Etude sur la gestion des excréta dans les quartiers précaires en HaïtipourOxfam| JobPaw.com
Introduction

La gestion des excréta urbains est un défi considérable dans les pays en voie de développement. L’urbanisation galopante, résultante d’une croissance démographique élevée conjuguée à une faiblesse des Etats en termes de planification, se produit trop souvent de manière anarchique et en dehors de toute considération concernant la problématique de l’assainissement familial ou collectif. Port-au-Prince, avec plus de 3 millions d’habitants, dont la moitié habite dans des quartiers précaires, fait face à une situation d’autant plus préoccupante en termes d’assainissement que le pays vit au rythme des flambées de choléra. D’autres villes importantes voient leur urbanisation s’accélérer avec comme corollaire l’apparition de quartiers précaires non planifiés, c’est le cas du Cap Haïtien, des Cayes ou encore des Gonaïves ou de Saint-Marc. Le défaut de services satisfaisants d’assainissement est à l’origine de la plupart des flambées de choléra en zones urbaines. Au-delà du choléra, la situation de l’assainissement pose un véritable problème de santé publique pour toutes les maladies à contaminations féco-orales. Au moment où la Dinepa lance une campagne nationale d’assainissement, avec des stratégies claires et qui commencent à porter leurs fruits en milieu rural, la problématique de l’assainissement urbain reste extrêmement complexe.

Les interventions d’urgence post-séisme ont mis en exergue le problème de l’assainissement sur les maillons évacuation et traitement. Un grand nombre d’équipements collectifs ont été mis en place dans les camps, et les acteurs ont rapidement été confrontés à la problématique de la vidange et du dépotage des excrétas, aucun site n’étant prévu à cet effet au niveau de la zone métropolitaine. Depuis, deux centres de traitement des boues de vidange ont vu le jour à Titanyen et Morne à Cabris, mais leur fonctionnement n’a pas atteint un rythme de croisière et confronte plusieurs problèmes de fonctionnement, si bien qu’ils ont été fermés pendant des périodes relativement longues. Les ONG et agences engagées dans des programmes de reconstruction dans les quartiers précaires de Port-au-Prince, ont également été largement confrontées au problème de l’assainissement, essentiellement sur les maillons d’accès et d’évacuation. Chaque acteur a pu ainsi aborder la problématique avec des angles de vue différents et des expériences pilotes ont vu le jour. Les leçons apprises de ces expériences méritent d’être consolidées, partagées et approfondies afin de permettre à la Dinepa, et plus précisément à sa Direction de l’Assainissement d’esquisser les grandes lignes d’une stratégie pour l’assainissement urbain.

Oxfam, en accord avec la Dinepa et en collaboration avec différentes ONG impliquées dans l’assainissement urbain, notamment au sein de la Pepa (Plateforme Eau Potable et Assainissement – regroupement d’ONG intervenant dans le secteur EPA), lance les présents termes de références en vue de recruter un consultant pour un état des lieux de la problématique de la gestion des excrétas dans les quartiers précaires, suivi de recommandations.

Ogjectifs de l'étude:
Le travail d’étude s’articulera autour de trois grands objectifs :

2.1 Dresser un état des lieux de la situation de la gestion des excréta dans les quartiers précaires
L’état des lieux portera sur les trois maillons de l’assainissement : accès, évacuation et traitement, pour lesquels il s’agira de produire « une photographie » de l’existant, sur la base d’une étude sur un échantillon de quartiers précaires représentatifs des différentes réalités. Une typologie de quartiers sera proposée et des quartiers seront choisis pour des études de cas qui se voudront représentatives des différents types de quartiers identifiés. L’état des lieux proposera également une cartographie des différents acteurs impliqués dans l’assainissement urbain, les liens entre ces derniers ainsi qu’une analyse de genre et des pouvoirs.

2.2 Formuler des recommandations sur la base des leçons apprises des programmes en cours
En se basant sur les expérimentations en cours dans différents quartiers (et dont le consultant dressera l’inventaire) et sur la vision de la Direction Assainissement de la Dinepa, le consultant proposera des recommandations afin d’alimenter l’élaboration d’une stratégie pour l’assainissement dans les quartiers précaires des villes principales d’Haïti. Les recommandations pourront être catégorisées selon la typologie des quartiers. L’idée est de faciliter la diffusion des bonnes pratiques et des expériences réussies, mais aussi de soulever les questions additionnelles qui se posent à l’issue de ces expériences pilotes.

2.3 Encourager et dynamiser les réflexions collectives entre les différents acteurs du secteur assainissement
Cette étude sera une occasion supplémentaire de mettre les acteurs autour de la table afin d’encourager les échanges de fond sur la problématique de l’assainissement urbain. Elle devra faciliter une analyse commune et partagée de la situation, et déboucher sur des recommandations claires et appropriées par l’ensemble des acteurs intervenant dans le domaine. Pour ce faire, le consultant pourra s’appuyer sur les espaces d’échanges existants comme la plateforme assainissement animée par la DINEPA ou le groupe e travail Assainissement de la PEPA. Un comité de pilotage de l’étude sera également mis en place afin de permettre une relecture collective des livrables du consultant. Ce comité sera composé d’un membre de la DINEPA, d’un membre d’Oxfam, d’un membre de la PEPA par exemple et dans la mesure du possible d’experts en planification urbaine.
Oxfam a prévu, en plus de l’étude, les moyens nécessaires pour l’organisation d’un forum sur l’assainissement urbain dont la restitution de l’étude constituera la base de l’agenda.

Orientations méthodologiques

Le consultant devra faire part, dans sa note méthodologique, de sa compréhension du sujet et donner des éléments de proposition concernant la typologie des quartiers précaires notamment avec des exemples de quartiers pour chaque type.
Il semble pertinent de préciser les hypothèses qui ont guidé l’élaboration de ces TdR, à savoir :
- La situation sera analysée sur un échantillon de quartiers issus des deux principales agglomérations du pays : Port-au-Prince et Cap Haïtien. Le choix devra être argumenté par le consultant ;
- Un échantillon de 5 à 10 quartiers doit permettre de réaliser un état des lieux représentatif de la situation des différents types de quartiers précaires existants en Haïti. Le choix final sera réalisé collectivement au démarrage de l’étude mais le consultant devra présenter des propositions dans sa note et les argumenter ;
- Les documents stratégiques de la Dinepa serviront de cadre au travail du consultant et certains rapports d’ateliers réalisés sur la question spécifique des quartiers précaires seront à la base des réflexions ;
- Plusieurs projets (de reconstruction ou d’assainissement) en cours dans différents quartiers précaires (à Port-au-Prince comme dans d’autres villes) s’étant penchés sur la problématique « assainissement », un certain nombre de données sont disponibles sur ces quartiers. Le travail du consultant consistera donc essentiellement à compiler, synthétiser et éventuellement compléter certaines données dans des études de cas sur l’échantillon de quartiers retenus ;
- Les différents acteurs intervenant sur le sujet de l’assainissement en milieu urbain ont exploré des options et des méthodes différentes, qui ne sont pas nécessairement en contradiction les unes avec les autres, mais sont plutôt complémentaires. Par exemple, certains acteurs se sont concentrés sur le maillon accès pendant que d’autres ont davantage travaillé sur celui de l’évacuation ou du transport. En partageant les leçons apprises, les bonnes pratiques mais aussi les échecs et les questionnements des uns et des autres, une esquisse de stratégie devrait pouvoir émerger. Le consultant doit en ce sens être vu comme le facilitateur d’une réflexion collective aux praticiens et décideurs du secteur de l’assainissement, plus que comme l’expert qui viendrait formuler des recommandations totalement exogènes.


Description de taches

Il est attendu du consultant les livrables suivants :
4.1 Un rapport intermédiaire qui présentera l’état des lieux, et contiendra a minima les sections suivantes :
o Situation actuelle sur les trois maillons : accès, évacuation, traitement ;
o Typologie des quartiers précaires et différenciation de la problématique par type de quartier, présentation de l’échantillon choisi et illustration de la problématique ;
o Organisation du secteur, répartition des rôles et cartographie des acteurs (y compris analyse de pouvoirs et analyse de genre) ;
o Identification et description des initiatives en cours.
4.2 Un rapport final qui sera une proposition de feuille de route pour l’assainissement dans les quartiers urbains précaires, qui contiendra a minima :
o Une analyse des initiatives en cours, gaps, questionnements ;
o Les recommandations stratégiques sous forme de feuille de route ;
o Un document résumé de 10 à 15 pages regroupant l’état des lieux et les recommandations ainsi qu’une présentation de type powerpoint qui permettra une restitution orale.

Outre l’avance de préfinancement, qui sera donnée au démarrage du contrat, les paiements du consultant seront conditionnés à la validation du rapport intermédiaire et du rapport final.
Le consultant pourra être invité à présenter les résultats intermédiaires ou finaux de l’étude lors d’événements organisés en Haïti (forum par exemple), en fonction de l’agenda et de la qualité des résultats fournis.


Profil du consultant ou des consultants ou de la firme

Le consultant (ou le groupe de consultant, bureau d’étude) sélectionné devra répondre au profil suivant :
- Expériences éprouvées, volonté démontrée et intérêt pour la problématique de l’assainissement en milieu urbain ;
- Minimum 10 années d’expériences de travail dans le domaine de l’eau potable et de l’assainissement et/ou du développement social urbain ;
- Très bonne connaissance du contexte des quartiers précaires en Haïti ;
- Très bonne connaissance du secteur de l’eau potable et de l’assainissement en Haïti et des acteurs qui composent ce secteur ;
- Maîtrise du français et du créole à l’écrit et à l’oral ;
- Excellentes capacités de rédaction, d’analyse et de synthèse ;
- Très bonnes capacités interpersonnelles.


Envoyer le pli à

Les offres doivent être soumises au plus tard le vendredi 16 octobre 2015 à 16h, sous pli cacheté, à l’adresse suivante :
Oxfam
Pellerin 2A #3
Pétion-Ville, Haïti
HT6 142
Elles seront composées de la manière suivante :
- Une offre technique en français, qui comprendra : Une note méthodologique de 7 pages maximum, incluant la compréhension des termes de référence et du travail attendu, la méthodologie d’étude proposée, une première ébauche de typologie de quartiers et des exemples de quartiers répondant à chaque type proposé. Cette note devra respecter le format proposé en annexe. Y seront annexés le CV du / des consultants et ses / leurs références pertinentes au regard du travail demandé.

- Une offre financière en français incluant tous les frais d’honoraires, de voyages, per diem, ainsi que les coûts de collecte des données et respectant le cadre de devis proposé en annexe. Les montants doivent être exprimés en gourde haïtienne.
Les offres seront fournies en 1 exemplaire original et 2 copies pour faciliter la séance d’évaluation des offres.


Remarques contact

Veuillez contacter jgauthier@oxfam.org.uk pour le dossier d'appel d'offre complet.