Cette sorcellerie qui handicape le développement nationalde Thomas Lalime| JobPaw.com

Cette sorcellerie qui handicape le développement national


La sorcellerie et la croyance qu'elle engendre alimente un climat de méfiance qui nuit à toute forme de collaboration efficace et rentable en Haiti.
La nouvelle courait déjà les rues depuis le début du mois d’août. Mais elle était trop délicate à commenter en public. Puis les commentateurs politiques se mettaient à en débattre. Garry Pierre Paul Charles, de Scoop FM, a vendu la mèche très tôt : « un conseiller du Conseil électoral provisoire (CEP) est atteint de schizophrénie. Il souffre d’un mal mystique. Il est victime de maléfice (ou de sorcellerie).» Il allait révéler plus tard qu’il s’agit du président du CEP, M. Max Mathurin. Jean Monard Metellus de Caraïbes FM est plus prudent. Il confirme tout simplement que Max Mathurin est malade. Il ne s’aventure pas sur les causes de sa maladie. Au contraire, il recommande que s’il doit être remplacé comme président, le CEP doit le garder en tant que conseiller. Ce qui a été fait le 9 septembre 2014.
Valéry Numa de Vision 2000 a pris tout son temps avant d’apporter les précisions suivantes sur page Facebook le mardi 2 septembre: « Je suis en mesure de confirmer que Max Mathurin va mal. Le président du CEP se trouverait actuellement quelque part dans le département de l'Artibonite en quête de traitement que nécessite son cas. Les photos dont je dispose de lui portent à croire qu'il serait dans une situation de démence. Vêtu d'une chemisette de couleur blanche et d'un pantalon noir, M. Mathurin rit sans cesse; tantôt il court...les pieds nus. Tantôt, il s'allonge sur le sol poussiéreux de la cour qui se propose de l'apprivoiser. Le président du Conseil électoral provisoire a l'air de quelqu'un qui est possédé par un quelconque loa, selon nos observations. » D’autres observateurs parleraient de zonbi à la place de loa ou de schizophrénie à la place de démence.
Je viens de citer ici trois des commentateurs politiques les plus écoutés en Haïti. On ne peut donc sous-estimer le poids de leurs commentaires dans l’opinion publique. Interrogé sur les informations faisant croire qu’il a été victime de sorcellerie qui l’a rendu fou et incapable de se contrôler, Robenson Geffrard du Nouvelliste rapporte les propos de M. Mathurin : «Dieu seul le sait, nous autres, on ne peut pas percer les mystères. Mais nous savons que Dieu sait tout…» (1)
Ces réponses n’ont en rien renseigné sur l’état de sa santé, encore moins sur les causes de sa maladie qu’il avait lui-même attribuées, selon Le Nouvelliste, à une rechute du Chikungunya. Mais le fait qu’il puisse répondre aux questions d’un journaliste serait déjà un bon signe. Sauf que, précise Valéry Numa, parfois il se comporte bien. La maladie se manifeste par intermittence.
La sorcellerie existe-elle en Haïti ?
Il s’agit d’ailleurs d’un domaine où les preuves scientifiques sont difficiles à obtenir. Je vais me contenter de rapporter quelques faits et d’analyser l’impact négatif de la croyance qu’ils engendrent sur le développement national. Sur l’existence de la sorcellerie, particulièrement de la zombification en Haïti, une vidéo est disponible à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=vfF5DT6lW-I.
Le narrateur, Valério Saint-Louis de Télé Image, n’a aucun doute : « le phénomène de la zombification existe en Haïti ». Les vodouisants, dit-il, en savent les tenants et aboutissants. Certains, poursuit M. Saint-Louis, savent comment « zombifier » quelqu’un ; d’autres, comment récupérer le zonbi. Les adeptes du vodou rétorquent très souvent pour affirmer qu’il y a une différence entre le vodou et la sorcellerie. Je n’entre pas dans ce débat.
Le reportage de Télé Image retrace l’histoire d’Adelin Séide, ce jeune compatriote de 30 ans du département du Nord-Est, père de deux enfants, qui a été déclaré mort le 2 mai 2010. Ses funérailles ont été chantées le 7 mai 2010 à l’église catholique de sa zone de résidence. Le soir venu, « quand on a été récupéré le zonbi », son père, muni d’une gigantesque bouteille aux allures effrayantes, a intercepté les malfaiteurs et récupéré son fils. L’histoire est racontée avec un luxe de détail par le père de la victime, plutôt fier de son exploit.
La Police nationale d’Haiti (PNH), témoigne le père d’Adelin Séide, lui avait prêté main forte. Son fils une fois rattrapé des mains des malfrats a été transporté chez le prêtre de l’église qui avait célébré ses funérailles pour « lui passer les cordons ». Comme le veut la tradition. Le même scénario s’est déjà produit à la cathédrale de Port-au-Prince. J’ai eu accès à l’e-mail d’un ancien curé de la cathédrale qui a raconté l’histoire à l’un de ses cousins qui vit à Toronto.
Adelin Séide, au moment du reportage de Télé Image disponible sur youtube, se trouvait en République dominicaine, où il recevait les soins sanitaires que nécessitait son cas puisque sa mésaventure pour le moins rocambolesque avait laissé des traces néfastes sur sa santé. Sans les soins médicaux intenses, confirme son père, il serait mort de nouveau. Et cette fois-ci pour de vrai. La PNH, selon la vidéo, a dépêché une équipe d’enquête d’abord au Nord-Est, puis en République dominicaine pour documenter le cas. Elle a pris les images de la victime à tous les niveaux du processus depuis sa récupération.
La mère d’Adelin, son père, sa sœur et des personnes qui ont assisté à ses funérailles témoignent du phénomène. Sa petite fille montre la robe qu’elle portait en ce jour funeste. Les habits que portaient Adelin sont également sauvegardés en lieu sûr par son père. Adelin a lui-même lâché quelques mots, non sans difficulté. Pour une rare fois, il semble que l’on dispose de tous éléments nécessaires à une investigation scientifique de la zombification en Haïti. Même les données médicales existent. Le dossier, tous les faits et indices, a été transmis à la justice pour suites légales, selon les déclarations du Directeur départemental de la Police nationale du Nord-Est, M. Fritz Saint-Fort.
Le cabinet d’instruction, poursuit-il, fait son enquête. Sauf que le cadre légal haïtien en la matière est défaillant. Or, il revient à la justice de se prononcer. On peut aboutir à un scénario où le cas est clos sans avoir fait toute la lumière sur la question. M. Saint-Fort avoue qu’il ne peut pas trancher malgré tous les éléments de preuve dont il dispose. Normalement, il devrait être en mesure de donner la position de la police sur ce sujet. Et de dire, d’après l’enquête policière, si l’on est en présence ou non d’un cas de zombification en attendant que la justice donne son verdict.
Ironie du sort, au Québec où le phénomène est moins répandu, il existe une loi sur la sorcellerie. L'article 365 du Code criminel québécois rappelle que quiconque « affecte d'exercer ou d'employer quelque magie, sorcellerie, enchantement ou conjuration; moyennant contrepartie [...] » est coupable d'une infraction. Le jeudi 17 avril 2014, Yacouba Fofana a été arrêté pour sorcellerie au Québec en vertu de cette loi. Ne faut-il pas penser en Haïti à une loi sur la sorcellerie ?
Le cas d’Adelin Séide est loin d’être isolé. Je l’ai choisi parce qu’il semble assez bien documenté par les autorités haïtiennes. Les cas où une personne est donnée pour mort pour ensuite revenir à la vie à la pompe funèbre sont souvent rapportés par la presse haïtienne. Le problème est devenu tellement préoccupant qu’un ex-commissaire du gouvernement, M. Jean Renel Sénatus, s’en était mêlé pour limiter les dégâts. Comme il est souvent rapporté par la presse locale, les croque-morts vont lyncher la personne donnée pour morte et les pompes funèbres en question incendiées par les proches et sympathisants de la victime.

Radio Kiskeya avait publié sur son site Internet (http://radiokiskeya.com/spip.php?article8841), le jeudi 24 mai 2012, un article intitulé « Un supposé mort retrouvé en vie à ses funérailles, le choc insoutenable » dans lequel il est décrit en détail un des cas qui ont retenu l’attention. Un extrait : «Massacré selon toute vraisemblance par des croquemorts, Jean Wilbert Elma était méconnaissable et avait le corps ensanglanté lors de la cérémonie interrompue jeudi matin à l’église dans le bruit et la fureur, après l’intervention spectaculaire des autorités judiciaires et policières ; cinq présumés auteurs de ce décès atroce intervenu quelques heures plus tard arrêtés et les entreprises funèbres Marcellus fermées.

Le texte poursuit : «Agent de sécurité à l’ambassade américaine, M. Elma, 53 ans, avait été déclaré mort le 15 mai dernier peu après son hospitalisation à la suite d’une crise d’hypertension artérielle. Il continuait de garder ses fonctions vitales malgré de violents coups qui lui auraient été assénés à la morgue privée. Les entreprises Marcellus, un sous-traitant où le présumé cadavre avait été acheminé par Les entreprises Shalom qui opèrent également dans l’industrie funéraire. Victime d’une grave hémorragie, le quinquagénaire avait le front et les oreilles transpercées par on ne sait quel objet, une jambe brisée et une autre brûlée. Il a été retrouvé solidement attaché dans la bière, les yeux et la bouche cousus avec de la colle Crazy Glue appliquée dessus. Son décès devait être finalement constaté dans la journée à l’Hôpital de l’université d’Etat (HUEH). »

Les méfaits d’une telle pratique ou d’une telle croyance

Comme dans le cas d’Adelin Séide ou de Jean Wilbert Elma, il est difficile de faire la preuve scientifique que la maladie de Max Mathurin résulte d’un acte de sorcellerie. Dans le cas d’Adelin Séide, son père a révélé qu’il s’agissait d’un poison. Un peu bizarre puisque l’on aurait conclu à une mort normale par poison. Un interlocuteur récalcitrant peut argumenter qu’il s’agit de simples coïncidences, que les concernés n’étaient pas réellement morts ou que les témoignages, malgré leur pertinence et leur vraisemblance, sont faux… Ce qu’on ne pourra pas nier et que l’on pourra démonter scientifiquement c’est que ces phénomènes ont contribué à perpétuer une pensée magico-religieuse néfaste pour le développement national.

L’Haïtien cherche trop souvent des solutions magiques à ses problèmes réels, même les plus simples. Il va consulter un hougan quand, en fait, il souffre du choléra. Et comme le délai de réaction est court dans le cas du choléra, plusieurs compatriotes vont mourir innocemment. Les hougan sont beaucoup plus sollicités que les scientifiques et les médecins. Dans son émission Vision 2000 à l’écoute du mercredi 3 septembre 2014, Valéry a brossé un portrait de ces pratiques.

Dans toutes les régions du pays, mentionne-t-il, on remarque ces maisons avec ces drapeaux de différentes couleurs : les hounfort. Leurs prioritaires : les bokò, les houngan et les mambos. Leurs clients, rappelle Valéry Numa : « Fanm kal pou kenbe gason, fanm kal pou detounen gason, fanm kal pou jwenn gason. Gason kal pou menm bagay yo. E nèg kal mete gason sou yo.» Ce marché existe parce qu’il y a à la fois une offre et une demande. La pratique dépasse même les frontières haïtiennes puisqu’on remarque dans certains carrefours dans les rues Little Haiti à Miami et dans certains endroits à New York des Ti kwi, des manje loa.

Valéry Numa indique que quelqu’un qui est possédé par un zonbi fait face à trois choix : le jeûne à l’église, consulter un médecin à l’hôpital ou consulter un houngan. Certains choisissent deux des trois, voire les trois. Les parents de Max Mathurin auraient pris, selon le journaliste, la troisième option. Il arpenterait plusieurs endroits. Tantôt il est dans le département de l’Ouest, tantôt dans celui de l’Artibonite.

Cet environnement a conduit un grand nombre d’Haïtiens à développer une forme de paranoïa. On raconte souvent le cas de Roger Lafontant, médecin de formation, mais qui consultait un houngan au moindre mal de tête ou pour prendre les décisions les plus importantes. La science est alors reléguée aux calendres grecques. On trouvera, nous dit Valéry Numa, un ministre, nouvellement nommé, qui n’utilisera pas la voiture de l’État qui a été affecté au service de son prédécesseur. Les meubles, mêmes neufs, seront remplacés. Quel gaspillage de ressources dans un pays pauvre ? Pire encore, poursuit l’animateur, certains dirigeants vont pénétrer leur bureau de travail de dos. Jamais de face. Cela montre comment une croyance peut influencer la façon de penser et d’agir des gens, quelque soit leur niveau d’éducation.

Pour certains, le houngan deviendra le premier conseiller. Valéry confirme que Max Mathurin a retrouvé un de ses collègues conseillers électoraux chez le même houngan qu’il consultait. Mais, lui, il ne cherchait pas de guérison, il voudrait plutôt devenir président du CEP, en remplacement de M. Mathurin. On comprend la méfiance qui va régner entre les deux quand M. Mathurin retrouvera son siège au CEP.

Un ami, détenteur d’une maitrise en économie, qui travaillait à l’une de nos plus grandes banques m’a avoué avoir été sauvé de justesse par un franc-maçon. Selon lui, il a été victime de la jalousie d’un collègue. Il a, dit-il, été obligé d’abandonner son poste. Un autre, du même niveau académique, responsable d’une succursale d’une autre grande banque, m’a confié que la majorité des collègues de son rang, pour se protéger de la sorcellerie, se sont initiés à la franc-maçonnerie. Il essaie d’y résister mais il pense par moment à laisser le pays. D’autres compatriotes ont peur d’occuper des fonctions de hautes responsabilités par crainte d’être persécutés.

À l’émission du 3 septembre de Valéry Numa, un individu qui argumente avec élégance son point de vue, donc apparemment d’un haut niveau académique, affirme péremptoirement que « si Max Mathurin ne consulte pas un bon houngan, il sera mort comme Choiseul Henriquez qui a été désigné ministre mais qui n’a pas eu le temps d’être installé.» Cet auditeur a assimilé la sorcellerie à l’identité culturelle du peuple haïtien ; importé, dit-il, de l’Afrique. Il a, par ailleurs, plaidé pour la sauvegarde de cette identité.

On peut cependant mentionner les conséquences néfastes de la sorcellerie et de la croyance induite sur le développement national. La méfiance qu’elle engendre existe à presque tous les niveaux en Haïti. Dans certaines administrations publiques. Mais aussi dans la sphère politique. Quand au monde des affaires, on constate que la quasi-totalité des entreprises privées en Haïti sont des entreprises individuelles. Tant les Haïtiens se méfient des partenaires.

Cette méfiance nuit à toute collaboration efficace et rentable. La pensée magico-relieuse qu’il génère empêche très souvent à la grande majorité, y compris les dirigeants, de poser les problèmes nationaux de façon scientifique et rationnelle. Elle conduit également à une mauvaise utilisation des ressources financières : le cas de ces dirigeants qui ne veulent pas utiliser les biens-meubles laissés par leurs prédécesseurs. Il est quasiment impossible de trouver un contremaitre pour continuer un chantier initié par un prédécesseur. Il est presque devenu une norme en Haïti qu’un travailleur manuel doit refuser de poursuivre le travail d’un autre. Ce qui réduit la concurrence dans le secteur et influe négativement sur le rapport qualité/prix des travaux. D’autre part, un gestionnaire ou un chef de projet va réfléchir plus d’une fois avant de révoquer un employé inefficace.

La sorcellerie et la croyance qu’elle engendre ruinent les familles. Le père d’Adelin Séide avoue qu’il ne dispose plus les moyens de se payer les médicaments de son fils. Puisqu’après avoir payé les funérailles de son fils, il ne reste plus un sou. Pire, la bouteille magique qui lui a permis de récupérer son fils lui a coûté plus de 50 000 gourdes qu’il a contracté comme dette. Le Directeur départemental du Nord-Est, M. Fritz Saint-Fort, a dû payer de sa poche les coûts en pesos d’une des prescriptions médicales, selon la vidéo.

Si l’on peut considérer le cas de M. Mathurin, on imagine les déboires d’une paisible famille en détresse. Cette expérience laissera des douloureuses cicatrices difficiles à effacer. Il peut toujours s’agir d’une coïncidence. Mais, un de ses amis qui a fait les études primaires et secondaires avec lui à Léogane m’a confirmé que Max Mathurin n’avait jamais connu de pareilles troubles mentaux dans sa vie.

Les premiers signaux étaient constatés ce soir lorsqu’il revenait d’une réunion au Palais national où il somnolait pendant toute la rencontre. Il dormait encore dans sa voiture de fonction qui le ramenait chez lui quand, arrivé à Gressier, il s’est brusquement réveillé en catastrophe pour réclamer les clés de la voiture au chauffeur. Celui-ci, aidé des autres passagers, a été contraint de s’arrêter pour maîtriser de force la victime afin de le ramener chez lui. Par la suite, il se comporte, selon les témoignages de son ami en date du 5 septembre 2014, comme décrit Valéry Numa dans son message.

Dans de telles circonstances, les simples citoyens, incapables de faire toute la lumière sur le phénomène observé, que ce soit dans le cas d’Adelin Séide, ceux de Jean Wilbert Elma ou de Max Mathurin, vont se fixer des croyances qui vont s’ériger en institutions informelles. Celles qui, comme le démontre North Douglas, prix Nobel d’économie en 1993, façonnent le comportement humain et influencent leurs préférences et leurs décisions. Et ce, indépendamment de leur véracité et de leur fondement scientifique. Ces trois dernières décennies, les théoriciens des jeux ont analysé l’impact des croyances sur les actions des agents économiques.

Les cas mentionnés dans ce texte ne sont que le symptôme d’un phénomène beaucoup plus répandu qui mérite une mûre réflexion et une plus grande prise de conscience. Deux amis africains, l’un camerounais, l’autre sénégalais, m’ont informé que chez eux, le phénomène de la sorcellerie est plus ou moins maîtrisée, à travers les chefs de village qui jouent également le rôle de chef spirituel et qui interviennent lorsqu’un cas suspect a été soupçonné. Si le secteur était mieux structuré en Haïti, on pourrait penser à une formule similaire.

La France pré-moyen-âge se préoccupait également des lougarou, elle a dû briser cet obstacle et passer à l’âge de la science, nécessaire au développement national. Il faudra un pareil sursaut chez nous. Dans combien de temps ? Il faudra d’abord commencer par prendre conscience de l’ampleur du problème et la nécessité d’y réfléchir sérieusement.

1) http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/133864/Max-Mathurin-va-bien-il-na-eu-rien-dautre-que-le-chikungunya.html
Rubrique: Economie
Auteur: Thomas Lalime | thomaslalime@yahoo.fr
Date: 16 Sept 2014
Liste complète des mémoires et travaux de recherche