Haïti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, se classant 170e sur un total de 189 pays au niveau de l’Indice de développement humain (PNUD, 2020). Malgré les engagements mondiaux et nationaux pour accélérer les progrès en matière de santé sexuelle et reproductive (SSR) des adolescentes et des femmes, le faible accès à une information et à des services de SSR complets et de qualité continue de coûter la vie et l'avenir aux adolescentes et aux femmes, affectant négativement les familles et les communautés.
La disponibilité des services de santé de base et l’accès de la population à ces derniers restent très faibles. Plus de la moitié de la population (60%), principalement dans les zones rurales, n’a pas accès aux soins de santé de base (UNICEF, 2016). Le taux de mortalité maternelle en Haïti (estimé à 529 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, (EMMUS VI, 2016-17) est le plus élevé de l’hémisphère occidental, les femmes des zones rurales étant particulièrement exposées en raison d’un accès plus limité aux soins de santé. Cette situation est d’autant plus inacceptable que la majorité de ces décès pourrait être évitée avec un meilleur accès aux services de SSR, mais seulement 24,6% des femmes rurales ont accès à un personnel qualifié lors de l’accouchement, contre 59,4% dans les zones urbaines.
À tout cela s’ajoute une instabilité politique qui entrave depuis juillet 2018 la capacité et la volonté du gouvernement à mettre en place et adopter des politiques à long terme pour faire progresser les droits humains, et particulièrement les droits sexuels et reproductifs (DSR) des femmes et des adolescentes, sans oublier aussi la pandémie COVID-19 qui a des impacts importants au niveau mondial depuis près de deux ans. Du coup, Haïti n’a pas été épargné par ce fléau, notamment le département du Sud-Est. Les résultats de l’analyse situationnelle commanditée par CARE Haïti ont permis de confirmer la faible disponibilité des services de santé, plus particulièrement « la santé de la femme et de la mère » surtout au niveau des sections communales.
Le projet FANMKAD (Fanm Kanpe Ak Diyite – Femmes et filles debout avec dignité pour nos droits sexuels et reproductifs) vise à améliorer l’exercice du droit à la santé des Haïtiennes et des Haïtiens, particulièrement à la santé et aux droits sexuels et reproductifs (SDSR) des femmes et des adolescentes. Elle sera mise en œuvre au niveau départemental dans le Sud-Est et au niveau national à Port-au-Prince (PAP), sur une période de quatre ans, par un consortium de trois organisations canadiennes : CARE Canada, le Centre de coopération internationale en santé et développement (CCISD) et Avocats sans frontières Canada (ASFC). Elle impliquera également CARE Haïti et deux organisations haïtiennes aux domaines d’intervention spécifiques : Kay Fanm, une organisation de promotion et de défense des droits des femmes, et l’Association pour la promotion de la famille haïtienne (PROFAMIL), affiliée à l’IPPF (International Planned Parenthood Federation).
L’initiative utilisera une approche multisectorielle, basée sur deux composantes :
1. Le renforcement du continuum de soins pour les adolescentes et les femmes, intégrant la participation des détenteurs et détentrices de droits, dont les organisations de la société civile (OSC), surtout les organisations de défense des droits des femmes et des adolescentes et les communautés, par le développement et l’offre d’un ensemble de services et de soins de SSR respectueux des droits, adaptés à l’âge et aux genres et gérés selon des principes de gouvernance inclusive ; et
2. La mobilisation sociale active des parents, hommes, adolescents et leaders d’opinion, et le renforcement des connaissances en matière de SDSR des femmes et des adolescentes en vue d’assurer une transformation sociale positive dans les zones ciblées; et le renforcement de la capacité des OSC à faire efficacement la promotion des DSR à l’échelle nationale et internationale, à fournir des services respectueux des DSR et de l’égalité des genres (EG) et à accompagner les victimes de violences basées sur le genre (VBG) dans leurs efforts de réclamer la mise en œuvre de leurs DSR.
Afin de pouvoir mesurer l’atteinte de ces changements, l’une des premières grandes étapes du projet consiste en la collecte de données de référence (données de base ou « baseline »), qui permettront d’évaluer et de mesurer les progrès réalisés relativement aux indicateurs définis dans le cadre de mesure du rendement (CMR) du Projet FANMKAD. Cette collecte de base sera réalisée par un.e consultant.e indépendant.e en Haïti.

L’objectif général de l’étude de base est de faire un état des lieux de la situation de référence en matière SDSR dans la zone d’intervention du projet. Ainsi, l’étude se focalisera sur les indicateurs de rendement et d’impact du projet afin d’établir la ligne référentielle des conditions des services SDSR au début du projet.
La population ciblée par le projet : Adolescentes (15-19 ans) et Femmes (20-49 ans)
L’objectif spécifique de cette étude des données est de recueillir des informations concernant les comportements, attitudes et pratiques (CAP) en matière de santé de la reproduction auprès des adolescents, filles et garçons, ainsi que de la communauté et des adultes référents, femmes et hommes.

Mandat
La mise en œuvre de l’étude sera supervisée par la chargée du projet au niveau de CARE Haiti en collaboration avec le responsable de suivi et évaluation du projet, et cela conformément aux politiques, normes et les procédures de CARE Haiti.
La/le consultant retenu pour l’étude devra mettre en œuvre les tâches suivantes :
1. Revue documentaire :
? Prendre connaissance de la documentation du projet (CMR, modèle logique, etc.) et des autres documents de référence collectés par l’équipe de projet.
? Prendre connaissance de la documentation des membres du consortium (CARE, CCISD et ASFC) de mise en œuvre du projet, des documents de référence du gouvernement d’Haïti, des agences des Nations Unies et d’autres organisations/institutions de promotion et de défenses de la SDSR.
? Prendre connaissance des instruments juridiques réglementant les DSR particulièrement au niveau national
2. Élaboration du protocole de l’étude et facilitation des discussions avec l’équipe projet en vue de réviser et valider les outils/instrument de l’étude :
? Élaborer le protocole de l’étude et organiser des sessions de travail avec l’équipe de projet pour le valider.
? Elaborer un chronogramme de l’étude et le faire valider par l’équipe e projet.
? Faciliter les discussions de revue et validation des outils/instruments de collecte des données primaires avec l’équipe du projet.
3. Recrutement et formation des enquêteurs.trices, des facilitateurs.trices des FGD et des traducteurs.trices, au besoin.
4. Pré-test des outils/instruments de collecte des données
5. Organisation et supervision des activités de collecte de données
6. Codification, traitement et analyse des données collectées
7. Réalisation des focus group et analyse qualitative des propos recueillis
8. Rédaction du rapport préliminaire d’analyse des données selon un plan validé avec l’équipe de projet
9. Co-facilitation avec l’équipe de projet d’un atelier de restitution et validation des données avec les parties prenantes au projet
10. Finalisation et dépôt du rapport final intégrant les observations formulées lors de l’atelier de restitution et par l’équipe de projet
Le.la consultant.e pourra bénéficier tout au long du mandat des facilités des bureaux de CARE.

Le.la consultant.e à retenir pour cette étude de base devra remplis les critères ci-après :
? Diplôme d’études supérieures en sciences sociales, sociologie, santé publique, épidémiologie, statistiques ou tout autre domaine équivalent ;
? Au moins cinq ans d’expérience pertinente en évaluation de projets de développement et la conduite d’enquêtes de terrain dans le domaine de la santé (incluant la réalisation de focus groupes) ;
? Excellente maîtrise et expérience avérée des méthodes de recherche quantitatives et qualitatives ;
? Excellente maîtrise et expérience avérée en analyse genre, excellentes capacités à intégrer les questions de genre dans la planification, la réalisation et l’analyse des résultats obtenus dans ;
? Expérience professionnelle avérée sur des projets et programmes de SSR ;
? Excellente maîtrise du contexte sociopolitique et culturel haïtien.

Ses atouts seront les suivants :
? Expérience de travail préalable dans les zones d’intervention du projet
? Excellentes capacités d’analyse, de synthèse et de rédaction en langue française
? Maîtrise du créole (parlé et écrit)
? Excellente maîtrise de l’outil informatique et de la suite Office
? Autonomie, aptitude à travailler en équipe, flexibilité, esprit d’initiative, leadership, capacité à mener plusieurs tâches à la fois, capacité à diriger des équipes
? Capacité à travailler sous pression, sens de la rigueur et respect des échéances

Cliquer ici pour télécharger le dossier complet d’appel d’offres

Ivenert.Amelus@care.org