La Côte-D’ivoire et ses mauvais Princesde Moussa Youssouf Maiga| JobPaw.com

La Côte-D’ivoire et ses mauvais Princes


Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara sont devenus par leurs diverses actions guerrières des criminels de guerre. La passion du pouvoir les a aveuglés au détriment du sort de leurs populations. La possession du pouvoir du pouvoir, les a rendus irraisonables. La France doit réussir dans cette guerre, au risque de n'être plus crédible aux yeux des Etats africains. Trop d'armes circulent, il y a danger à l'horizon même pour les Etats sans conflit interne.
Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara sont-ils devenus de mauvais Princes selon la démocratie et les droits de l’homme ?
Quand la conquête du pouvoir fait fi des droits de l’homme et de l’éthique de la guerre.
Aussi longtemps que les savants africains n’élaborent pas un véritable code de bon gouvernement aux dirigeants et futurs dirigeants africains, il y aura toujours l’éternel recommencement des choses, la permanence de la violence et l’usage des armes contre le peuple souverain, incarnation de la vraie la volonté générale. La démocratie en Afrique, c’est déplorable de le notifier, produit des dirigeants atroces qui tuent leur peuple sans aucun état d’âme.
D’un point de vue de l’histoire des idées politique, il clair que la praxis politique en Afrique, ébranle les théories politiques sur la gestion de l’Etat, et sa conservation.
Relativement au conflit ivoiro-ivoirien, nous pensons que c’est l’Anglais Thomas Hobbes qui est le mieux indiqué pour caractériser les dirigeants politiques africains, Kadhafi, en Libye, et les deux Princes ivoiriens : Laurent Gbagbo er Alassane Ouattara. L’homme politique africain est devenu un loup pour l’homme.
A la lumière des massacres quotidiens dans les deux camps, nous avons les signes les plus évidents, qu’il y a mépris de la vie, violation du droit humanitaire, et l’Ethique de la guerre. Les faits montrent bien, qu’il y a nécessité de réapprendre à l’homme politique, aux Princes qui nous gouvernent, à bien gouverner démocratiquement, comme des bons Princes.
C’est un truisme de le dire, la conquête du pouvoir rend certains esprits sourds aux discours et au respect des droits de l’homme. On ne change pas la nature de l’homme faite de désirs et de passions. Les princes Laurent et Ouattara, ne voient plus choses à l’aune de notre réalité. Ils sont obnubilés par la passion du pouvoir. Il n’est pas inutile de faire voir les nuisances de cette passion dans l’âme de ces deux dirigeants. Car à la va-vite d’aucuns pensent dissertés sur ce qui se passe, sans toucher du doigt leur état passionnel.
Dans l’état de passion, en l’occurrence dans le cadre de la passion du pouvoir, l’individu est complètement métamorphosé, aliéné. En tant que sentiment qui circule dans tout le corps de l’individu comme des esprits animaux selon Descartes, la passion s’empare de tout l’esprit de l’individu qui subit la passion. Dans le cas des deux Princes, nous avons les deux cas de figures : une passion que l’on subit_ du grec pathos_, et l’autre que l’individu maîtrise ferme, la passion comme moteur de l’action. Dans cette optique, la passion, en tant qu’énergie est orientée exclusivement vers la réalisation d’une fin déterminée. Ce type de passion est dévastateur comme en témoigne l’obsession de Laurent Gbagbo plus spécifiquement, et celle de Kadhafi. C’est cette passion du pouvoir qui les agite, qui les détermine à aller jusqu’à l’ultime sacrifice.
Il est alors difficile dans de telles conditions de faire entendre raison à nos deux supers Princes, qui ne se soucient pas de la misère de leur peuple, ni de la descente aux enfers dans laquelle ils ont entraîné un si grand pays, a fortiori des conventions de Genève sur le droit de la guerre.
Le défunt président Houphouët Boigny, lui était plus sage, et nonobstant sa pseudo monarchie, était demeuré aux yeux des ivoiriens comme un Prince rassembleur, et soucieux de l’intérêt du pays. Dans une formule de Philodème de Gadara, feu Houphouët Boigny, fut un « bon roi », et méritait le titre de « bon roi ».
Lorsque le « bon roi » Houphouët a œuvré toute sa vie à construire la Côte-D’ivoire, et à faire sa prospérité, il se trouve que d’autres moins sages, par leurs différends, et leurs intérêts égoïstes, sapent tout le système. La guerre interne, fait des massacres de population, ils ne s’inquiètent pas outre mesure de cette nouvelle culture du pouvoir par les armes qu’ils ont concouru à fonder. La démocratie et les armes, contre les droits de l’homme, contre les textes internationaux.
Notre préoccupation est sans ambages : trop d’armes circulent aujourd’hui en Côte-D’ivoire, au Libéria, en Libye, au Tchad, au nord du Niger et du Mali. Cette nouvelle situation doit inquiéter fortement les dirigeants actuels et ceux qui vont sortir des urnes. Les démocraties africaines sont assises sur des volcans criminels. La force des armes risquent de nuire à l’essence de la vraie démocratie qui est lutte sur la base du discours, et des programmes, et non plus la loi du plus fort. En Afrique, force est de le constater, nous sommes aux antipodes, de la démocratie comme souveraineté du peuple. Le peuple n’est rien du tout, juste un marché électoral, et aujourd’hui une bête sur laquelle on ouvre le feu comme sur un sanglier.
Au temps d’Alexandre le Grand et de Philippe II de Macédoine on peut bien comprendre cette loi de la lance, de la conquête, qui légitime la possession du pouvoir. A la suite d’Alexandre le Grand, ses diadoques (ses successeurs) ont poursuivi cette forme de conquête du pouvoir par les armes. Mais l’Afrique n’est pas la Grèce du IIIe siècle, elle a tellement subi de souffrances coloniales, qu’elle ne peut pas s’accommoder de Princes sanguinaires, et de tyrans qui sont revêches au changement démocratie, revêches à la concrétion des droits de l’homme.
La Côte-D’ivoire qui fut jadis la terre d’hospitalité, un modèle de prospérité pour les africains, est en train d’exposer honteuse la plus cruelle, celle de la tuerie de l’homme par l’homme : le massacre d’innocentes population. L’instrumentalisation du pouvoir et des moyens de l’Etat à des fins de destructions des populations, est contraire à l’éthique de la guerre. Au nom des droits de l’homme, et du droit humanitaire, Laurent Gbagbo et Alassane sont devenus par leurs diverses actions guerrières tout bonnement des « criminels des guerres ».
Nonobstant le fait qu’Alassane Ouattara soit reconnu comme le président légitime par les urnes et la communauté internationales, ses partisans aussi commettent des massacres, et à ce titre sont logés à la même enseigne que ceux de Gbagbo : des criminels de guerre. Pourquoi ? Leurs partisans ne sont éduqués aux droits de l’homme, ni aux conventions de Genève. Dans les images que nous produisent les médias, un seul geste revient : une main qui fait un arc de cercle, pour signer : nous, on est là pour tuer, tel qu’on nous l’a commandé.
A l’évidence, l’intérêt supérieur de la nation n’a pas permis de faire la paix des braves. En opérant le blocus de la résidence de Gbagbo avec des soldats pas trop aguerris, Alassane Ouattara ne commet-il pas l’erreur que recherchait justement le rusé Gbagbo ? Gagner du temps, aggraver et pourrir la situation, pour qu’enfin, les esprits las de la guerre forcent Ouattara à négocier un arrangement avec lui.
L’objectif en dernière instance de Laurent Gbagbo, est le repartage du pouvoir, mieux faire la paix et la réconciliation. Cette façon de gouverner la Côte-D’ivoire si d’aventure elle se concrétise, serait l’excellente preuve que les princes ne se soucient pas du peuple, ni de la démocratie, mais de leurs intérêts personnels. On peut s’attendre en effet si les massacres se poursuivent, à un passage de la légitimité du pouvoir par la force.
La seule voie de sortie, est que la France arrête de jouer « oui et non ». Quand on s’engage, on en ne recule plus, on assume les conséquences jusqu’à la fin par-delà le bien et le mal comme dirait Nietzsche. Nous savons comment l’affaire de la Somalie a été réglée et bâclée au temps de Siad Barré pour cause de non engagement ferme de la France, des américains, et de la communauté internationale. Si jamais la France se retire comme il est de ses habitudes, la Côte-D’ivoire va répéter le schéma somalien : guerre des gangs, criminalité, somalisation.
A l’allure où les choses se présentent tout permet d’asserter nos hypothèses. Nous ne sommes pas loin du schéma somalien. Mais, encore une fois, tout dépends de la réaction de la France, via les forces militaires présentes en Côte-D’ivoire. Il y a maintenant deux fronts que la France gère, il y a nécessité et urgence qu’un des fronts trouve impérativement réponse, avant qu’elle ne s’enlise des deux côtés.
Suite : Côte-D’ivoire : le désir conscient et inconscient du Dictateur ?
Youssouf Maiga Moussa
youssmaiga@yahoo.fr

Clermont-Ferrand

Rubrique: Culture
Auteur: Moussa Youssouf Maiga | youssmaiga@yahoo.fr
Date: 9 Avril 2011
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