Le VIH/SIDA, une maladie de comportement?de Viker Louis| JobPaw.com

Le VIH/SIDA, une maladie de comportement?


Des controverses se dressent autour de la question du VIH/SIDA comme etant ou non une maladie du comportement. Cet article presente un point de vue avise autour de la question...
Le VIH/SIDA, Une Maladie de Comportement ?

Trop longtemps des controverses se dressent autour de cette question aussi importante que délicate qui mérite un point de vue avisé qui ne relève que de l’ordre de l’opinion mais plutôt d’une réflexion assez soutenue à la dimension des sciences médicales ou des sciences humaines plus particulièrement la psychologie.

En effet, un certain nombre de personnes disent que le VIH/SIDA est une maladie de comportement, d’autres pensent le contraire. Nous nous sommes souvent été obligés de faire le point autour de la question à des groupes de jeunes qui ont reçu des formations d’horizon différente, où ils ont appris l’une ou l’autre de ces hypothèses dans la plupart des séances d’apprentissage.

Subséquemment, on a compris, d’un coté le souci de former les jeunes contre la transmission éventuelle du VIH/SIDA et des dégâts qu’il peut causer dans l’organisme après en avoir été infecté; et de l’autre le même souci, associée d’une certaine prudence aux fins d’éviter de stigmatiser les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Toujours est-il que dans ce dernier cas l’information fournie et qui malheureusement continue d’être véhiculée semble être un peu erronée, dans la mesure où elle tente d’établir d’une part, une corrélation illusoire entre le VIH et le mauvais comportement, et d’autre part donner une connotation négative au concept comportement.

Qu’il soit bien compris, lorsque nous parlons du VIH/SIDA comme étant une maladie du comportement, le concept ne s’inscrit pas dans un registre négatif pouvant jusqu’à conduire à la stigmatisation des personnes infectées par le virus, le faisant, d’ailleurs, consisterait à saper les fondements de la psychologie en tant que science du comportement, voire nous vilipender en tant que praticien. Alors, il convient de faire ressortir le lien existant entre les différentes phases de la maladie et le comportement dont nous proposons d’en rappeler la définition.

Le comportement « Activité d’un organisme en interaction avec son environnement », le terme a été mis en honneur au début du 20e siècle par H. Piéron en France et par J.B. Watson aux Etats-Unis, le concept est historiquement redéfinit comme l’objet même de la psychologie que proposait le Behaviorisme (M. Richelle, dans Dictionnaire de Psychologie, Roland Doron et Françoise Parot, 2e édition déc. 1998, PUF). Le behaviorisme est en effet une approche psychologique qui se propose d’étudier le comportement de l’individu en tenir compte des circonstances et du contexte physique dans lequel il évolue (Spencer A. Rathus, Psychologie Générale, édition HRW Itée, Montréral 1985). Et si l’on doit tenir compte des autres approches telles : biologique, cognitive et psychanalytique, qui elles, cherchent à expliquer le comportement de l’individu en explorant l’intérieur. Une étude transversale de tous les courants, commençant par la sociobiologie, passant par les travaux de W. Wundt à travers l’introspection, le structuralisme comme première école de psychologie, le fonctionnalisme de William James, la psychologie gestaltiste de Kurt Koffka, la psychanalyse de Freud pour arriver jusqu’à John Broadus Watson avec le behaviorisme où l’accent a été surtout mis sur les expériences de Ivan Pavlov et B. F. Skiner. Il n’a nullement été mentionné que le concept comportement n’était que de connotation négative. En témoigne ce fragment de texte du livre de Rathus précité pour expliquer les travaux de Watson « Si vous récompensez systématiquement un rat en le nourrissant chaque fois que, devant un choix, il vire à droite dans un labyrinthe, celui-ci apprendra à tourner à droite surtout s’il a longtemps été privé de nourriture. Mais que peut bien penser notre rat lors de cet apprentissage ? Hmm, la dernière fois que je me suis trouvé dans cette situation, j’ai tourné à droite et j’ai reçu de la nourriture. Si je faisais la même chose ! » Le rat n’a-t-il pas adopté un comportement ? Est-ce mauvais ?

Le comportement est en effet présent dans toutes les phases de la maladie, avant l’infection, durant la primo infection, la prise en charge et sans oublier les effets néfastes de la stigmatisation, tant celle appréhendée que celle effectivement subie.

Avant l’infection, mis à part les cas d’accidents, de violence ou d’abus sexuel, l’individu qui contracte le VIH/SIDA, le contracte soit par naïveté, passion de jeunesse, abus de l’alcool et/ou de la drogue, sans oublier le poids des tabous. Il importe de souligner que l’idée n’est pas de blâmer, encore moins d’en juger, mais plutôt faire ressortir que dans chacun de ces cas, il s’agit de l’adoption d’un comportement. Qu’il soit bon ou mauvais, ou ni l’un ni l’autre, les psychologues ne jugent jamais.

Après l’infection ou la primo-infection symptomatique surviennent les premiers symptômes comme manifestation clinique le plus souvent un syndrome pseudo grippal apparait où la fièvre est présente dans 90 % des cas (VIH, édition 2004, P.-M. Girard, Ch. Katlama G. Pialoux, 6e édition Doin). Et voici un autre facteur se mêle de la partie, rare sont les personnes qui fréquentent un médecin à la simple apparition d’une grippe ou d’une petite fièvre. Généralement dans le cas de la primo infection, ça passe même sans l’aide d’un médecin. On comprend alors que la personne n’a pas été dépistée dans un temps raisonnable lui permettant de connaitre son statut sérologique et par conséquent, on est incapable de protéger aucun partenaire naïf contre une éventuelle infection.

La personne infectée, une fois, au courant de sa séropositivité, où la prise en charge commence, pour vivre longtemps et bien doit adopter un mode de vie beaucoup plus discipliné qu’avant :
- dormir le plus que possible durant la nuit, puisque le sommeil a toujours été considéré comme un grand récupérateur d’énergie,
- respecter scrupuleusement les rendez-vous cliniques aux fins de contrôle prompt et efficace,
- prendre religieusement ses médicaments en vue d’éviter la création de souches résistantes dues à une mauvaise adhérence au traitement antirétroviral,
- ne jamais entrer en relation sexuelle sans l’utilisation d’un préservatif, ce pour ne pas augmenter sa charge virale et pour ne pas non plus en rajouter d’autres infections sexuellement transmissibles qui pourraient entraver la progression du traitement
- éviter de consommer de l’alcool, de la drogue, de fumer pour mieux faciliter les réponses immunitaires,
- ne pas utiliser ou prendre des médicaments non prescrits par le médecin traitant ou des dosages à base naturelle (thé, bouteille, etc.) fournis par les médecins traditionnels, ce pour éviter les concomitances médicamenteuses.
Nous admettons tous que ces points requièrent un comportement responsable pour la réussite d’une prise en charge effective et efficace.

La stigmatisation pour sa part, considérée comme un stimulus négatif constitue à elle seule, l’un des plus grands obstacles dans la lutte contre l’infection et la propagation du VIH/SIDA, mais aussi l’une des causes principales amenant les personnes infectées à adopter des comportements suicidaires. Certaines gens refusent de se faire dépister sachant qu’elles risquent d’être rejetées, avilies, humiliées, bref victimes de stigmatisation auprès de leur proche et autres personnes de leur entourage fonctionnel. D’autres, malgré eux, acceptent de se faire dépister, après un diagnostic confirmant leur séropositivité, se replient sur eux-mêmes en adoptant la culture du secret pour éviter d’être la proie réelle d’une humiliation à cause de la maladie (auto stigmatisation) ou se cantonnent seulement dans un rôle de malade en se conformant à l’image stéréotypée, dans laquelle on les inscrit après avoir été blâmés par leur entourage. Qu’il s’agisse de stigmatisation appréhendée ou effectivement subi, des conduites suicidaires comme le refus de visiter un prestataire de soin, de prendre ses médicaments peuvent s’en suivent. Sans en chercher les causes, ne s’agit-il pas du comportement ? Et s’il faille en chercher, ne peut on pas l’associer au comportement de certaines personnes de la société qui stigmatisent à tort et à travers les personnes infectées ?

Viker LOUIS
Psychologue, SAC.Dip.

Rubrique: Divers
Auteur: Viker Louis | louisviker@yahoo.fr
Date: 1 Dec 2009
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