Etude sur les filières de recyclage à Port-au-PrincepourPARAD| JobPaw.com
Introduction

Les habitants de la zone métropolitaine de Port-au-Prince produisent 6 200 m3 de déchets par jour, soit l’équivalent de 310 camions-bennes et de 584 000 tonnes par an. Au sein des pouvoirs publics, deux entités sont responsables de la gestion des déchets solides dans la zone métropoli-taine : le Service Métropolitain de Collecte des Résidus Solides (SMCRS), entités rattachées au Ministère des Travaux Publics dont le rôle est de ramasser les ordures précédemment balayées et empilées par les Mairies, qui s’assurent donc elles de la propreté de la voierie et des espaces publics. Dans la réalité, les rôles ne sont pas aussi bien définis et il n’est pas rare de voir le SMCRS assurer des activités de balayage et quelques Mairies de l’évacuation de déchets. Faute de moyens financiers et de ressources humaines, le SMCRS peine à intervenir sur l’ensemble de la zone métropolitaine et le taux de déchets collecté est très variable d’un mois à l’autre en fonc-tion des moyens mis à sa disposition. Ce vide a permis l’émergence d’entreprises privées à but lucratif qui assurent la collecte pour une certaine frange de la population vivant dans les quar-tiers les plus aisés de la capitale. Les déchets collectés par le service public ou privé sont majori-tairement évacués sur le site de la décharge de Truitier à ciel ouvert qui s’étend sur 215 hectares sur la commune de Cité Soleil, où ils sont empilés, enfouis voir brûlés.
Jusqu’en 2012, des bennes d’apport volontaire étaient réparties dans les quartiers de la capitale et sur les axes routiers mais elles furent retirées dans un souci d’assainissement de la ville par le SMCRS, incapable de les vider régulièrement. Ces bennes étaient aussi utilisées comme exutoire pour les déchets par des pré-collecteurs de déchets travaillant de manière informelle, qui arri-vaient finalement au site de décharge de Truitier. En 2014, le Directeur du SMCRS déclarait que 4 200m3 de déchets étaient collectées chaque jour par le service public et les privés, soit environ 2/3 des déchets produits quotidiennement. Les déchets non collectés sont la plupart du temps jetés dans les canaux de drainage, dans la rue par temps de pluie, ou dans les ravines qui sont nombreuses à travers la capitale.
Bien que non quantifiée, une part non négligeable des déchets produits dans la zone métropoli-taine est ramassée par des récupérateurs informels qui alimentent l’une des cinq entreprises haïtiennes positionnées dans la valorisation et le recyclage des matières (plastique, métaux fer-reux et non ferreux, papiers, cartons) et en tirent une source de revenu. Il existe aussi des initia-tives de compostage des matières organiques, qui représenteraient 65% des déchets produits par les ménages et les marchés , mais qui ne rencontrent pas le succès attendu, compte tenu d’un coût élevé de production et de la faiblesse des marchés pour l’écouler. Enfin, le centre de tri de Cité Soleil reste la seule alternative actuellement au tri des déchets collectés dans les quartiers, mais il est confronté à des problèmes divers : alimentation en déchets, production de produits valorisés (compost, briquettes en carton), vente des produits recyclés,…
Le consortium GRET-Oxfam, dans le cadre de son projet d’appui à la reconstruction et à l’aménagement de Desprez (PARAD), lance les présents termes de référence en vue de recruter un consultant pour réaliser une étude sur les filières de recyclage, qui portera sur une meilleure identification des recycleurs et des dynamiques de recyclage dans un échantillon de quartiers, un recensement des filières existantes et sur les débouchés économiques des produits issus de la valorisation des déchets. Une analyse de l’organisation du centre de tri de Cité Soleil sera réali-sée et des recommandations visant l’amélioration de son fonctionnement en vue d’atteindre un équilibre économique seront formulées (approvisionnement en déchets, organisation technique du centre, débouchés potentiels).
2. Objectifs de l’étude
Le périmètre d’intervention de cette étude comprend plusieurs quartiers informels de la capitale haïtienne dans lesquels Oxfam et ses partenaires mènent des interventions : Croix Deprez, Bail-lergeau, Savane Pistache, Fort Mercredi et Petit Descayettes. Ces quartiers représentent environ 8 000 ménages soit 40 000 habitants. L’identification des récupérateurs informels se fera essen-tiellement dans ces quartiers mais le travail sur les filières de recyclage et les débouchés écono-miques portera de manière plus globale sur le territoire national.
Le travail d’étude s’articulera autour de plusieurs objectifs :
1. Etablir un portrait des recycleurs informels des quartiers :
L’objectif est de mieux connaître les recycleurs des quartiers et de comprendre les dynamiques qui existent autour du recyclage et ainsi mieux appréhender l’intégration de ces recycleurs dans toute la chaîne de la gestion des déchets solides. Le consultant s’attachera à dresser un portrait des recycleurs : quel est leur statut, qui sont-ils (hommes, femmes, jeunes, mère de famille…) comment sont ils organisés, exercent ils cette activité à temps plein, en complément d’une autre activité etc. ? Quelles sont les relations de pouvoir au sein de groupes de recycleurs, y a-t-il des intermédiaires qui se mettent en place ? Quelle est la place des femmes dans les activités de ré-cupération ? Le consultant devra aussi quantifier et qualifier le travail des recycleurs : quels sont les flux de déchets collectés, les modes de collecte (dépotoirs, portes à porte, accords avec les écoles, les familles, ramassage de rues/ravines) ainsi que les prix de revente, les modalités et fréquence d’enlèvement, les destinataires … Leur nombre devra être estimé pour chaque quar-tier d’intervention.
2. Recenser les filières de recyclage et de valorisation des déchets ainsi que leurs intermé-diaires :
Les filières de recyclage et de valorisation des déchets sont peu nombreuses, et ont déjà fait l’objet de plusieurs études, pas forcément diffusées ni exploitées. L’objectif du consultant sera d’effectuer une revue bibliographique des études déjà produites, de les actualiser et de les com-pléter si besoin pour fournir un recensement exhaustif de ces filières par flux de déchets (plas-tique, verre, papier, carton, organique, tissus…).
Une analyse des intermédiaires grossistes, lorsqu’ils existent, entre les récupérateurs et les in-dustriels du recyclage (portrait, nombre, lieux, fonctionnement, tarifs de rachat,…). Au-delà de ce recensement, le consultant devra chercher à mettre en exergue les activités des industriels du recyclage et de la valorisation (broyage, compactage, type de transformation…) par flux, les tarifs d’achat pratiqués auprès des récupérateurs ou grossistes.
Enfin, les lieux de vente de ces matériaux récupérés seront analysés (lieux d’exportation ou vente sur le marché local haïtien).
3. Analyser le fonctionnement du centre de tri et de valorisation Jean Christophe Fernandès (JCF) de Cité Soleil et formuler des recommandations
Le centre de tri JCF reçoit une partie des déchets collectés dans les quartiers du périmètre d’intervention de l’étude, dont la masse devrait s’accroitre au cours des prochains mois. Ac-tuellement, le centre reçoit environ 20 m3 de déchets par semaine dans le cadre de sa collabo-ration avec un service de collecte intervenant dans les quartiers cibles. Le consultant devra, analyser le fonctionnement actuel du site : points forts, points faibles, besoins en matériels, formation, main d’œuvre. Sur la base de ces constats, il devra proposer une stratégie visant à accroitre les capacités techniques du centre et ses capacités financières, notamment en :
- Estimant le gisement actuel par flux de déchets triés ;
- Proposant des pistes pour augmenter l’approvisionnement ;
- Evaluant les possibilités de revente des produits, en relation avec le point n°2.
- Etablissant un seuil de rentabilité de ces activités afin de donner des perspectives de développement au centre
- Proposant des possibilités de localiser une partie des activités de tri dans les quartiers afin de réduire le travail de tri au niveau du centre afin qu’il se concentre sur des acti-vités de valorisation
II. ORIENTATIONS METHODOLOGIQUES
Les présents termes de référence ont été élaborés dans un contexte particulier d’intervention d’Oxfam et ses partenaires à travers plusieurs projets opérationnels qu’il est nécessaire de préci-ser :
- Le consortium GRET-Oxfam mène depuis 2014 un projet d’aménagement et de recons-truction à Croix-Desprez dans lequel il est prévu de mettre en place un système de ges-tion des déchets solides dans un objectif d’amélioration durable de l’assainissement du quartier où la majorité des habitants jettent leurs déchets dans les ravines. Cette étude pourra contribuer à renforcer le système de GDS qui sera mis en place, via l’accompagnement des recycleurs du quartier ;
- Dans le cadre de ce même projet, le consortium GRET-Oxfam pilote une recherche for-mative pour la mise en place d’une stratégie d’intervention pour le changement durable des comportements en matière d’assainissement et d’hygiène, avec comme l’un des ob-jectifs arriver à faire évoluer le comportement des habitants dans leur pratique de gestion des déchets. Cette étude alimentera la recherche formative en apportant des clarifications sur les recycleurs et les potentielles opportunités économiques liées au recyclage ;
- Le Gret a accompagné depuis 2012 l’émergence d’un service de gestion des déchets (Sèvis Jesyon Fatra - SJF) qui assure la collecte et l’évacuation des déchets dans les quar-tiers de Savane Pistache, Fort Mercredi et Petit Descayettes et qui devrait s’étendre à Baillergeau et Croix Desprez. Ce service évacue les déchets vers le centre de tri JCF situé à Cité Soleil. L’extension attendue de l’activité du SJF va entrainer une charge de tra-vaille plus importante pour le centre, sans qu’aujourd’hui des débouchés pouvant lui ap-porter une source de financement aient été clairement identifiés. Le centre aura aussi be-soin pour ce faire de renforcer sa capacité de tri et de valorisation (de manière technique, en matière de formation etc.).


Description de taches

Il est attendu du consultant les livrables suivants :
 Un rapport intermédiaire qui présentera les deux premiers points, à savoir le portrait des recycleurs et l’organisation des filières.
 Un rapport final qui formulera sur la base des constats une stratégie d’accompagnement du centre de tri et de valorisation et des recommandations stra-tégiques visant à renforcer la filière recyclage à tous les niveaux.
 Une présentation de type powerpoint qui permettra une restitution orale auprès des parties prenantes.

Outre l’avance de préfinancement, qui sera donnée au démarrage du contrat, les paiements du consultant seront conditionnés à la validation du rapport intermédiaire et du rapport final.
Le consultant pourra être invité à présenter les résultats intermédiaires ou finaux de l’étude lors d’événements organisés en Haïti (forum par exemple), en fonction de l’agenda et de la qualité des résultats fournis.


Profil du consultant ou des consultants ou de la firme

Le consultant (ou le groupe de consultant, bureau d’étude) sélectionné devra répondre au profil suivant :
- Minimum 10 années d’expériences de travail dans le domaine de la gestion des déchets, de l’assainissement et/ou du développement social urbain. Expériences éprouvées, sur la problématique de l’assainissement solide en milieu urbain dans les pays du sud ;
- La connaissance du contexte des quartiers précaires en Haïti est un plus ;
- Bonne connaissance des filières de recyclage et des produits de valorisation exigée ;
- Maîtrise du français à l’écrit et à l’oral ;
- La maîtrise du créole haïtien est un plus, et nécessitera le cas échéant d’être accompagné d’un traducteur ;
- Excellentes capacités de rédaction, d’analyse et de synthèse ;
- Très bonnes capacités interpersonnelles.


Dossier d’appel d’offres

Cliquer ici pour télécharger le dossier complet d’appel d’offres


Envoyer le pli à

Les offres doivent être soumises au plus tard le lundi 4 avril 2016 à 16h, sous pli cacheté, à l’adresse suivante :
Oxfam
3, Pèlerin 2A
Pétion-Ville, Haïti
HT6 142
Elles seront composées de la manière suivante :
- Une offre technique en français, qui comprendra : Une note méthodologique de 7 pages maximum, incluant la compréhension des termes de référence et du travail attendu, la méthodologie d’étude proposée... Cette note devra respecter le format proposé en an-nexe. Y seront annexés le CV du / des consultants et ses / leurs références pertinentes au regard du travail demandé.
- Une offre financière en français incluant tous les frais d’honoraires, de voyages, per diem, ainsi que les coûts de collecte des données et respectant le cadre de devis proposé en annexe et le calendrier proposé.
Les offres seront fournies en 1 exemplaire original et 2 copies pour faciliter la séance d’évaluation des offres.


Remarques contact

Veuillez écrire au jgauthier@oxfam.org.uk pour toute question lié à cet appel à propositions.