Diaspora professionnelle Grand'Anselaisede Phanel Xavier| JobPaw.com

Diaspora professionnelle Grand'Anselaise


haitiGrandanse est une compagnie technologique qui a comme vecteur l'Éducation et le transfert de l'expertise de la diaspora professionnelle Grand'anselaise.

Entrevue avec Phanel Xavier, Président et fondateur de haitiGrandanse technologies et de GRADGA
Le moment apparaît aujourd’hui plus que propice pour partager avec la nation haïtienne toute entière et le département de la Grand’ Anse en particulier, une interview que nous avions eue avec Mr. Phanel Xavier, président et fondateur de deux organisations innovantes : Haitigrandanse Technologies et GRADGA dont leur objectif premier est de mettre au service de la communauté grandanselaise les ressources professionnelles grandanselaises au-delà des frontières en vue d’un développement endogène et équitable fondé sur des valeurs de justice sociale et d’intégrité professionnelle .
De nos jours, la Grand’ Anse, comme tous les autres départements du pays, est devenue un département d’émigration. Fort du contexte de la crise institutionnelle, sociale et politique et la problématique de la migration massive quotidienne des ressources professionnelles haïtiennes vers des pays étrangers dont le Canada, les États-Unis et la France, la diaspora grandanselaise s’affirme comme un réservoir inépuisable en termes de ressources humaines avec laquelle il va désormais falloir compter pour un vrai développement de la Grand’ Anse.
La reconstruction d'Haïti sans l'implication citoyenne des ressources professionnelles de la diaspora haïtienne sera une utopie. La vraie décentralisation en Haïti est avant tout locale, communale et régionale. C’est de cette façon que Haitigrandanse Technologies et GRADGA pourraient constituer un modèle de développement régional pour la nouvelle Haïti tout en évitant de tomber dans la démagogie et l’opportunisme d’une bonne partie de cette diaspora professionnelle dont les motivations profondes ne sont pas différentes de la classe politique haïtienne, souvent corrompue et minée par des luttes pour le pouvoir au détriment des intérêts de la nation haïtienne.
C’est quoi GRADGA ?
Comment pourrait-on comprendre et définir ce sigle ?

Cet acronyme GRADA désigne le nom de l’organisation : Groupe de Réflexion et d’Action pour le Développement de la Grand’ Anse. Il s’agit d’une organisation socio-professionnelle laïque, non partisane, apolitique de Réflexion et d’action pour le développement de la Grand’ Anse. L’objectif principal de GRADGA est de mettre au service de la communauté Grand’Anselaise les ressources professionnelles Grand’anselaises au-delà des frontières en vue d’un développement endogène et équitable fondé sur des valeurs de justice sociale et d’intégrité professionnelle
À quoi répond le projet de GRADGA ?

Le projet de GRADGA répond à un besoin urgent de développement social et économique de la Grand’ Anse qui fait face de plus en plus à une migration massive des ses ressources professionnelles vers l’étranger. Face à cette problématique de ressources humaines à laquelle s’ajoute une crise institutionnelle et politique sans précédent, nous ,les professionnels Grand’Anselais de la diaspora, sommes interpellés par la nécessité de faire quelque chose pour notre communauté.
Bien entendu, le développement de la Grand’ Anse sera une utopie tant aussi longtemps que ses ressources professionnelles de la diaspora ne s’impliquent activement dans la réflexion et la praxis d’une Grand’ Anse renouvelée. Il en va de notre responsabilité individuelle et collective et de notre dignité en tant que professionnels de la diaspora Grand’Anselaise de contribuer professionnellement à la reconstruction de notre département.
Les objectifs fixés par GRADGA sont-ils mesurables dans le temps ou s’inscrivent ils dans le contexte d’un développement durable à long terme seulement ?

Lorsqu’on parle de développement social et économique d’une communauté, il faut toujours penser à long terme, ce qui fait souvent défaut en Haïti où les problèmes urgents de l’immédiat nous incitent à gérer le court terme en oubliant trop vite la finalité des choses. Cette façon de faire rejoint parfaitement la pensée d'Edgar Morin qui affirme « qu'à force de sacrifier l'essentiel pour l'urgent, on finit par oublier l'urgence de l'essentiel ».

Les exigences du quotidien ne doivent pas nous faire perdre de vue de notre mission fondamentale de rebâtir notre communauté sur des bases solides de justice et d’intégrité professionnelle.
Nos objectifs s’inscrivent dans un projet citoyen de mettre à profit les ressources professionnelles Grand’Anselaises dans la reconstruction du département de la Grand’ Anse.
Promouvoir le développement de la Grand’ Anse par une approche citoyenne et intégrée de l’expertise des professionnels Grand’Anselais de partout.
Poser les jalons d'une Grand’ Anse renouvelée socialement et économiquement
GRADGA entend travailler avec les acteurs de développement dans la région et la communauté internationale en offrant son expertise professionnelle aux problèmes d’aujourd’hui et de demain.

Présentement en accord avec haitiGrandanse Technologies et l’aide internationale, nous comptons créer un centre communautaire multifonctionnel dans la région, un projet communautaire de grande envergure qui non seulement aidera « hic et nunc » la population étudiante Grand’Anselaise en favorisant la rétention de nos jeunes dans leur communauté mais aussi contribuera à l’essor social et économique de la région. Nous avons déjà soumis notre projet à CIRH dont nous attendons l’approbation.
Autour de la GRADGA, gravite HaitiGrandanse Technologies : deux projets, deux organisations semblent-ils pour un seul objectif ?

Il s’agit de deux organisations Grand’Anselaises différentes l’une de l’autre de par leur mission et leurs objectifs respectifs. HaitiGrandanse Technologies offre principalement des services technologiques à la population Grand’Anselaise mais pas exclusivement. En partenariat avec haitiGrandanse Technologies, GRADGA est une organisation socio-professionnelle Grand’Anselaise dont les objectifs visent principalement le développement social et économique de la Grand’ Anse avec la participation citoyenne des professionnels Grand’Anselais au-delà des frontières. Sans aucun doute ces deux organisations ont un objectif commun dans la mesure où toutes les deux visent une Grand’ Anse renouvelée socialement et économiquement à l’ère des nouvelles technologies de l’information et de la communication.
En quoi se ressemblent-ils et se différencient-ils ?

HaitiGrandanse Technologies et GRADGA sont deux compagnies distinctes de par leur mission et leurs services à la population grand’Anselaise. HaitiGrandanse Technologies est une compagnie technologique incorporée selon les lois canadiennes de société par actions qui offre des services technologiques aux entreprises canadiennes et Grand’Anselaises. De plus haitiGrandanse Technologies à travers son site web tend à faire connaître toutes les communes de la Grand’ Anse avec leur spécificité propre.

GRADGA est une compagnie socio-professionnelle de réflexion et d’action pour le développement de la Grand’ Anse. Tout professionnel Grand’Anselais en Haïti comme à l’étranger peut y faire partie. Ces deux compagnies bien que distinctes partagent des points communs dans la recherche des solutions pour le bien-être de la collectivité Grand’Anselaise.
Contrairement à haitiGrandanse Technologies, GRADGA ne se limite pas simplement à l’aspect technologique mais offre une perspective plus large qui consiste dans l’agir collectif des ressources professionnelles Grand’Anselaises au-delà des frontières en vue d’une Grand ‘Anse désenclavée et progressiste.
D’où vient l’idée de ces projets ? Leur mission et leur philosophie ?

De par ma formation en tant qu’informaticien et mes études supérieures en sciences politiques au Canada, j’ai toujours réfléchi sur la problématique de la migration massive des ressources professionnelles haïtiennes vers l’étranger. J’ai fondé en 2009 haitiGrandanse Technologies, une compagnie technologique avec vecteur l ‘Éducation et le transfert de ressources de la diaspora professionnelle Grand’Anselaise. C’est dans cette perspective qu’en discutant avec des professionnels de la diaspora Grand’Anselaise l’idée m'est venue de fonder GRADGA. Ce projet arrive à point nommé dans un contexte historique de l’histoire de la constitution haïtienne qui reconnaît pour la première fois la double citoyenneté.
La philosophie de GRADGA se fonde sur la raison et la participation citoyenne des professionnels Grand’Anselais au-delà des frontières dans la reconstruction d’une Grand’ Anse renouvelée.
Cette nouvelle Grand’ Anse ne se fera pas par miracles. Elle sera l’œuvre d’une communauté qui se prend en mains et se donne les moyens pour faire face aux enjeux de développement régional que sont l’agriculture, l’éducation et la santé.
Mr. Phanel, pour réaliser ces objectifs il vous faut des ressources. Pas seulement des ressources financières et matérielles mais surtout des ressources humaines. Mais comment comptez-vous les trouver et ensuite les mobiliser et les canaliser vers le rêve d’une Grand’ Anse développée et progressiste ?

Il est un fait que les ressources humaines et professionnelles Grand’Anselaises sont à 90% à l’extérieur du pays. Ce n’est pas un phénomène Grand’Anselais. La migration massive et quotidienne des haïtiens de toutes catégories vers les pays du Nord comme le Canada et les États Unis a commencé depuis le régime des Duvalier mais s’est aggravée durant les 25 dernières années avec des crises subséquentes que connaît la politique haïtienne. Pour vous donner un exemple, tous mes camarades avec qui j’ai étudié au Collège Saint Louis de Jérémie sont tous émigrés aux États Unis ou au Canada. Vous comprendrez qu’avec le séisme catastrophique du 12 janvier 2010, la situation s’est gravement empirée avec la perte en ressources humaines et le départ vers le Canada et les États unis d’une classe moyenne déjà affaiblie.
Est-ce qu’on doit perdre espoir et se dire que le mal est irréparable ? Avant même le séisme, haitiGrandanse Technologies proposait déjà le transfert de ressources professionnelles de la diaspora Grand’Anselaise. Vous conviendrez avec moi que la diaspora haïtienne a toujours joué un rôle considérable dans son apport financier à Haïti. Si La politique « envoie-moi » est utile à court terme, elle est loin d’être une option à long terme dans la mesure où elle a fait naître une mentalité haïtienne d’assistanat. Ce que nous proposons à GRADGA, c’est d’inviter la diaspora professionnelle Grand’Anselaise à se mobiliser et à innover cette fois-ci dans le transfert de ressources de son expertise professionnelle.

A l’ère des technologies de l’information et de l’information et de la mondialisation, certains professionnels Grand’Anselais sans avoir à être physiquement dans la Grand’Anse peuvent aider leur communauté respective en partageant leur expertise et leur expérience professionnelle. Par exemple, un informaticien Grand’Anselais peut offrir son expertise en technologies de l’information et de la communication à des écoles de la Grand’Anse qui ont des problèmes de ressources humaines dans ce domaine. La diaspora professionnelle Grand’Anselaise pourrait s’investir dans des projets communautaires de développement socio-économique. À travers notre site web nous avons déjà une application qui permet à plusieurs professionnels Grand’Anselais de partout de différents secteurs de s’inscrire et partager leur expertise.
Avec ces 2 projets typiquement Grandanselais, peut-on dire que la décentralisation commence dans la Grand’ Anse ?

Vous touchez un point extrêmement important ici. La décentralisation est un concept assez galvaudé depuis les 20 dernières années et c’est d’autant plus confus que les tenants de la centralisation de la république de Port-au-Prince en parlent abondamment dans des beaux discours. Tant et aussi longtemps que la décentralisation n’est pas régionale et communale, il demeurera un concept creux et vide de sens. Aujourd’hui, tout se fait dans la république de Port-au-Prince qui, il faut le reconnaître, est aux soins intensifs depuis le séisme du 12 janvier 2010. La centralisation des organisations multinationales, les ONGs et les services publics de l’État haïtien à Port-au-Prince témoignent de la contradiction entre le discours officiel et la réalité.

Aujourd’hui encore les régions se vident pour remplir les grands centres. Une ville comme Jérémie dans la Grand’Anse a déjà dépassé le double de sa capacité en termes d’habitants par mètre carré et d’infrastructures d’où la promiscuité et la misère d’une population marginale qui n’a plus de repères. La décentralisation implique des ressources et des projets de développement dans les régions. Le moment est venu pour la diaspora professionnelle Grand’Anselaise de faire preuve d’innovation et travailler ensemble avec la communauté locale dans des projets communautaires.
C’est dans cette perspective de décentralisation réelle que haitiGrandanse Technologies et GRADGA appellent à une participation citoyenne d’une communauté Grand’Anselaise désenclavée, ouverte au monde et qui prend en mains sa destinée.
Mr. Phanel, la Grand’ Anse est un milieu difficilement saisissable politiquement. Nous observons durant les 25 dernières années la politique menée dans la Grand’ Anse est sclérosée et obscurantiste. Si vous ne faites pas partie du clan au pouvoir vos projets, qu’ils soient communautaires ou pas, sont bloqués ou voués à l’échec. Comment espérez-vous faire face à cette politique locale à la fois redoutable et démobilisatrice ?

Comme vous pouvez le constater, la Grand’ Anse est assez rétrograde politiquement. Je crois que cet obscurantisme dont vous avez fait mention est caractéristique d’un mal profond qui a commencé en 1963 avec le massacre des bâtisseurs de la Grand’ Anse par les tontons macoutes des Duvalier qui eux-mêmes étaient Grand’Anselais. On ne peut pas comprendre la Grand’ Anse d’aujourd’hui sans connaître ce passé obscurantiste et la lâcheté des Jérémiens d’hier et d’aujourd’hui.

J’avoue que ce n’est pas facile de parler de développement dans la Grand’Anse quand on sait que les politiciens Grand’Anselais d’aujourd’hui ne sont pas différents de ceux d’hier et une société civile silencieuse et complice de son sort.
Je suis retourné en Haïti à plusieurs occasions et j’ai pu constater le défaitisme d’une population qui attend malheureusement un sauveur.
Cette mentalité de « papadocratie » s’est maintenue à travers tous les gouvernements haïtiens corrompus qui se succèdent.

Personne ne peut ne nous jeter la pierre d’avoir, au-delà des divisons d’une Grand’ Anse enclavée, innové dans des projets de nature technologique et socioprofessionnelle pour le bien-être de la collectivité Grand’Anselaise.
À GRADGA, nous rejetons toute forme de messianisme politique et nous nous engageons à travailler avec les hommes et les femmes Grand’Anselais de bonne volonté qui veulent faire une différence. Nous sommes une organisation non partisane qui a pour but de proposer une alternative, une façon autre de faire la politique au sens de la « res publica ». La pire des défaites est souvent ce qu’on s’inflige soi-même. Si nous ne faisons rien, nous ne pouvons pas espérer que les choses vont changer par elles-mêmes. Quand une communauté se tient debout, tout est possible. C’est dans cette optique de l’auto-responsabilité citoyenne que GRADGA invite chaque Grand’Anselais dans son champ d’activités à réfléchir et agir sur des projets de développement social et économique de la Grand’Anse.
Enfin le dernier mot, Mr. Phanel

Aux professionnels Grand’Anselais qui s’interrogent sur la problématique d’une Grand’Anse renouvelée, je leur invite à se joindre à nous et innover avec nous dans le transfert de nos ressources et compétences professionnelles. À GRADGA, il n’y a pas de petites professions. Que vous soyez mécanicien, charpentier, préposé aux bénéficiaires, infirmiers, travailleur social, secrétaire administratif, médecin, avocat, juriste, ingénieur informatique, entrepreneur… etc vous pouvez faire une différence.
Vous n’avez pas besoin d’avoir une position politique pour aider votre communauté. L’histoire de la politique haïtienne le démontre d’une évidence déconcertante. Si vous ne pouvez faire la différence par votre profession, votre savoir-faire, vous serez bien mal placé de le faire autrement.
Le développement de la Grand’Anse doit passer inévitablement par la prise de conscience et l’auto-responsabilité citoyenne de tous et chacun dans ses sphères d’activités. J’espère que notre concept de transfert de ressources Grand’Anselaises sera un point départ au développement social, économique et politique du département de la Grand’Anse et un modèle de développement de Haiti.
La Grand’Anse de demain sera ce que les Grand’Anselais et Grand’Anselaises de partout font et ne feront pas.
Je voudrais terminer avec une citation de Albert Einstein qui illustre bien la philosophie de GRADGA et de haitiGrandanse : « Le monde est dangereux non pas tant à cause de ceux qui font le mal mais à cause de ceux qui laissent et regardent faire »
Interview réalisée par
Rosny Saint-Louis Ma. DIDH, av.
Jérémie Grand’Anse
stlouisrosny@yahoo.com


Rubrique: Culture
Auteur: Phanel Xavier | phanelx@hotmail.com
Date: 27 Juin 2011
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