Une dépréciation de la gourde, avantage ou désavantage ? de Jude Lalanne| JobPaw.com

Une dépréciation de la gourde, avantage ou désavantage ?


Une dépréciation de la gourde, avantage ou désavantage ?
Dans quel contexte ?

Vendredi, 12 Avril 2013, le taux de change est de 43.50 gourdes pour $1 USD, soit le taux le plus élevé depuis 2005. Cette situation semble faire le bonheur des apprentis spéculateurs sur la monnaie (John Menard Keynes, demande de la monnaie).
Par définition le taux de change d’une devise est la valeur de cette devise par rapport à une autre. Cette valeur relative est aussi appelée « parité d’une monnaie ».
Au niveau individuel, pour ne pas dire micro, les effets du taux de change sont connus de tous. Avec un taux de 43.50gdes pour un $1 USD, qui n’aimerait pas recevoir un transfert d’un proche des Etats-Unis ? Car l’équivalent gourdes est plus élevé qu’il ne l’a été y-a une semaine. Et qui aimerait acheter des dollars pour une transaction avec un taux de change aussi élevé ?
Mais au niveau macro, est-ce que les gens sont bien imbus des effets du taux de change ? Quels sont les effets du taux de change sur les prix, facteur dont l’influence sur des variables macro-économiques clés est prépondérante.
Notre analyse se reposera sur l’hypothèse suivante : dépendamment qu’un produit soit consommé sur le marché national ou sur le marché international, que ses matières premières proviennent du territoire national ou de l’extérieur, l’impact du taux de change sur le prix, par extension sur le niveau de consommation du produit sera positif, négatif ou nul.
Produits dont la transformation ou l’assemblage des matières premières étrangères se fait en Haïti et produits étrangers, qui se vendent sur le marché national.
L’achat des produits et des matières premières étrangers se fait en devise étrangère, généralement en dollar américain ($ USD).
Si avant pour une transaction de $15 USD, on avait besoin d’un équivalent gourde de 622.5gdes (15×41.50, soit 41.50 le taux de change du jour de référence). Aujourd’hui avec un taux de change de 43.50gdes pour $1 USD, toujours pour se procurer des $15 USD, on aura besoin de 652.5gdes. Soit 30gdes de plus.
Si l’on veut toujours garder la même marge bénéficiaire, une augmentation des prix de vente s’avèrera obligatoire. D’où, une augmentation du taux de change entraine une augmentation des prix des produits étrangers et des produits dont les matières premières sont achetées à l’étranger.
Produits locaux (matières premières locales) qui se vendent uniquement sur le marché national.
Selon la note de la Banque Centrale (BRH) de janvier 2013 et effective à partir du 4 février 2013, aucune transaction sur le territoire national ne peut désormais être exigée en devise étrangère. Ainsi, le taux de change n’a aucune influence, toute au moins directe, sur le prix des produits locaux qui se vendent uniquement sur le marché national.
Produits locaux (matières premières locales) qui se vendent sur le marché international.
Si avant un consommateur étranger avait besoin de $15 USD pour acheter un produit qui se vend à 622.5gdes, car le taux était de 41.50gdes pour $1 USD, aujourd’hui, ce consommateur étranger aura besoin de $14.31 USD. Soit, $0.69 de moins.
On peut déduire alors qu’une augmentation du taux de change engendre automatiquement une diminution relative des prix de vente des produits locaux sur le marché international. Ce qui rendrait les entreprises nationales plus compétitives.

Pour écraser la concurrence externe et encourager la consommation des produits nationaux (produits finis, matières premières), un taux de change plus ou moins élevé pourrait être un outil très efficace (la chine se fait champion dans ce domaine).
Mais dans un pays où la demande, dans presque tous les domaines est satisfaite par des produits étrangers, où la production est quasi insignifiante, une augmentation du taux de change ne serait-elle pas une condamnation à l’inflation ? Une attaque directe contre les milliers de commerçant(e)s qui achètent au Panama, à Cuba, en République Dominicaine et autres, eux qui constituent le poumon de l’économie Haïtienne ?
S’il est vrai qu’il faut relancer la production nationale, l’investissement direct étranger (IDE), etc, il faut toutefois s’attaquer aux vrais obstacles et ne pas scier la branche sur laquelle on est assis.
NB : texte inspiré de mon intervention à la 2~réunion type A du Club ECHO de l’ENST, le 13 Avril 2013, sur le thème : présentation des indicateurs économiques et financiers.

Jude LALANNE
Président du Club Entrepreneur Etudiant de l’ENST
Membre du Club ECHO de l’ENST

Rubrique: Economie
Auteur: Jude Lalanne | lalannems@yahoo.com
Date: 21 Avril 2013
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