Statistiques sur les salaires de la fonction publiquede ERNEST DORILAS| JobPaw.com

Statistiques sur les salaires de la fonction publique


Pour chaque hausse de 1% des prix, le fonctionnaire public enregistre une perte de pouvoir d'achat de 0.28% tous les ans.
L’Administration Publique Haïtienne est le vecteur par lequel passent toutes les mesures de politiques publiques de l’Etat. Compte tenu de sa réalité transversale, files d’attentes, lenteur, coûts élevés, conditions d’accueil, conditions d’accès et autres, pour plus d’un elle est considérée comme un instrument d’accomplissement des politiques publiques nationales inefficace et inefficient. Il n’est donc guère surprenant que le personnel de la fonction publique soit mal rémunéré. Appelé chômage déguisé par certains, perte de temps par d’autres, le travail du personnel reste et demeure le pivot sur lequel repose l’appareil de l’Etat dans son ensemble. En décembre 2013, la fonction publique compte 72217 fonctionnaires environ. Quels sont les détails statistiques qui entourent le profil du salaire d’un fonctionnaire ? Un fonctionnaire public, peut-il espérer une vie meilleure ? Sinon, à combien s’élève sa perte de pouvoir d’achat lorsque les prix des produits augmentent ?
Dans le cadre de cette étude, une boite à moustaches (Box & Whiskers Plot) a été utilisée dans le but d’identifier clairement certaines réalités abstraites dans la série des salaires au niveau de la fonction publique. En effet, on a pu constater que le quart des fonctionnaires de faibles salaires se situe entre 5000 et 10530.97 gourdes le mois. Sur la base de ces calculs, un nombre de 18054 fonctionnaires ont un salaire inferieur à 10531 gourdes le mois, soit l’équivalent de 239 dollars US. De l’autre côté, 50% des fonctionnaires ont un salaire inferieur à 16062 gourdes le mois. Tandis que 75% des fonctionnaires publics ont un salaire inférieur à 25715 gourdes le mois.
Au travers de ces calculs, il est envisageable de parler d’une certaine homogénéité au niveau des salaires de la fonction publique. Puisque seulement quelques gourdes les séparent. Ainsi, trois méthodes ont été utilisées pour mesurer la concentration au niveau des salaires de la fonction publique : le rapport de l’écart Médiale-Médiane à l’intervalle de variation, la courbe de concentration de Lorenz et l’indice de Gini. Pour sa part, le rapport de l’écart Médiale-Médiane à l’intervalle de variation estimé à 0.0345, permet de conclure à une faible concentration au niveau de la fonction publique. Etant donné que, l’aire de concentration n’est pas trop écartée de la ligne d’égale répartition, la courbe de Lorenz a révélé une faible concentration. Il en a résulté un indice de Gini estimé à 0.3034. Par conséquent, on peut conclure qu’il n’y a pas de trop grand écart entre les salaires au niveau de la fonction publique. Ce qui n’est pas synonyme d’une bonne rémunération pour autant. De plus, il faut noter que les ajustements de salaires de certains grands commis de la fonction publique ne sont pas pris en compte dans cette étude.
D’octobre 2007 à octobre 2012, sur l’ensemble de la période, le salaire moyen a augmenté de 27.56%. Tandis que pour cette même période, l’Indice des Prix à la Consommation a augmenté de 39.72%. Donc, le taux de croissance annuel moyen du salaire moyen au niveau de la fonction publique est de 4.14% contre 5.73% pour l’IPC. Par rapport à une hausse de 1% de l’IPC, le salaire du fonctionnaire public n’augmente que de 0.72%. Cette inélasticité des salaires par rapport au prix, est révélatrice d’une perte de pouvoir d’achat du fonctionnaire estimée à 0.28%. Par conséquent, pour chaque 1% de hausse des prix, le fonctionnaire public enregistre 0.28% de perte de pouvoir d’achat tous les ans.
A partir des résultats présentés ci-avant, il faudra 17 ans à un taux de croissance annuel moyen de 4.14% pour doubler le salaire moyen au niveau de la fonction publique, soit en 2029. Tandis qu’il faudra seulement 12 ans à un taux de croissance annuel moyen de 5.73% pour que l’IPC double son rythme, soit en 2024.
Les résultats de cette étude ont montré qu’un fonctionnaire de la fonction publique n’a pas le droit d’espérer à une vie meilleure, si les politiques de rémunération ne changent pas. La hausse des prix qui résultera des jeux de l’offre et de la demande des biens et services viendra de toute évidence effriter son pouvoir d’achat, l’empêchant ainsi : de manger à sa faim convenablement, de construire un immeuble, d’aller à l’hôpital ou même de se payer le luxe de voyager.




Fait à Port-au-Prince, le 9 Décembre 2013
Par : Ernest DORILAS, Économiste, consultant junior.

Rubrique: Economie
Auteur: ERNEST DORILAS | ernestdorilas@yahoo.fr
Date: 12 Dec 2013
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