Destination Chili, entre un investissement profitable pour les jeunes immigrants Haïtiens et la responsabilité de l’état…de Pierre Max Gabriel Laneau| JobPaw.com

Destination Chili, entre un investissement profitable pour les jeunes immigrants Haïtiens et la responsabilité de l’état…


Ce n’est pas trop longtemps que la destination Chili est connue par tous les haïtiens. Si en 2006, le nombre des haïtiens rentré au Chili était 56, 113 en 2007, 304 en 2009 jusqu’à 2577 en 2013, la situation s’est largement évoluée durant les quatre dernière années. Ce qui pourrait mettre le nombre total des haïtiens vivant au chili à plus de 200,000 migrants en mars 2018. De 2006 à 2015 seulement 2,782 migrants haïtiens ont trouvé la résidence permanente au Chili et 8,888 ont un visa de résident temporaire de 2005 à 2015 (source :Boletin informativo no. 1- departamento de extranjería y migración). Ce qui veut dire, la majorité vit illégalement au Chili et sont obligée de leur mettre en règle pour éviter tout malentendu.

Il est à faire remarquer que le Chili n’est pas convoité uniquement par des jeunes Haïtiens, bon nombre de pays du même continent et ailleurs le voit comme une terre d’opportunité, le Pérou, la Bolivie, l’Argentine, la Colombie, l’Espagne et la Chine sont considérés aujourd’hui comme des pays fortement représentés au chili (mais avec une considération particulière). Et si l’on regarde les indicateurs potentiels de ce pays, on doit vite comprendre les opportunités qu’il peut bien offrir. L'une des économies les plus dynamiques d'Amérique latine, 38e économie mondiale avec un PIB supérieur à 400 milliards de dollars américains pour un revenu par habitant en PPA supérieur à 23 000 dollars américains et un taux de chômage autour de 6%.

Mais quel capital un jeune haïtien doit mobiliser pour aller au Chili ?

Pas besoin de mobiliser un gros capital pour fouler la terre chilienne. Une lettre d’invitation d’une personne vivant là-bas est le premier document qu’il faut avoir pour un cout moyen de $ 10 us; ensuite, une pièce d’identité valide plus précisément un passe port pour un cout moyen de $ 110 us, un billet d'avion qui peut couter en moyenne $ 1000 us et enfin près de US $ 1300 us d’argent de poche », telles sont les conditions imposées à ceux qui veulent s’y rendre. Ceci entant dit, si on veut vraiment se rendre au Chili on doit penser à mettre de côté $ 2700 us. A noté que 60% des personnes qui font cet investissement sont supportées par leur famille. De ce nombre, 80% sont des jeunes de 15 à 35 ans et la majeure partie de ces jeunes sont des professionnelles et universitaires. L’autre 40% correspond à des gens qui ont des biens et décident de les vendre, très souvent à bas prix pour compléter ou constituer leur fonds de déplacement.
Mais au-delà de l’argent, il y a un capital qu’on ne doit pas négliger, c’est le capital humain qui déploie toute son énergie pour fuir sans espoir ni intérêt de retourner.

Si la profitabilité est considérée comme étant le rapport entre le cumul actualisé des flux de trésorerie et le capital investi, en d'autres termes du rapport entre la valeur actuelle des mouvements de l’argent futurs et le capital investi, l’investissement fait par les jeunes pour aller au Chili est gagné d’avance. Même si pour beaucoup, le fait de s’y rendre là-bas est déjà un gain, mais tous partent pour un changement de vie, que ce soit pour subvenir aux besoins de leurs proches, pour travailler, mieux les nourrir ou gagner des sous pour faire rentrer des membres de leurs familles ou amis, il y a toujours une bonne cause. Jean Claude Pierre est âgé de 34 ans, il est mécanicien et conducteur d’engin lourd, constaté qu’il perd son temps en Haïti à rester sans rien faire, il laisse le pays pour se rendre au Chili. Apres une semaine, il a trouvé un travail et dès son deuxième mois là-bas, il commence à envoyer de l’argent pour sa femme. Neuf mois plus tard il a fait rentrer sa femme et son enfant.

Jean Claude Pierre est loin d’être la seule personne qui a fait cet exploit en arrivant là-bas. J’ose parler d’exploit parce qu’il a su mobiliser en neuf mois environ 5,500 USD équivaut à 3 289 230 CLP (1,00 USD = 598,08 CLP), pourtant en Haïti, c’est avec beaucoup de difficulté pour donner de quoi à manger régulièrement à sa famille, payer la scolarité de son enfant et prendre soin de lui-même.
Les jeunes haïtiens partent sans idée de retourner en Haïti. Nombreux d’entre eux ont fait leurs études classiques dans des écoles nationales, des lycées, des études dans des écoles professionnelles publique et même des universités publiques. L’état investit de l’argent provenant des taxes et des impôts des contribuables dans ces jeunes sans aucun retour.

Qui sont donc les principales victimes de cette dégradation ?

Si nous considérons la victime comme étant une personne ou une entité qui subit un dommage, un abus, ou un préjudice moral, ces migrants représentent les principales victimes. Et l’état haïtien est à la fois complice et tueur. Malgré les jeunes fuient le pays en nombre parce que personne ne se foutre de leur existence, malgré on les humilie partout, on les considère comme des maladies contagieuses, malgré on les maltraite, les tortue et les tue, personne n’a le courage pour dire halte là. Aucune politique réelle n’est mise en œuvre pour améliorer les conditions de vie des jeunes et diminuer leur obsession situationnelle vers l’étranger. Qu’attendons-nous donc ? La dégénérescence ou le chaos total ?

Pensez à stopper cette hémorragie et agissez vite !




Pierre Max Gabriel LANEAU
Comptable, Spécialiste en Commerce Int.
pmglaneau@gmail.com
Haïti, le 12 février 2018

Rubrique: Divers
Auteur: Pierre Max Gabriel Laneau | pmglaneau@gmail.com
Date: 13 Fév 2018
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