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Situation à Port-au-Prince


Merci de faire circuler aux amis et proches vivant à l’étranger pour qu’ils aient une idée et commentent la situation à Port-au-Prince
Hier mardi 12 janvier 2010 vers les 16h35, j’ai laissé le bureau et de la voiture j’ai appelé un vieil ami Christian Robert Hilaire (avec qui j’ai étudié en France) qui habite à Mariani (banlieue sud de Port-au-Prince). Je suis arrivé chez moi vers les 16h52 et le temps d’ouvrir la porte, j’ai entendu un fort grondement sortant de nulle part et brusquement, une forte secousse (estimée plus tard à 7.3 sur l’échelle de Richter) commença à faire trembler littéralement toute la maison. Ne pouvant pas bouger, je me suis allongé par terre en essayant de ramper pour sortir de la maison tout en observant comment tout (voiture, plante, maisons, etc.) tout bougeait à coté de moi. Après 30 secondes à couper le souffle, la secousse a terminé et des cris de détresse venaient dans tout le voisinage. Des nuages de poussière s’élevèrent dans les environs. La cloture arrière de ma maison s’est effondrée. La maison (de 2 étages) du voisin s’est littéralement effondrée. Tous les voisins se réunissaient dans ma cour, pleurant et discutant de l’événement pendant que tous essayaient d’appeler leurs proches. Les communications téléphoniques avec des compagnies téléphoniques comme Digicel, Voilà, Teleco, Haitel étaient presque impossibles. Par contre, certains abonnés de Haitel réussissaient à se communiquer. Plus tard, des abonnés de Voilà et de Digicel arrivaient difficilement à se parler.

J’essayais d’appeler des amis, des membres de la famille qui étaient dans la zone du Palais National et du palais des Ministères. La communication ne passait pas. Soudain, un vieil ami (Windsor Calixte) arriva chez moi, expliquant comment il a réussi à sortir de la zone de l’aéroport pour arriver à Pétion-Ville, comment des bâtiments s’effondraient de chaque coté de la route, un peu comme dans le film 2012. Il m’apprendra que son beau-père (Charles) a été enseveli sous la maison familiale (de la rue Capois) écroulée, n’ayant pas eu le temps, contrairement aux autres membres de la famille de quitter la maison. Il a croisé sur la route mon ancien prof, le brave Frantz Vérella (ancien Ministre Travaux Publics) derrière une moto. Plus tard, nous apprendrons qu’il s’est rendu directement au Palais National, pour apporter son support dans l’évaluation et la coordination au Président Préval. Ce dernier, ensemble avec Frantz Vérella, le Premier Ministre et le Ministre de l’Intérieur Paul Antoine Bien-Aimé, aurait passé la nuit et l’aube à faire une évaluation complète des dégâts causés par ce séisme qui a dévasté la ville de Port-au-Prince

N’ayant pas réussi pas à parler à mes proches et amis, j’ai pris la résolution de descendre en ville, dans la zone de l’Ambassade de France, du Palais National et du Palais des Ministères. Je suis parti à pied (espérant prendre une moto) car la circulation en voiture était difficile (pour ne pas dire impossible). De Pétion-Ville, je descends et passe par Delmas 95. Le super marché Caribbean Market est totalement effondré, ensevelissant probablement des employés et responsables du Magasin et écrasant totalement les voitures passant à coté du Super Marché.

Je longe à pied la route de Delmas (après Delmas 95), constant que des écoles et églises immédiatement après le Caribbean Super Market sont totalement écroulées (une seule église un peu plus distante de la route de Delmas a été épargnée). Le Magasin Gama un peu plus bas a été épargné. Plus loin, le Commissariat de Delmas est endommagé, blessant et tuant des policiers, réduisant leur capacité d’intervention.
En entrant à Delmas 60, je constate que l’ancien super marché Eagle a été endommagé. Presque toutes les clôtures de Delmas 60 sont par terre. Au carrefour de la primature, des milliers de personnes se sont massées, soit par terre, soit à coté de leur véhicule. J’ai remarqué que l’homme d’affaires Gregory Mevs (avec sa famille) était parmi les gens.

Je longe la route de Bourdon vers Lalue. Les clôtures de Cercle Bellevue se sont écroulées. La résidence de l’Ambassadeur français en Haïti M. Le Bret a été touchée, forçant l’ambassadeur Français à se réfugier dans l’Ambassade de France à la rue capois (selon les propos du Président. Préval dans une interview). Plus bas, les hotels Christopher, Saint-Louis de Bourdon logeant de hauts cadres de la Minustah ont éte détruits, blessant et tuant des membres de la Minustah, dont le Chef de la Mission, M. Heidi Hanabi (à la famille de qui le Président. Préval envoie ses sympathies dans une interview radiodiffusée sur Caraïbes FM).

Descendant Lalue, je constate l’effondrement de plusieurs bâtiments dans la zone de l’Ecole Supérieure d’Infotronique ESIH (qui, je ne sais pas, si elle a éte touchée). Par contre, l’Université de Port-au-Prince, haut de plusieurs étages, s’est effondrée, blessant et tuant des étudiants qui étaient venus suivre des cours l’après-midi. Tard, dans la soirée, des parents étaient venus s’enquérir et des responsables citaient les noms de ceux qui étaient allés à l’hôpital. Beaucoup manquaient à l’appel. L’Université GOC s’est aussi effondré, laissant beaucoup d’étudiants sous les décombres, appelant au secours.

Passant par Bois-Verna, une école « jardins d’enfants, probablement », se trouvant en face du bâtiment de la TELECO (fissurée), est totalement effondrée, tuant peut-être des enfants. Par contre, la situation au Bois-Verna est moins catastrophique, jetant partiellement quelques clôtures.

A la rue Capois, le super marché Big Star Market (à coté du Rex Théatre) est effondré, ensevelissant des voitures qui étaient garées autour. L’école Saint-Pierre, l’Hotel le Palace ont subi le même sort.

Sur le champ de mars, le palais national, le palais des ministères (Ministère Planification, Finances, Travaux Publics, Santé, Intérieur) se sont écroulé. La Direction Générale des Impots s’est effondrée, laissant sous les décombres employés et aussi le Directeur Général (qu’on cherchait à extraire ce matin). La Cathédrale de Port-au-Prince a connu le même sort. Le Parlement n’a pas été épargné et des employés et parlementaires (Président de l’Assemblée Nationale Kelly Bastien, Senateur Lambert) ont pu être extraits le lendemain sous les ruines.

Logeant la rue Romain et aboutissant à la rue Magloire Ambroise, un batiment de plusieurs étages s’est écoulé. Remontant à la rue Marcelin et la rue Capois, je recontre des amis et proches qui se sont tous réfugiés dans une Salle du Royaume de la rue Capois. Des frêres et sœurs des congrégations de témoins de Jéhovah avoisinantes se sont entraidés et ont passé la nuit par terre sur la cour de la Salle du Royaume.

A l’angle de la rue Capois et la rue Cameau, le Bâtiment de la Unibank s’est effondré, laissant dans le désarroi des employés qui appellent à l’aide. En face, habitait une famille proche (les Charles) dont le père mort a été extrait aujourd’hui vers les 14h sous les décombres.

Un peu plus haut, les hotels Oloffson et Castel Haiti (vide) se sont effondrés.

Après avoir parcouru 7 km de Pétion-Ville au Centre-Ville et voyant que tous mes proches et amis étaient bien, je retourne chez moi à Pétion-Ville, passant par l’avenue Jean-Paul II. Cette rue est la plus touchée. L’école Sacré Cœur, l’Eglise Sacré cœur, le Ministère des Haïtiens Vivant à l’Etranger, le Super Market Twins, le Collège Canado, l’Hopital de Turgeau sont tous sous les ruines. Croisant la rue Martin Luther King, le l’hôpital SODEC et d’autres bâtiments avoisinants sont par terre. Passant par le Batiment de la Teleco et la rue rivière où se trouve l’Université de Port-au-Prince où des centaines de parents sont aux abois, devant l’écroulement de l’école

Arrivant au carrefour de la Primature, j’ai appris que l’hotel Montana et d’autres bâtiments avoisinants comme la CGF (avec un collègue à l’intérieur) ont cédé eux aussi, laissant ensevelis des centaines de personnes (personnel et guests, la majorité des gens en mission).

Le soir, vers minuit, j’ai pu rentrer chez moi après avoir parcouru plus de 20 km pour constater les dégats matériels et les pertes en vie humaine (jusqu’à présent) inestimées. J’ai tenté d’appeler de vieux amis et collègues pour leur alerter de la situation, de la nécessité de déblayer les rues pour faire acheminer les secours. Mais, en vain ! J’ai reçu l’appel d’un collègue Jacques Michel Gourgues qui m’informa que tout le monde allait bien et qu’on s’inquiétait pour Hélène Rivard (collègue du CGF) et aussi Raymonde Chantigny (qui était à l’hotel Montana) qui n’a rien apparemment, selon Dominque Rossetti, un autre collègue joint par téléphone ce matin.
Finalement, je m’assoupissais dehors dans la voiture avec des voisins dans le quartier, attendant ce qu’apporte le lendemain, ne sachant si on allait se réveiller.

Ce matin, je me suis réveillé avec un appel d’abord de Anushha, puis de Yannick Hingorani, puis de Maria Kim qui m’informèrent de la situation à l’ambassade de Canada et des nouvelles de Natalie Patenaude, de l’ambassadeur Gilles Rivard et de sa femme, sans compter des employés qui se sont réfugiés à l’ambassade.

Mon ami Windsor Calixte est sorti et me rapporte les dégats causés par l’effondrement de la CitiBank de Delmas, tuant à l’intérieur Jean-Alix Auguste (un cadre très ancien de la Citi). Il m’expliqua que le Centre-Ville (BelAir, Perpétuel, Cité Soleil) est totalement dévasté.
Cela dit, ce petit tour de la Capitale (sans compter les banlieues Sud de Carrefour, Mariani, etc.) et les zones comme Péguy-ville, Kenscoff, Fermathe, etc. vous donne une idée des dégâts causés par ce séisme de 7.3 sur l’échelle de Richter.

Des amis et proches du Gouvernement (dont enfant du Ministre des Finances, Baudin, enfant du Musicien Marcus Garcia) périrent. Les père et mère du Ministre Delatour sont encore sous les décombres. Le Chef de la MINUSTAH périt aussi sous l’effondrement du bâtiment. Le Chef de l’Etat, dans une interview radiodiffusée, leur a présenté leurs condoléances et aussi expliqué la raison de son silence entre hier et aujourd’hui, le temps de faire une évaluation plus ou moins globale des dégâts. Ce qui lui permettra de faire une estimation des besoins avant de faire appel au secours international. Le Président a aussi expliqué qu’il était, ensemble avec son Premier Ministre, son Ministre de l’Intérieur et Frantz Vérella (ancien Ministre des Travaux Publics), en train de parcourir la ville, faisant une estimation des besoins suite aux dégâts. Il a souligné que les hôpitaux sont soit détruits, soit bondés de blessés, de cadavres dans les morgues, qu’il n’y a plus de médicaments. Ce qui nécessité un appel d’urgence de premier secours.

Il a fait appel à la Solidarité de tout un chacun, et aussi des entrepreneurs pour Eau, Médicaments, Camion. Il a souligné comment des institutions comme la Primature, les Frères de Saint-Louis ont mis leurs locaux à la disposition des sinistrés.

Le Chef de l’Etat a mis en évidence la nécessité de débloquer les routes, de porter secours aux gens sous les décombres, aux blessés. Il va utiliser les moyens nationaux tout en faisant appel à la communauté internationale. Il va créer une cellule de crise sous l’égide de Paul Antoine Bien-aimé, son Ministre de l’intérieur.

Si vous lisez ce blog, merci de le distribuer des amis et proches d’Haïti afin qu’ils aient une idée de la situation réelle.

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Rob Waddle, depuis Port-au-Prince, Haiti.
Tel : (509) 3717 9232
E-mail : rwaddle@gmail.com
Rubrique: Divers
Auteur: JobPaw (JobPaw) | info@jobpaw.com
Date: 13 Jan 2010
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