloque la collaboration de plusieurs citoyens pour la progression de leur pays. Comme j’évolue dans le secteur de la formation professionnelle, je vais explorer quelques détails du nouveau programme de CAP en mécanique d’entretien industriel. Le but étant de comprendre la situation problématique pour mieux collaborer en vue de la réussite du CAP.

Dans le but de clarifier certains détails, nous allons remonter à la genèse du projet. Le Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP) est apparu dans le décor haïtien dans l’organigramme du Système Éducatif Haïtien de novembre 2003 proposé par l’Institut National de Formation Professionnelle (INFP) [2]. Il peut être suivi après le 3ème cycle du Fondamental (14-15 ans) et couvre une période de 900 heures ou 1 an. Suite à cette certification, l’élève peut soit aller sur le marché du travail ou soit poursuivre au Brevet d’Études Professionnelles (BEP) qui offre un champ d’expertise plus large.

Ce certificat à l’origine est un diplôme français d’études secondaires et d’enseignement professionnel [4] pour une qualification d’ouvrier dans un métier déterminé. Dans le milieu français, cette formation se déroule généralement sur deux ans en alternance travail-études (12 à 16 semaines obligatoire en milieu professionnel) [ArticlesD337-1 et suivants du code de l’éducation français]. En Haïti, le programme de mécanique d’entretien industriel a nécessité la collaboration des milieux de travail et de l’éducation du Québec [Site INFP]. Son but est de maximiser l’employabilité des finissants, augmenter la participation des femmes, adopter des pratiques respectant l’environnement et faciliter l’inclusion des handicapés et des personnes souffrant du VIH/SIDA.

Étant défini par compétences puis découpé en 8 modules, le programme de 900 heures est conçu selon une approche globale incluant le besoin de formation de la clientèle et les nécessités du milieu de travail. Comme les autres programmes de la formation professionnelle du Québec, il comprend une partie d’intérêt général (vue d’ensemble) et une partie décrivant les objectifs de chacun des modules.

Voici la liste des modules du programme :
1- Métier et formation
2- Dessin d’un croquis et lecture de plans
3- Coupage et soudage
4- Travaux simples d’usinage en mécanique générale
5- Maintenance mécanique d’équipement industriel
6- Maintenance électrique d’équipement industriel
7- Maintenance de circuits électropneumatiques et électro-hydrauliques
8- Dépannage d’équipement industriel.

Ces modules sont pratiquement les mêmes que certains des modules du programme d’électromécanique de systèmes automatisés du Québec. Comme je me suis spécialisé dans l’enseignement de ce programme de 1800h de formation, je peux apprécier le choix des modules du CAP en mécanique d’entretien industriel. Toutefois, certains aspects du programme court m’inquiètent et je voudrais solliciter l’aide de tout un chacun pour la réussite du CAP.

Voici quelques éléments d’inquiétude qui peuvent entraver la réussite du CAP en mécanique d’entretien industriel :
Le premier concerne la compétence des formateurs. Ces derniers viennent généralement de l’ancien programme de mécanique d’ajustage (Technique d’usinage) et l’aspect électromécanique du nouveau programme n’est pas facilement assimilable;

Le second élément concerne les pré-requis des modules ayant un grand contenu électrique, électropneumatique et électro-hydraulique. L’enseignement de ces modules demande une progression venant d’autres modules, allant de la vérification d’un circuit électrique à la pneumatique et à l’hydraulique de base;

Le troisième concerne le matériel didactique et pédagogique. Comme le budget de support pour la formation professionnelle est souvent maigre, les centres sont souvent sous-équipés et le prix exorbitant des livres techniques ne facilite pas leur acquisition.

Le quatrième concerne l’encadrement lors des stages et durant l’intégration des élèves en milieu de travail. De part la nouveauté du programme, un suivi serré est nécessaire pour faciliter l’ouvrage des maîtres de stage et de ceux qui accueilleront les nouveaux finissants.

Le grand public et les spécialistes du milieu doivent donc collaborer pour la réussite du programme. Le premier élément d’aide serait le jumelage des formateurs de ce programme court avec d’autres enseignants de la formation professionnelle ou des consultants expérimentés. Le second serait la conception de livres techniques adaptés à la réalité haïtienne permettant de couvrir le module de 165 heures de «Maintenance d’équipement industriel». Il faudrait également mettre en place un système pour en faciliter la diffusion auprès des formateurs et s'assurer que les élèves puissent se les procurer à un coût modique. Ensuite, il faudrait encadrer les centres offrant ce programme. Cet encadrement comprendrait également des outils pour superviser les stages en entreprise.

Dans une entrevue accordée au journaliste Frantz Duval du Nouvelliste, Grégory Mevs du Conseil consultatif présidentiel sur le développement économique et l’Investissement a eu entre autre à déclarer :

«Le véritable problème se situe au niveau du manque de compétitivité de notre économie …… Le coût de l’électricité, le coût du transport et la faiblesse du système de formation professionnelle (trois fois plus de temps à former un ouvrier haïtien qu’un Dominicain ou Guatémaltèque)»

Pour régler ce problème et particulièrement renforcer la formation professionnelle en Haïti, il faut du courage. Mais cela ne se fera pas sans un véritable changement au niveau du système éducatif. Le changement souhaité ne peut venir qu’avec la collaboration des fils du pays (ceux de l’intérieur et de l’extérieur). Si nous continuons à ne penser qu’à notre seule petite personne, nous sortirons de la perle des Antilles pour devenir les damnés des Antilles. Le mécanicien d’entretien industriel doit assurer la maintenance des équipements, l’installation du matériel de productions traditionnelles ou automatisés. Il est vital pour la progression de notre pays que ce métier soit encouragé et valorisé.

Bibliographie

1- Fetpaw: https://www.facebook.com/Fetpaw

2- INFP: http://www.afriquemplois.net/yonpow/index.php/component/content/

3- Le Nouvelliste: http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=117888

4- Wikipédia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Certificat_d'aptitude_professionnelle









Rubrique: Education
Auteur: Ronald Estrade | restrade@hotmail.com
Date: 26 Juin 2013
Liste complète des mémoires et travaux de recherche