Interconnexion des reseaux de Telecommunicationsde PROMOTIC| JobPaw.com

Interconnexion des reseaux de Telecommunications


Pourquoi l’interconnexion des réseaux de télécommunications?
L’objectif premier des systèmes de télécommunication établis est de permettre à tous de communiquer sans discrimination. Cet objectif répond aux vœux de l’accès et du service universels prônés par l’Union Internationale des Télécommunications (UIT). Les réseaux de télécommunications locaux n’offrent pas une grande couverture, mais arrivent quand même à permettre aux gens de l’Orient de communiquer avec ceux de l’Occident grâce à l’interconnexion des réseaux de télécommunications. C’est quoi l’interconnexion ? Pourquoi l’interconnexion des réseaux des télécommunications ? Quels sont les enjeux de l’interconnexion ?

Définitions
Interconnexion : liaison physique et logique des réseaux de communications électroniques publics utilisés par la même entreprise ou entre plusieurs entreprises différentes, afin de permettre aux utilisateurs finals d’une entreprise de communiquer avec les utilisateurs de la même entreprise ou d’une autre, ou bien d’accéder aux services fournis par une autre entreprise1.
Autres définitions
• L’interconnexion est l’échange de trafic (voix, sms, national et international) entre les réseaux de deux opérateurs, afin d’acheminer les appels entre les abonnés de ces réseaux, dans les deux sens2.
• L’interconnexion est la mise en place d’installations physiques permettant à deux opérateurs de communiquer entre eux et au-delà de leurs réseaux respectifs.
Dans les situations de monopole où il existait seulement l’opérateur national ou historique, l’interconnexion existait seulement entre les operateurs internationaux au niveau de la passerelle internationale pour la terminaison du trafic téléphonique international entre les deux pays dans les deux sens. La libéralisation du secteur qui permet l’entrée d’autres operateurs sur le marché a ouvert la voie à l’interconnexion au niveau national entre les compagnies opérant dans un même pays.
Operateurs : Ce sont des compagnies de télécommunications qui fournissent des services aux utilisateurs finals. Ils sont Voila, Haitel, Digicel. Teleco étant l’operateur historique par ce qu’il est le premier operateur établi en Haïti.
Transporteurs : Ce sont des compagnies qui s’occupent de l’interconnexion des autres compagnies pour la terminaison des communications téléphoniques, notamment le trafic téléphonique international. Ils sont Sprint, MCI, AT&T, Teleglobe. Certains d’entre eux sont à la fois operateurs et transporteurs.
Régulateurs : Ce sont les agences de l’Etat chargées de la régulation du secteur des télécommunications. Il existe presqu’un régulateur par état dans le monde. On peut compter CONATEL (Haiti), INDOTEL (République Dominicaine), FCC (Etats unis d’Amérique). Le régulateur mondial des télécommunications est l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), une agence spécialisée de l’ONU.
Equipementiers : Ce sont les constructeurs d’équipements et de matériels de télécommunications. Ils sont Motorola, Nokia, Nortel, Alcatel, etc.
Il existe deux types d’interconnexion : Interconnexion directe et interconnexion indirecte
Interconnexion directe : L'interconnexion directe ou Service de Terminaison d'appel, consiste, pour un abonné d’un operateur A, à terminer un appel vers un abonné d’un operateur B. L'appel est acheminé par l’operateur A jusqu'au point d'interconnexion ; il est ensuite pris en charge par L’operateur B sur son réseau à partir du Point d'interconnexion jusqu'au poste de cet abonné et ceci réciproquement entre les compagnies3.
Interconnexion indirecte : L'interconnexion indirecte ou service de collecte d'appel consiste, pour un opérateur B, à collecter un appel d'un abonné de l’operateur A qui utilise un préfixe pour sélectionner cet opérateur. L'appel est pris en charge par l’operateur A depuis le poste de l'abonné jusqu’au point d'interconnexion, puis par l'opérateur nouvel entrant à partir de ce point3.
Comment se fait l’interconnexion ?
Dans l’interconnexion de deux réseaux de télécommunications, ce sont les commutateurs ( switch) des deux compagnies concernées qui sont reliés soit par du câble ou des faisceaux hertziens ou par satellite. En effet, ce sont les commutateurs qui sont chargés de la gestion des appels au niveau du réseau, donc c’est à eux qu’il revient de déterminer selon la programmation si un appel est interne au réseau ou doit être envoyé à l’autre compagnie interconnectée via la liaison d’interconnexion. Il ne serait pas du tout logique d’interconnecter deux opérateurs au niveau de la transmission. Dans ce cas, on devrait chercher à interconnecter tous les sites. De plus, l’intelligence du réseau qui gère toutes les transactions du réseau ne réside pas dans la transmission, mais dans la commutation.
Le processus est comme suit : Un appel initié de A vers B est acheminé de la manière suivante:
Le commutateur du réseau analyse le numéro de téléphone du destinataire et se rend compte que l’appel est destiné à un client de B, Il le transfère vers le groupe de circuits menant vers B. Lorsque l’appel atteint B, ce dernier l’achemine vers son abonné.
Accès et service universels : Deux concepts forts
Accès universel : On entend habituellement par accès universel la possibilité pour chacun d’avoir accès à des installations et services de communication mis à la disposition du public. En règle générale, cet accès est assuré par les publiphones, les télécentres communautaires et les terminaux communautaires d’accès à l’Internet.
Service universel : Les politiques de service universel ont généralement pour but de promouvoir ou de maintenir la connectivité universelle de tous les foyers aux installations et services de réseau public, à des prix abordables.
L’un ou l’autre ou les deux à la fois
Même si les politiques de service universel et les politiques d’accès universel peuvent différer, les deux concepts sont étroitement liés et les deux termes sont quelquefois utilisés de manière interchangeable4.
Justification de l’interconnexion
L’interconnexion des réseaux de télécommunications se trouve justifiée d’abord pour permettre aux abonnés d’un operateur A d’établir une communication avec ceux de l’operateur B. Viennent ensuite d’autres arguments comme la couverture locale, limitée, nationale d’une compagnie, l’économie des réseaux de télécommunications, obligation réglementaire, etc. Une compagnie donnée ne peut pas offrir une couverture nationale ou régionale (quelques pays) ou mondiale est obligée de s’interconnecter avec d’autres pour éviter l’isolement de ses abonnés qui ne pourraient pas communiquer avec ceux des autres operateurs sur le marché. A l’heure actuelle, quel pays peut accepter qu’une compagnie refuse de s’interconnecter aux autres au regard des vœux de l’accès et du service universels ?
Les régulateurs mondiaux encouragent les operateurs hésitants à entreprendre des démarches pour s’interconnecter des leur entrée sur le marché avec les operateurs existants.
Les nouveaux entrants sur un marché doivent cherche r d’abord à s’interconnecter avec l’opérateur historique, avec le réseau téléphonique public commuté (RTPC). Dans notre cas, il s’agit de la Teleco.
En plus d’éviter l’isolement de ses abonnés, un operateur donné doit s’interconnecter pour la desserte d’autres utilisateurs à l’échelle nationale et mondiale. L’interconnexion génère un revenu non négligeable dépendamment de la situation. En d’autres termes, l’operateur B gagne des revenus des abonnés de l’operateur A, et vice versa.
Si une compagnie refuserait de s’interconnecter avec d’autres, elle se verrait perdre au fur et à mesure sa clientèle malgré sa force sur le marché.
Les différents Aspects de l’interconnexion
Aspects Réglementaires
Dans les aspects réglementaires, on traite surtout les questions relatives à la régulation des télécommunications, aux clauses juridiques et aux recours possibles au cas où l’une des parties ne respecte pas ses engagements.
Aspects Commerciaux
Les aspects commerciaux traitent de l’acquisition des équipements et du tarif d’interconnexion. Le tarif d’interconnexion est le montant par minute que la compagnie A doit verser à la compagnie B pour les appels envoyés. La compagnie B doit faire autant pour les appels envoyés vers A.
Pourquoi payer ?
Puisque la compagnie B termine les appels initiés du réseau A, ce dernier doit partager les revenus issus de ces appels. Les équipements du réseau B sont utilisés, donc ce dernier doit être compensé, et vice versa. Si le réseau A envoie 2 millions de minutes par mois vers B, et le réseau A reçoit 1 million de minutes par mois de B. Le tarif d’interconnexion conclu étant 1 gde/minute. Le réseau A doit 2 millions de gourdes au réseau B, et le réseau B doit 1 million de gourdes au réseau A. En général, la différence, soit 1 million de gourdes, est payée au réseau B. Ce règlement n’est pas toujours facile puisque les compagnies ne mesurent pas toujours le même nombre de minutes. La mesure effectuée par A doit être conforme à celle de B dans le sens contraire avec une différence négligeable. Lorsque la différence dépasse la limite prévue dans les accords, il faut donc recourir à des analyses approfondies des données des appels ou procéder à des tests pour trouver les appels ou SMS manquants dans l’une des mesures, donc découvrir la source de la différence. Le règlement du trafic d’interconnexion n’est pas toujours un exercice facile en raison de la différence dans les mesures. Dans ce cadre, on utilise des termes commerciaux comme taxe de perception, taxe de répartition et quote – part de règlement.
Aspects techniques
A u niveau des aspects techniques, les compagnies doivent discuter des supports de transmission (câbles métalliques, fibre optique, faisceaux hertziens, satellites) qui doivent être utilisés pour les relier, la capacité de l’interconnexion (le nombre de circuits), le type de signalisation, etc. L’étude du trafic doit permettre de dimensionner la liaison et prévoir le volume d’appels que les deux compagnies doivent échanger. Ceci permettra de déboucher sur le nombre de circuits à installer dans les sens sortant et entrant. Les parties prévoient également les premières démarches à entreprendre en cas de panne sur la liaison entre les compagnies.
Comment un abonné est il connecté au reste du monde ?
Un abonné à la téléphonie, qu’elle soit fixe ou mobile peut appeler le reste du monde sans que sa compagnie n’ait pas d’installation dans ces pays là. Comme est-il possible ?
La couverture d’une compagnie de télécommunications dépend de plusieurs facteurs, mais le principal est le facteur économique, c'est-à-dire le retour sur investissement. Pour qu’un operateur offre une couverture à une zone donnée, il faut qu’il y ait une population énorme, capable de générer du trafic (appels, SMS, etc). Ce dernier étant la source du revenu, donc la raison d’être des compagnies de télécommunications. C’est cette raison qui explique pourquoi certaines compagnies décident de privilégier une zone par rapport à une autre lors du lancement d’une compagnie, ou de nouveaux services et produits. Elles cherchent la population et le pouvoir d’achat pour la consommation. Ainsi, il n’est pas du tout logique pour une compagnie d’investir dans un endroit où le trafic fait défaut. Les operateurs opérant en Haïti n’ont pas de réseau dans d’autres pays (sauf digicel), ce qui occasionnerait beaucoup de dépenses sans qu’il n’y ait une justification de trafic. Ils confient donc la terminaison du trafic international sortant à d’autres compagnies à travers des contrats d’interconnexion. En raison du trafic important sortant vers des pays comme les USA, le Canada, la République dominicaine, ils négocient des interconnexions directes. Il existe également un trafic considérable venant de ces pays pour être terminé en Haïti. Ce volume important s’explique par le flux migratoire, les relations économiques, culturelles, etc existant entre ces pays et Haïti. Les principales compagnies avec lesquelles les operateurs haïtiens échangent du trafic de toutes sortes sont A&T, Sprint, MCI, Teleglobe, etc.
Et pour le trafic vers et venant du reste du monde ?
Etant donné que le volume vers le reste du n’est pas important, on négocie des interconnexions en transit avec les transporteurs. Les operateurs haïtiens n’ont aucun intérêt à envisager une interconnexion directe avec des pays comme le Népal, le Liberia, l’Indonésie où le nombre d’appels entrants ou sortants par mois frise zéro. Il n’y aurait pas de retour immédiat sur ces investissements. Ce trafic est acheminé en transit à travers des accords spéciaux. Ces mêmes transporteurs peuvent s’occuper de l’acheminement de ce trafic. Lorsqu’il y a un appel vers le Népal, le réseau local peut le confier, par exemple, à Sprint pour terminaison. Si Sprint a des connexions avec la compagnie népalaise, il le délivre directement. Dans le cas contraire, Sprint confie l’appel à un autre transporteur ayant des connexions au Népal pour s’occuper de la terminaison. Ainsi, l’appel peut transiter par plusieurs transporteurs avant d’être terminé sur le téléphone de la personne appelée. C’est le processus inverse pour des appels initiés du Népal vers Haïti.
Dans ce cas, l’opérateur haïtien traite avec un seul partenaire et n’est pas concerné par le parcours du signal d’appel. L’argent versé à Sprint doit être partagé entre les différents transporteurs et operateur impliqués dans la terminaison de cet appel. C’est ce modèle qui prévaut au sein du secteur des telecommunications. Lorsque le trafic est négligeable, il est acheminé en transit par des transporteurs qui ont des connexions dans presque tous les pays du monde. L’utilisateur, sans être conscient des multiples démarches et du parcours de son appel, est connecté au reste du monde au besoin, pour vu que l’on soit abonné à une compagnie. Et toutes les compagnies sont interconnectées soit directement ou en transit pour vu qu’elles soient connectées à un transporteur. Un appel initié en Haïti vers l’Indonésie peut passer par l’Europe ou par l’Afrique avant d’atteindre le destinataire indonésien, dépendamment des connexions du transporteur auquel il est confié.
Les enjeux de l’interconnexion
Les enjeux d’interconnexion des réseaux de télécommunications sont nombreux :
• Les operateurs existants sont toujours hésitants à négocier l’interconnexion avec les nouveaux entrants, ceci pour leur rendre la vie difficile à cause de la compétition
• Les nouveaux entrants subissent des pressions de la part de la clientèle qui veulent communiquer avec tous les autres abonnés du pays.
• Le régulateur doit faire valoir la régulation dans cet environnement concurrentiel, et la question de part de marché est délicate dans ce marché
• Le dégroupage de la boucle locale
• Acheminement des appels entrants du réseau fixe vers le réseau mobile
Interconnexion des réseaux de télécommunications en Haïti
C’est un exercice qui n’a pas été toujours facile à cause des enjeux délicats. On peut se rappeler les nombreuses tractations pour l’interconnexion de la Haitel, de la Comcel avec la Teleco. L’interconnexion de la Haitel avec la Teleco a connu quelques périodes de turbulence. Plus récemment, celle de la Digicel avec les compagnies existantes était un véritable défi ayant toujours pour causes les mêmes enjeux. Les 4 operateurs du marché haïtien sont interconnectés pour le besoin de la clientèle même si au niveau du règlement du trafic, l’harmonie n’est pas toujours au rendez vous en raison notamment de la méthode des mesures ou de l’interprétation des clauses des contrats les liant. Un problème majeur auquel confronte les utilisateurs haïtiens est la congestion, c'est-à-dire il n’y a pas un nombre de circuits suffisants pour permettre l’écoulement fluide d’un appel d’un operateur vers un autre au besoin. Certaines fois, il faut essayer de faire la demande de connexion plus de 5 fois avant d’arriver à être servi.
Conclusion
Si l’objectif de l’interconnexion est de donner la possibilité aux abonnés de pouvoir accéder à plus de correspondants, la faisabilité de ce projet réserve toujours des surprises aux enjeux stratégiques. Les nouveaux entrants font face souvent à la demande de paiement de la part de l’operateur dominant ou à une imposition de règles d’interconnexion dans l’intérêt de l’operateur historique ou dominant.
L’interconnexion des réseaux de télécommunications devient de plus en plus une exigence pour tous les acteurs impliqués dans ce secteur. Il est question de la société de l’information (accès et service universels), de l’économie des réseaux de télécommunications. Les télécommunications/TIC ne sont elles pas la deuxième économie mondiale après le pétrole ?
Références
1.- ARRÊT DE LA COUR (deuxième chambre) 12 novembre 2009 (*) «Secteur
2.- Présentation Tarifs Nedjma ARPT 12 Oct 04
3.- Site de l'Instance Nationale des Télécommunications :: GLOSSAIRE
4.- ACCES UNIVERSEL


Gregory DOMOND, Ing. M.Sc
E-mail: gregorydomond@hotmail.com

Rubrique: TIC
Auteur: PROMOTIC | gregorydomond@hotmail.com
Date: 13 Oct 2010
Liste complète des mémoires et travaux de recherche