Bien choisir pour le bien-être de la collectivitéde Ronald Estrade| JobPaw.com

Bien choisir pour le bien-être de la collectivité


Il est un fait acquis que l’haïtien réussit individuellement très bien mais c’est collectivement qu'il n'arrive pas à laisser sa marque. Pour corriger cette constatation, au début, nous pouvons financer un projet pour améliorer le bien-être de deux ou trois personnes et après nous en ferons un autre plus grand. Si nous voulons qu’on cesse de nous étiqueter de l’épithète «du pays le plus pauvre du continent», il va falloir faire un effort pour améliorer le sort de la collectivité. Comme chez nous il manque de tout, point n’est besoin d’être un génie créateur pour préparer un projet novateur. À l'occasion du mois de l'histoire des noirs, nous pouvons commencer par l'implantation d'un jardin communautaire, le forage d’un puits, le recyclage des déchets ou le compostage, l’industrialisation d’une pratique désuète etc. Car s’il nous est permit de choisir, nous devons nous préparer à subir les conséquences de nos actes mais surtout de nos inactions.
Dans une correspondance adressée à une collègue de la Belgique, je disais qu'il faut trouver le moyen d'être heureux pour ne pas s'enregistrer à la déprime collective qu'engendre l'hiver. Bien qu'au Québec, l'hiver soit un peu long, il est paradoxal de constater que le mois de février soit le plus court de l'année et le plus difficile à traverser. Mais c'est également le mois de l'histoire des noirs. Dire qu'on pensait qu'ils aimaient la chaleur. Quand on est un noir, parler globalement de sa race est assez spécial. Au moins on ne pourra pas me taxer de raciste. Depuis mon arrivé au Québec, ne pouvant pas me battre contre le froid, je me suis dit qu'autant m'en faire un allié, au moins durant ma période de travail actif. C’est pourquoi, j'affiche carrément ma joie de vivre quand vient les périodes de grand froid ou quand il faut pelleter la neige que le ciel clément a bien voulu nous envoyer gracieusement. Cette attitude vis-à-vis de la température m'attire bien des ennuis que ce soit chez des voisins qui me trouvent trop zélé ou de mes élèves qui ne comprennent pas que je veuille respecter les normes d'habillement malgré le froid ambiant. Au fait j'ai de la difficulté à comprendre que des jeunes de moins de 20 ans soient plus frileux que moi qui viens des îles chaudes des Antilles. Car en Haïti, c'est la chaleur torride durant les mois de juillet à septembre où les températures peuvent dépasser 33° C. Par exemple, la température de Port-au-Prince, situé à 37 mètres au-dessus du niveau de la mer, est au maximum 37,8° C et son minimum est de 15,2° C (Métellus, 2003). Comme l’ex perle des Antilles possède de nombreux sommets montagneux où la température est plus fraîche (comme à Seguin dans le massif de la Selle où la température moyenne est de 12,5 °C (Ibid.)), les haïtiens apprécient une température clémente.

Ma salle de cours à Longueuil, n'est pas bien desservie au niveau du chauffage et mes élèves s'imaginent qu'ils peuvent garder leur manteau. Mais je suis là et je veille au respect des normes de l'école et du milieu de travail: l'uniforme en tout temps. Vous pouvez me trouver impitoyable mais si malgré mes 49 ans, je suis en t-shirt, les élèves plus jeunes peuvent le faire eux aussi. N'est-ce pas un moyen de défendre le bien être de la collectivité. Le métier d'enseignant a la particularité de nous obliger à penser aux autres et spécialement aux élèves dans la gestion de mes activités quotidiennes. Mais dans mes temps libres, j'aime discuter avec mes amis de la manière de changer le monde et particulièrement mon pays natal. Ces derniers temps, parler d’Haïti est devenu un tabou. Si ce nom jadis était associé à la fierté et à la liberté (Brière, J-F. 2008). De nos jours, il est devenu synonyme de calamité, de malheur ou de pitié même dans la bouche des fils du pays (RFI, 2010). Pourtant il est encore possible de changer cette réalité et de provoquer un changement majeur. Comme nous avons un problème de mentalité qui favorise un «individualisme capitaliste» à outrance (Clitandre, 2008), je pensais qu’une catastrophe de grande envergure nous réveillerait et nous conscientiserait face aux besoins de la collectivité. Toutefois, il y a eu un tremblement de terre mais rien a changé, il y a eu des cyclones et le choléra. Mais malgré toutes ces calamités, les choses ne changent pas et cela commence à taper sur les nerfs de plus d’un (Roberson, 2011).

Pourtant, nous pouvons choisir de faire quelque chose à notre mesure. C’est certain que plusieurs se sont mis ensembles pour préparer des projets qui attendent d’avoir le financement de la Commission Intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH). Je fais partie du nombre de ceux qui l’on fait, mais nous sommes également conscients que cela prendra un temps fou pour l’étude des dossiers et la réception d’une rétroaction de ce groupe d’individus aux horizons si divers. Mais en attendant, chacun peut choisir et dessiner son avenir ou l’avenir de son pays.

Il est un fait acquis que l’haïtien réussit individuellement très bien mais c’est collectivement qu'il n'arrive pas à laisser sa marque. Pour corriger cette constatation, au début, nous pouvons financer un projet pour améliorer le bien-être de deux ou trois personnes et après nous en ferons un autre plus grand. Si nous voulons qu’on cesse de nous étiqueter de l’épithète «du pays le plus pauvre du continent», il va falloir faire un effort pour améliorer le sort de la collectivité. Comme chez nous il manque de tout, point n’est besoin d’être un génie créateur pour préparer un projet novateur. À l'occasion du mois de l'histoire des noirs, nous pouvons commencer par l'implantation d'un jardin communautaire, le forage d’un puits, le recyclage des déchets ou le compostage, l’industrialisation d’une pratique désuète etc. Car s’il nous est permit de choisir, nous devons nous préparer à subir les conséquences de nos actes mais surtout de nos inactions. Nous pouvons discourir sur la politique haïtienne, nous pouvons nous plaindre sur l’occupation militaire actuelle d'Haïti ou du fait que les grandes puissances dictent à nos politiciens qui ne prennent aucune initiative leurs moindres mouvements. Mais comme haïtien, nous pouvons choisir d’être un vecteur de changement pour le développement de notre pays natal et améliorer du même coup, le bien-être de la population locale en général.


Bibliographie

Brière, J-F. (2008). Haïti et la France, 1804-1848 : Le rêve brisé. Éditeur : Karthala.

Clitandre, P. (2008). Haïti: Contrer les archaïsmes de la mentalité. Le Nouvelliste, http://www.lenouvelliste.com/ (page consultée le 22 octobre 2008).

Métellus, J. (2003). Haïti : une nation pathétique. Paris : Éditions Maisonneuve et Larose.

Roberson A. (2011). Hillary Clinton : les États-Unis n'envisagent pas de couper leur aide à Haïti.
Le Nouvelliste, http://www.lenouvelliste.com/ (page consultée le 30 janvier 2011).

RFI (2010). Une nouvelle calamité menace Haïti : le cyclone Thomas approche.
http://www.rfi.fr/ameriques/20101103 (Page consultée le 3 novembre 2010).

À bientôt,

Rubrique: Divers
Auteur: Ronald Estrade | restrade@hotmail.com
Date: 1 Fév 2011
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