Réduction de l'impact de la sécheresse au niveau des communautés sensibles du bas Nord-ouest et du Haut-ArtibonitepourOxfam| JobPaw.com
Introduction

I- Contexte
Les risques d’occurrence d’une catastrophe par sécheresse dépendent d’une combinaison entre deux facteurs majeurs : exposition à une sécheresse et vulnérabilité/ou résilience sociale, économique et environnementale face à un tel événement. Le risque de sécheresse est un concept multiforme dans la mesure où il porte sur des sphères diverses, telles que l’agriculture, l’élevage, la biodiversité, et la santé humaine, et où il évolue constamment avec le temps et d’une région géographique à l’autre. C’est pourquoi l’évaluation de ce risque est une tâche pluridisciplinaire nécessitant les apports de différents praticiens sectoriels, experts scientifiques et décideurs politiques, ainsi que de la contribution des communautés directement affectées par les conséquences y afférentes.

En Haïti, depuis plusieurs années, les départements du Nord-Ouest (et en particulier le bas Nord-Ouest) et du Haut Artibonite font face périodiquement à des épisodes de sécheresse prolongée occasionnant la perte de récoltes et l’érosion massive des moyens d’existence des ménages les plus vulnérables. Ces deux dernières années, soit depuis mars 2014, une sécheresse, amplifiée par le phénomène El Nino, s'abat sur ces deux sous-régions. Elle a, au fil des mois porté une incidence négative directe sur les ressources en eau de surface, l'agriculture, l'élevage, les ressources halieutiques, et le statut nutritionnel des ménages et l'environnement et les conditions sanitaires globalement.

La Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) dans un bulletin paru en juillet 2015 a tiré la sonnette d’alarme sur une sécheresse qui s’est abattue sur tout le pays, entre avril et juin 2015,. La principale saison agricole qui s’étale de mars/avril à juillet a subi les revers des conditions climatiques défavorables qui, dans une large mesure, ont inhibé la croissance et la production au niveau des parcelles qui ont été établies avant même que la sécheresse ne se déclarât. Dans les mois qui allaient suivre, il n’y avait presque pas d’activités agricoles, car les précipitations étaient insuffisantes. De fortes précipitations sont enregistrées au début du mois de juin, mais elles arrivaient trop tard pour être effectivement bénéfiques à la campagne du printemps. Il en est résulté la perte presqu’entière de la saison, car pendant le mois de juillet les seules récoltes en cours étaient issues de petites poches humides ou de parcelles irriguées qui ne dégagent pas, en réalité, de production suffisante pour alimenter, de façon considérable, le marché et le grenier des ménages. A titre d’exemple, dans les périmètres irrigués des communes d‘Anse-Rouge, de Baie de Henne et de Môle St-Nicolas, des récoltes de maraichères avaient été observées simultanément avec des travaux de semis. Mais, devant le manque de moyens financiers des producteurs qui ne peuvent pas payer des travailleurs, la main d’œuvre utilisée est surtout familiale, ce qui réduit l’opportunité des ménages les plus pauvres de se faire un peu d’argent.

Dans ce même bulletin, la CNSA a averti que les perspectives jusqu’à décembre 2015 s’annonçaient inquiétantes pour les raisons suivantes : pertes considérables de récolte - forte probabilité que le phénomène El Niño continue – prévisions météorologiques indiquant des pluies en dessous de la moyenne jusqu’en décembre - prix des produits alimentaires de base comme le maïs et les haricots à la hausse. La perte des récoltes et la tendance à la hausse des prix auraient réduit l’accès aux aliments des ménages très pauvres de la péninsule du Sud, du Nord-ouest, du haut Artibonite, du Sud-est, du Nord-est et des zones marginales urbaines du pays (Aire métropolitaine de Port-au-Prince, en particulier).

Ce cri d’alarme a poussé Oxfam et ACF à conduire une évaluation dans les communautés les plus sensibles du Haut Artibonite et du bas Nord-Ouest entre Aout et Septembre 2015. Les conclusions ont permis de confirmer les constats de la CNSA. Au niveau organoleptique, avec la réduction du volume d'eau disponible, il y a une augmentation de la densité de particules solides dans les eaux de sources non captées, avec risques de propagation de maladies diarrhéiques, étant donné que la population ne se donne pas trop souvent le souci de traiter l’eau puisée des sources ou même de continuer les pratiques d’hygiène dans ces moments

La production agricole et l'élevage ne sont pas épargnés par cette situation. La combinaison des incidences de la sécheresse récurrente sur la disponibilité en eau, l'agriculture et l'élevage, et les ressources halieutiques affectent grandement et simultanément les 4 piliers de l'insécurité alimentaire (Disponibilité, accessibilité, utilisation et stabilité). Suivant la dernière évaluation de la CNSA en termes d'IPC compatible, réalisée en Octobre 2015, il y aurait jusqu'à 11,430 personnes à Anse-Rouge et 10,207 personnes à Baie de Henne en situation de crise alimentaire.

Oxfam et ACF, qui travaillent en consortium depuis plusieurs années ont envisagé, à travers un financement d’ECHO d’adresser ces problèmes dans les sous-régions. Ces deux organisations mettent en œuvre deux programmes/projets : un projet renforcement des moyens d'existence des populations les plus vulnérables touchées par la sécheresse et les accompagner dans la protection de leurs actifs productifs et l'amélioration de leurs pratiques pour une meilleure résistance aux chocs à long terme - un projet de réduction de l’impact de la sécheresse au niveau d’Anse-Rouge et de Baie-de-Henne en assurant une meilleure gestion des périodes de sécheresse via le renforcement des capacités des populations et la mise en place de mesures de préparation adaptées au contexte. Ces deux actions sont strictement liées par le fait que l’une apporte une réponse à la situation de sécheresse qui a prévalu jusqu’en juin 2016 et la deuxième qui cherche à préparer la population à faire face à ce fléau. En d’autres termes, il s’agit de prendre deux voies distinctes et complémentaires en vue d’augmenter la résilience des communautés cibles.

Le second projet, qui vient de démarrer en juin 2016, comporte un volet consistant à mettre en place un mécanisme d’Alerte précoce à la sécheresse. Et le processus de mise en œuvre de ce mécanisme passera par une définition ou l’établissement d’un profil de risque de sécheresse pour le haut Artibonite et le bas Nord-Ouest, particulièrement sur les communes d’Anse-Rouge et de Baie-de-Henne. C’est à cet effet, que le Consortium Oxfam/ACF entend engager une personne morale ou physique expérimentée pour établir le profil de risques de sécheresse des communes précitées.

II- Résumé du Projet

Le projet qui a démarré au cours du mois de juin 2016, est mis en œuvre dans les communes de Baie-de-Henne (les 4 sections communales : 1ère Citerne Rémy, 2e Dos D'âne, 3e La Réserve, 4e L'Estère Déré) et Anse-Rouge (1ère section Plaine de l'Arbre et 2e section Sources Chaudes).
Le but est de Contribuer à une meilleure gestion des périodes de sécheresse via le renforcement des capacités des populations et la mise en place de mesures de préparation adaptées au contexte
De manière spécifique le projet vise à renforcer le système de suivi et d'alerte précoce à la sécheresse dans le cadre d'une meilleure planification de la gestion de l'urgence. Pour cela, trois principaux résultats sont attendus :
1. Un système intégré de suivi et d'alerte précoce à la sécheresse est fonctionnel dans les deux communes
2. Les communes d'Anse-Rouge et de Baie-de-Henne jouissent d'un dispositif communautaire innovant et accessible de distribution d'eau en période de sécheresse.
3. Les quartiers pauvres vulnérables et denses d'Anse-Rouge et de Baie-de-Henne ainsi que les communautés rurales reculées bénéficient d'infrastructures de conservation d'eau adaptées à leur contexte
Plus de 20,000 individus, les plus touchés par l’impact de la sécheresse et 32 organisations travaillant dans le secteur eau sont concernés par les activités et les résultats du projet.
Parmi les principales activités on peut citer :
 L’élaboration d’un profil de risque sécheresse pour le HA et le BNO (particulièrement Anse-Rouge et Baie-de-Henne)
 La constitution d'une Cellule de Suivi de l'Aléa Sécheresse dans chaque commune
 La révision des Plans de contingence d'Anse Rouge et Baie de Henne
 La mise en place d’un nouveau dispositif de collecte et de distribution d'eau en situation d'urgence pour les quartiers denses les plus affectés par la sécheresse
 La construction de 12 nouvelles citernes de 12 m3 reliées au SAEP de la DINEPA au niveau des quartiers denses de la ville d'Anse-Rouge et de Baie de Henne
 La construction de 6 micro-retenues d'eau de ruissellement à usage domestique et d'élevage en milieu rural reculé de Baie de Henne
Toutes ces activités devront être réalisées en coordination avec les entités régionales, départementales et communales de la DINEPA ; les entités départementales et locales du Ministère de l’Agriculture, du Ministère de la Santé publique ; les instances départementales de la CNSA/FEWSNET, les autorités communales et locales, les organisations de base intéressées par la sécheresse et l’exploitation des ressources en eau.

III- Objectifs de la mission

Objectif principal : La mission du/de la Consultant/e consiste à élaborer un Profil de risques de sécheresse pour le haut Artibonite et le bas Nord-Ouest, particulièrement dans les communes d’Anse-Rouge et de Baie-de-Henne.

Objectifs spécifiques :
1. Recherche et analyse des données hydrométéorologiques secondaires sur les deux communes auprès des institutions collectrices ;
2. Recherche et analyse de l’évolution des données socio-économiques et épidémiologiques liées à la dégradation des conditions climatiques dans les deux communes prévalence de l’insécurité alimentaire, la malnutrition et des maladies hydriques et , variation de la production agricole et élevage , indice des prix sur le marché local/régional et baisse de revenus etc…)
3. Analyse des vulnérabilités et des capacités d'adaptation à la sécheresse de la population des deux communes.
4. Montage du profil de risques de sécheresse en fonction des données collectées et analysées tout en intégrant les scénarios projetés de changement climatique


Description de taches

IV- Méthodologie


La méthodologie proposée pour cette consultation consiste à combiner les données techniques, collectées au cours des périodes précédentes par des institutions impliquées dans l’observation et le suivi du phénomène de sécheresse ou des modélisations, avec les informations primaires collectées auprès des acteurs locaux ayant subi l’impact du phénomène au cours des ans. Il s’agit précisément de consulter des entités comme la CNSA, la DINEPA, Le Service National des Ressources en Eau, Le Ministère de l’Agriculture, le Ministère de l’environnement, la Protection civile, à travers leurs structures départementales et locales pour retrouver les données susceptibles d’expliquer la situation de risques des deux communes et aussi des centres nationaux/internationaux travaillant dans la météorologie et la climatologie pouvant aider à l’acquisition de données par extrapolation ou modélisation en vue de pallier à la carence locale.

Cette méthodologie proposée passera par deux étapes essentielles :
1) Collecte d’information scientifique sur la variabilité du climat et sur la fréquence, la sévérité et l’étendue des événements climatiques extrêmes. Les indicateurs peuvent être les suivants :
- Tendances de la température
- Evapotranspiration
- Fréquence, intensité et étendue géographique des précipitations
- Changements dans la distribution saisonnière des précipitations
- Humidité du sol et sédimentation
- Niveaux de la nappe phréatique, des réservoirs
- Écoulements d’eau (débit de rivières, de ruisseaux et ravines)
- État de l’écosystème (changements dans l’usage des sols, dans la couverture végétale et dans l’état de santé de la végétation et des arbres, etc.)
- Évolution et incidence des phénomènes El-Niño et La-Niña
- Influence du changement climatique et projection pour le futur
Tout ceci amène à calculer, non sans se limiter à, certains indices comme : L’indice de sévérité de la sécheresse de Palmer – l’Indice d’humidité des cultures américain – etc.

2) Analyse de la vulnérabilité/résilience à la sécheresse
Il s’agit de mesurer la nature et l’ampleur des effets du danger de la sécheresse au cours du temps, en identifiant les conséquences directes et immédiates, particulièrement la baisse de rendement des cultures, les pertes de cheptel et la réduction du niveau de la nappe phréatique, et également suivre les impacts secondaires et de plus longue durée, tels que la perte de revenus et de moyens de subsistance, les migrations de populations, et certaines stratégies d’adaptations régressives (coupes effrénées des arbres et l’attaque des noyaux de production etc.)

Dans un souci d’harmonisation, la méthodologie de réalisation de ce profil de risques exige un haut niveau de coordination avec d’autres acteurs qui travaillent de nos jours dans la Gestion du risque de sécheresse dans le pays. Ensuite, elle demande une forte participation et implication des groupes communautaires et des autorités locales ainsi que les autres acteurs (ONG et structures locales des entités déjà consultées) pour analyser la vulnérabilité et les capacités d’adaptation à la sécheresse des habitants de Baie-de-Henne et Anse-Rouge. De plus, n accent particulier devra être mis sur la recherche de consensus institutionnel et communautaire sur la détermination des niveaux-seuils et la relation avec les mécanismes de réponse.

Au terme de toutes les recherches, le profil de risques qui sera monté devra être pré-validé par toutes les entités et secteurs impliqués, avant la validation finale par le Secrétariat Permanent de Gestion des Risques et Désastres, qui regroupe les principaux ministères concernés par la Gestion du Risque sécheresse en Haiti.

Tout ce qui précède n’est qu’une proposition méthodologique. Le/a Consultant/e ou la firme de consultation soumettra sa propre méthodologie tout en s’assurant que la démarche scientifique soit respectée et que les livrables soient possibles selon les exigences faites.

V- Livrables

Les livrables attendus de cette mission de consultation sont les suivantes :
- Un rapport d’avancement qui prend en compte l’analyse des données collectées pendant les 30 dernières années sur les conditions climatiques et hydrologiques, l’incidence sur les facteurs socioéconomiques, ainsi que l’analyse des vulnérabilités et capacités d’adaptation à la sécheresse.
- Le document du profil de risques de sécheresse ;
- Un rapport d’activités qui reprendra en détails la démarche suivie pour la réalisation du profil de risque avec notamment les comptes-rendus/procès-verbaux de réunion et de focus-groupes, les échanges de correspondance, des copies des documentations secondaires utilisées, des photos et témoignages collectés sur le terrain.
- Des recommandations en vue d’atténuer les impacts de la sécheresse et d’adaptation par groupe socio-économique.


Profil du consultant ou des consultants ou de la firme


VI- Profil du/de la Consultant/e ou la Firme recherché/e

Le/la Consultant/e doit avoir les qualifications et montré les compétences suivantes :
- Licence ou maitrise en sciences agronomiques, hydrologiques, en gestion des ressources naturelles et de l’environnement ou tout autre domaine connexe
- Maitrise des méthodes scientifiques et participatives d’évaluation des risques, particulièrement la sécheresse ;
- Maitrise des logiciels statistiques (JMP, SAS /STAT et R etc.)
- Avoir au moins sept années d’expériences dans la recherche et dans la conduite des évaluations et l’analyse des vulnérabilités et capacités par rapport aux désastres
- Expériences prouvées dans la mise en place de systèmes d’alerte précoce à la sécheresse, particulièrement le montage de profil de risque sécheresse;
- Expériences de travail avec des entités gouvernementales ayant un rôle clé dans la gestion de la sécheresse telles que la DINEPA, la CNSA, les Ministères de l’Agriculture, de la Santé Publique, de l’Environnement, le Système National de Gestion de risques et de désastres et/ou avec leurs structures régionales et locales.
- Fournir des références d’institutions pour lesquelles ces genres de consultation ont été déjà réalisés.

S’il s’agit d’une firme, il faut en plus fournir les preuves d’enregistrement légal et de conformité au fisc haïtien ou du pays d’origine.


Envoyer le pli à

Les offres doivent être soumises au plus tard le 14 octobre 2016, par email à l’adresse suivante : recrutementhaiti@oxfamintermon.org
Ou à:
Bureau Oxfam
3, Rue Pelerin 2A (Route de Kenscoff)


Autres remarques

VII- Calendrier d’exécution/Durée

La Consultation devra durer au maximum dix semaines. Mais les jours payés seront au plus trente (30) jours. Le consultant aura à soumettre un calendrier détaillé à sa proposition d’offre.

VIII- Logistiques

Les frais de déplacement et d’accommodation sont à la charge du/ de la Consultant/e ou de la firme. Cependant, Oxfam/ACF assurera l’hébergement au niveau des communes d’Anse-Rouge et/ou de Baie-de-Henne.

Les autres frais inhérents à la production ou reproduction des documents, les frais de nourriture ainsi que les dépenses didactiques (plumes, flip-chart, cahiers, crayons) ou autres matériels devant faciliter le travail sont à la charge du/de la consultant/e ou de la Firme.

Le staff du projet supportera le/a Consultant/e ou la Firme dans la mobilisation des acteurs locaux au niveau de Baie-de-Henne et Anse-Rouge. OXFAM/ACF fournira dans la mesure du possible une liste de contact des différentes entités nationales et départementales à consulter.

Nota : Baie-de-Henne et Anse-Rouge, étant des zones reculées et difficiles, les conditions d’hébergement et de nourriture sont très modestes.

IX- Composition de l’offre

L’offre sera composée de la manière suivante :

-Documents administratifs : Patente et quitus à jour pour les firmes
-Offre technique qui comprendra : Une note méthodologique incluant la compréhension des termes de référence et du travail attendu, la méthodologie proposée, le chronogramme d’activités. Y seront annexé le CV du / des consultants et leurs références pertinentes au regard du travail demandé.
-Offre financière incluant tous les frais afférents à cette consultance.