Contexte

Deux événements démographiques se sont produits en Haïti au cours des trente dernières années, événements sous-estimés dans les analyses et les politiques publiques : la population a doublé et a basculé d’une dominante rurale à une dominante urbaine. La récente revue de l’urbanisation conduite par la Banque Mondiale suggère un taux d’urbanisation de plus de 64%. Cette croissance est manifeste sur tout le territoire. Les extensions urbaines se font sans planification, augmentant les difficultés de mobilité, poussant les populations nouvellement arrivées à s’installer dans les zones les plus insalubres, les plus à risques. La pression foncière transforme les terroirs agricoles en territoire urbain. Contrairement aux tendances internationales, l’urbanisation en Haïti ne s’accompagne pas de croissance économique. Entre 1996 et 2013, le taux d’urbanisation est passé de 33% à 58% pendant que le produit intérieur brut (PIB) par habitant passait de US$ 757 à US$ 727. Les villes haïtiennes vivent principalement du tertiaire. Le jeu de la pression démographique et des règles de succession a morcelé le territoire rural comme le territoire urbain, créant avec le temps un territoire de minifundia.

Toutefois, l’ampleur de l’étalement urbain est mesurée de façon approximative. Le dernier recensement général remonte à 2003. Depuis, plusieurs chocs climatiques et le tremblement de terre de 2010 ont entrainé des déplacements de population et ont modifié le territoire de façon remarquable. Canaan, au nord de Port-au-Prince, est un bon exemple. D’autre part, l’absence d’une définition légale de la ville empêche la création d’outils de veille et d’analyse du phénomène urbain aussi bien que des outils administratifs et politique de gestion des espaces urbains. Sachant que l’indispensable outil de planification que constituerait un recensement général de la population ne se fera pas dans un avenir proche, il est nécessaire de produire des outils pour faciliter la compréhension des phénomènes d’urbanisation et la prise de décision sur le territoire.

Les urbanistes ont fait appel dans un passé récent à l’analyse d’images satellitaires pour mesurer l’étalement urbain. Le rapport de la banque mondiale (Urbanization Review), qui a utilisé une mise à jour des données démographiques à l’échelle de la section communale, les données démographiques WorldPop couplées à l’analyse des images du Global Human Settlements Layer (GHLS de 1975, 1990, 2000 et 2014) et la couche Global Urban Footprints (GUF) de 2014, avance que la surface bâtie en Haïti est passé de 84 Km2 en 1975 à 212 Km2 en 2012. Cette analyse révèle également que 65% de la surface bâti est dans le grand Port-au-Prince, suivi par les conurbations de Gonaïves, Saint-Marc et du Cap-Haïtien.

Les récentes études du CNIGS sur la densité du bâti dans les départements du Nord-Ouest et de la péninsule Sud, les études du Programme de Recherche dans le champ Urbain (PRCU), les données de l’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique (IHSI) et du Fonds des Nations Unis pour la Population (FNUAP) montrent clairement que le développement des zones de bâti dense ne coïncide plus avec le concept administratif de commune où le chef-lieu correspondait avec la zone de bâti dense et où le reste de la commune était rural et agricole. En effet, l’étude territoriale du Grand Sud souligne des tendances de peuplements linéaires le long de l’axe routier Miragoâne/Fonds-des-Nègres/Aquin ainsi que dans le département des Nippes le long de la faille Enriquillo. De même, la ville du Cap a absorbé une grande partie de l’espace agricole de ses sections autrefois rurales.


Urbayiti

L’objectif global du programme Urbayiti est de contribuer au développement économique et social d’Haïti et à la résilience des populations des villes. La ville étant définie par la concentration de l’habitat, des activités et des services, le programme doit permettre l’élaboration d’un agenda urbain national et mettre en place les réformes règlementaires du secteur.

3. Objectif général




A partir des travaux cartographiques les plus récents et des images satellites disponibles, de l’ortho- photographie d’Haïti de l’IGN (2014) et/ou d’autres images à identifier, produire un document de synthèse caractérisant l’urbain/zones de bâti dense en Haïti, pour une meilleure prise de décision pour le territoire haïtien, notamment pour une définition légale et une délimitation de l’urbain. Des cartes nouvelles seront produites au besoin pour des espaces stratégiques non pris en compte par les études antérieures.

4. Objectifs spécifiques



Les objectifs spécifiques de cette consultation sont les suivants :


1. A partir de la cartographie déjà produite notamment dans le cadre des travaux du PRCU à la compréhension de la densification de l’habitat, établir une géographie du bâti dense en Haïti prenant en compte :



• L’évolution de la tache urbaine dans les lieux traditionnels de l’urbanisation haïtienne ;



• L’apparition de nouvelles taches de bâti dense ;



• La localisation de ce bâti dense par rapport au cadre géographique et administratif de la commune haïtienne.

2. A partir des planches cadastrales des communes de Camp-Perrin, Bahon et Sainte-Suzanne, le consultant devra apporter les éléments pour permettre de différencier, à l’échelle communal, l’urbain du rural et les niveaux d’urbanisation.

3. A partir d’une comparaison entre les cartes de risques et les taches urbaines de la zone métropolitaine de Port-au-Prince et du Cap-Haïtien, produire analyse et propositions pertinentes pour un agenda urbain haïtien.



4. Produire une cartographie spécifique pour tout espace juge nécessaire à la compréhension du phénomène urbain ; ces espaces seront déterminés d’un commun accord avec le CIAT.


Le consultant devra en outre apporter sa contribution à la préparation de l’Agenda Urbain d’Haïti, processus dans lequel le CIAT sera assisté par ONU-Habitat.

Le consultant principal doit :

? Être géographe ou géomaticien, avec une expérience d’au moins 5 ans dans des
études d’aménagement du territoire et de réalisation de cartes et graphiques thématiques.
Une excellente connaissance du contexte des pays en développement, et une bonne
connaissance d’Haïti ;

? Avoir publié sur la problématique définie ci-dessus (livres, articles, conférences) ;

? Avoir la capacité de mobiliser une équipe en adéquation avec les objectifs de l’étude ;

? Avoir une bonne capacité de rédaction en français.

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19, Ruelle Chériez, Bois Patate, Canapé-Vert. Ville : Port-au-Prince Code Postal : HT-6141 Pays : Haïti

Date limite pour la présentation des propositions: Date : 19 novembre 2020 Heure : 3 heures 30 pm (heure locale)

VOUS DEVEZ OBLIGATOIREMENT CONSULTER LE DOCUMENT D'APPEL D'OFFRES EN ANNEXE